Publié dans Un cahier blanc pour mon deuil

Le secret

Depuis que tu n’es plus,
tu n’as jamais été aussi présent en moi.
Tu demeures dans l’ombre profonde
de mes souvenirs,
de mes poèmes appris par coeur,
de mes désirs,
de mes regrets aussi.
Tu sais désormais les prénoms
de mes amis que tu n’as pas connus,
quelques fautes
que je me reproche encore
et que tu ignorais
du temps de ton vivant.
Maintenant que tu gardes le silence
pour toujours,
je t’avoue tout.

Parfois, j’entends ta voix,
tes conseils,
des expressions qui ne peuvent venir
que de toi,
mais je me garde bien
de les révéler au monde.
Qui comprendrait ?
Pour tant de gens,
tu as disparu.
Alors, je me tais.
Je te laisse m’habiter.
Depuis que tu es parti
une nuit de novembre,
chacun de nous
est devenu
le secret
de l’autre.

Géraldine Andrée