Dans le domaine de La Sperenza,
il y avait le muret roux le long duquel couraient les lézards ;
le craquement des pins quand le vent venu de la mer se faisait plus vif ;
le chemin des menthes où nous allions ensemble ;
le soleil qui allumait un reflet mordoré sur les pastèques coupées ;
le panier d’osier où se nichait le pain frais ;
les pieds nus sur la terrasse ;
l’ombre de la chambre qui laissait s’avancer un peu de lumière pour la suite du roman;
les volets vénitiens cachant le silence d’un rêve lorsque la chaleur s’annonçait ardente dès le matin ;
le parfum du lait de corps après la baignade ;
le chant d’un brin d’herbe entre les lèvres au cours de la promenade ;
les légendes mystérieuses que l’on se racontait au sujet de la falaise ;
la Dame Blanche que l’on croyait voir apparaître depuis le rivage ;
les cigales qui conversaient peut-être avec les étoiles ;
l’arrivée de Victor et les sourires échangés sans que l’on ne se dise rien ;
le cœur qui battait soudain pour un simple baiser sur la joue ;
puis l’attente jusqu’à ce que toute la famille s’endorme ;
la bougie qui s’éteignait toute seule, bien longtemps après que nos pas avaient franchi le seuil ;
les corps abandonnés sur l’océan du drap ;
le réveil à l’aurore par l’eau qui arrosait les roses.
Dans le domaine de La Sperenza, il y avait l’espoir que les vacances durent toujours :
il suffisait pour cela de bercer chaque instant du jour comme un nouveau-né.
Géraldine Andrée