Toute petite déjà, j’imaginais ainsi la fin de mon livre de vie :
je plaçais en dernière page l’image d’un bouquet de fleurs.
Tout se terminait bien.
L’oeuvre de ma vie était accomplie.
Maintenant que j’ai bien grandi,
je me demande
à quoi le destin dédie
mon ultime goutte d’encre,
quel mot fleurira
dans la saison
toujours bleue
du silence :
j’aimerais que ce soit
le mot Lumière
là, tout au bout de la ligne,
que, les yeux clos,
je vois ;
un seul mot qui signe
des milliers de pages ;
un mot unique
qui confond
la trace de lumière
de mon passage
avec le soleil
de la page
que commence
quelqu’un d’autre,
juste avant que ne se pose
ma plume sur la feuille
et que la Lumière
en son propre mot
qui la désigne
soit bien éclose.
Géraldine Andrée