J’aimais me promener avec toi.
Comme tu allais doucement avec ta canne, nous avions le temps
d’écouter les oiseaux s’appeler et se répondre de bleu en bleu dans le soir,
de voir arriver le murmure du vent sur nos visages,
d’entendre craquer les grains du sentier,
de sentir voguer les parfums portés par les feux follets des feuillages…
Ce qui restait du jour était à nous.
Les conversations se faisaient plus lentes, plus profondes.
On descendait avec confiance dans un mot comme dans le silence de la terre
pour en remonter une lueur, une flamme.
Alors toute la phrase s’éclairait soudain, illuminant par miracle, par magie divine,
des moments de nos existences où nous avions vainement cherché un signe.
Et même si, très souvent, nous n’avions pas de solution à un problème,
ensemble nous le comprenions, nous cheminions à travers lui plus sereinement
et n’était-ce pas là, l’Essentiel ?
J’aimais me promener avec toi,
aller au rythme de ta canne qui martelait tes pas
et quand il était l’heure de rentrer à la maison puis de fermer la porte de nos chambres secrètes pour la nuit,
il semblait à chacune
qu’elle s’était promenée dans l’âme de l’autre.
Géraldine Andrée
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