Publié dans Berthe mon amie, C'est la Vie !, Ce chemin de Toi à Moi, Mon aïeule, mon amie

Les printemps de Montmorency

Tu as vécu quatre printemps sous l’Occupation, à Montmorency.

Quatre printemps qui te faisaient prendre conscience du temps que durait ton exil mais qui adoucissaient ce dernier.

Un matin, par surprise, le temps apportait le présent des beaux jours.

Tu sentais en ouvrant les fenêtres des chambres la légèreté de l’air et l’amplitude de la lumière.

Mais dans ta maison, c’était toujours l’âpre hiver aux draps mouillés et aux tapisseries suintantes.

Alors, tu confiais tes enfants à Grand-Père et tu partais faire une promenade dans le parc de Montmorency pour te réchauffer.

Déjà, les premiers bourgeons éclataient. Des chants d’oiseaux formaient autour des cimes un collier dont tu entendais les perles tinter, remuées par la brise.

Un anneau d’or s’élargissait dans le ciel : c’était le soleil qui faisait sa promesse.

Le carillon de Serqueux égrenait dix notes claires qui vibraient dans l’air comme à travers du mince verre.

Un souffle qui venait de plus loin qu’Offremont annonçait les premiers parfums des plantes qui préparaient secrètement leur épanouissement.

Certes, le col autour de ta gorge n’était pas de trop mais la perspective des promenades douces dans le bleu futur du soir de la Saint Jean te réchauffait.

Bien sûr, toi et tes proches auriez encore le ventre creux… Tu avais néanmoins l’espoir que les blés donneraient à ton foyer un pain plus tendre et qu’il y aurait quelques légumes supplémentaires pour la soupe, en échange des tickets de rationnement car on disait à la radio clandestine que l’ennemi cédait chaque jour du terrain.

Les printemps sous l’Occupation à Montmorency étaient aussi beaux que les printemps libres de jadis : le même feuillage qui change de reflet lorsqu’il se balance, la même herbe au vert nouveau, les mêmes trilles d’oiseaux.

La nature ne fait guère de différence entre le malheur et le bonheur humains. En elle demeure inscrit le fidèle retour à l’abondance.

Cela fait longtemps que tu es rentrée dans ton éternel printemps.

Parfois, en rêve, tu m’envoies des messages à vol d’oiseau d’un grand jardin.

Et avant que je n’aie le temps de les décacheter – et de me réveiller -,

j’en lis la provenance écrite d’une main vive :

le Jardin d’Amorency

où tu me donnes rendez-vous

lorsque j’aurai honoré

ma grande promesse de vie.

Géraldine Andrée

De Toi à Moi

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Liste de livres envoyée à une amie dans l’épreuve

Chère amie,

Je t’envoie une image du Jardin,

d’un coin secret de lecture sous les feuilles,

traversé par la lumière,

à fleur d’eau,

tout bruissant d’herbes et de silences

pour un rêve lors des temps difficiles.

 

Je t’envoie aussi, comme promis, ma liste de livres de Vie. Elle n’est pas par ordre alphabétique mais par ordre du coeur :

Sur le lien entre l’homme et l’animal :

20 ans avec mon chat de Inaba MAYUMI, éditions Philippe Picquier

Sur l’expérience de la vie après la mort (NDE, EMI) :

La Traversée de Philippe Labro, collection Folio

Sur la guérison de la dépression :

Tomber sept fois, se relever huit de Philippe Labro, collection Folio

Sur la survie dans les camps de déportation et les prisons :

Une Vie bouleversée d’Etty Hillesum, éditions Point

Rosa, la Vie ; lettres de Rosa Luxemburg en prison ; les éditions de l’Atelier

Journal d’Anne Frank ; collection Le Livre de poche

Sur la résilience et la reconstruction après des drames familiaux : 

Jean-Louis Fournier

Où on va, Papa ?

Il n’a jamais tué personne, mon papa

Ma mère du Nord

La Servante du Seigneur

Veuf

Collection Le Livre de poche

Sur la résilience après une tentative de suicide ; admirable livre :

La peine d’être vécue de Priscilla Deborah, collection Le Livre de poche

Sur le cancer du sein :

L’usage de la photo d’Annie Ernaux ; collections Folio ou Le Livre de poche

Mes petites machines à vivre de Maryse Vaillant, éditions Marabout

Voir les lilas refleurir de Maryse Vaillant, éditions Albin Michel

Une année singulière avec mon cancer du sein de Maryse Vaillant, éditions Albin Michel

Sur la psychanalyse, la maladie et le rapport mère/fille :

Les mots pour le dire de Marie Cardinal ; collection Le Livre de poche

Sur la condition féminine :

Une Vie de Guy de Maupassant, collection le Livre de poche

La Mère de Pearl Buck, collection Le Livre de poche

La Terrasse des Bernardini de Suzanne Prou, collection Le Livre de poche

Rebecca de Daphné du Maurier, collection Le Livre de poche

Sur la contemplation de l’instant présent :

Journal de Katherine Mansfield, collection Folio

La Grande Vie de Christian Bobin, collection Gallimard

Un trottoir au soleil de Philippe Delerm, collection Le Livre de poche / Gallimard

car la littérature est « un miroir que l’on promène le long de son chemin » (Stendhal).

Géraldine Andrée