Je t’ai retrouvée en songe, Marie, près du buffet de chêne brun.
Tu y posais une corbeille de fruits frais, un bouquet de serpolet cueilli dans le jardin là, tout près.
Puis, tu ouvrais ses grandes portes et tu sortais pour le thé de cinq heures, les tasses de faïence bleue dans lesquelles danserait comme suspendue dans un nuage d’or une goutte de lait.
Et moi, j’étais vêtue de la robe fleurie de mon enfance d’où s’évasait un jupon de dentelle.
C’était un temps si ancien et pourtant si présent
qu’il s’est confondu un instant avec le temps de mon réveil.
Je t’ai retrouvée, Marie, m’attendant près du buffet de chêne brun
pour m’emmener plus loin dans ta demeure
au coeur de laquelle tu ouvrais désormais sans peur
les grandes portes de ton coeur.
Géraldine Andrée