
Si présente est ton absence
Je ne cesse de t’entendre
comme à travers un drap
et de te voir
comme dans un lac
Tu me souris
et il n’y a que moi pour te répondre
Ensemble
nous sommes seuls au monde
et cela m’est suffisant
Le temps a le mérite
de ne plus te faire vieillir
Tu es vêtu de ton éternel
manteau rouge
et de ton pantalon de velours
Les mains dans les poches
tu te tiens
un peu voûté
à l’embrasure
de la porte
Tu n’entreras pas
même si ta chaise
est libre
car plus personne
ne t’attend
Tu habites l’espace
à la manière d’un songe
et pourtant
je retrouve
ton grain de beauté
incarnat
au bord
de la bouche
Tu t’es incarné
dans ta mort
et qu’importe
que plus rien
de toi
ne se retienne
ni ne se touche
pas un doigt
pas un morceau de vêtement
pas un cheveu
qui frise encore sur ta tempe
tu es là
Elle est à jamais
si intense
ta présence
Tu vis
davantage
pour moi
que tous les vivants
réunis
et le silence
porte
ta voix
jusqu’à ma chambre
au-dessus
des éclats
de rire
d’en-bas
Géraldine Andrée