L’une de mes tantes souffrait du syndrome de Diogène, une maladie psychologique qui consiste à accumuler sans cesse des objets.
Cette tante déterrait des plantes dans les jardins publics pour les replanter chez elle.
Aujourd’hui, les branches sont sèches, cassées, piquantes.
Les arbustes se dressent, hirsutes.
Les herbes jaunes s’emmêlent.
Les pots sont fendus.
La terre craquelle.
On ne trouve pas une feuille vive.
Même les insectes ont fui.
Ma tante ne s’occupe plus de ce jardin volé.
Forcément, elle est morte.
Si elle avait laissé les plantes
dans la bonne terre fraîche
où elles appartenaient,
où elles étaient nées,
celles-ci continueraient à grandir,
à fleurir,
à monter dans la lumière,
à attirer des lueurs et des ailes
pour les yeux de tous.
Aujourd’hui,
ce jardin est étiolé
derrière son grillage
et ma tante en allée
dans un envol
vers une saison
qui n’est pas de ce monde.
On ne garantit pas son éternité
en confondant
ce que l’on possède
et ce que l’on est,
le nombre
et l’unicité.
Géraldine Andrée