Publié dans Mon aïeule, mon amie

Le village natal

Tu es partie de bon matin…

Tu as pris le bus avec les autres et tu es revenue à ton village natal,

Chaudeney que je ne peux m’empêcher de faire rimer dans le silence de mes pensées avec l’adjectif « née ».

Tu as retrouvé la place avec la fontaine claire, les bancs sous les marronniers, l’église où tu as été baptisée…

Pendant un instant, tu as cru voir la jeune Jeanne sur sa bicyclette fendre les rues comme un rayon de soleil transporté par la brise.

Le clocher a sonné midi.

Ce n’était pas l’heure de la sortie de l’école. Cela ne le serait plus jamais dans cette vie-ci.

Et pourtant, les notes du carillon ont cogné contre ton coeur comme des cailloux lancées par des chenapans qui se font la course.

Tu me dis dans un bref battement de cils :

« Tout est là.

La vie. L’enfance. Tout ça.

Moi seule je passe.

C’est moi qui ne dure pas. »

Géraldine Andrée