Au cœur de la nuit, la fête nous a soudain lassés :
trop de musiques, de visages, de lumières.
Tu m’as demandé :
-Et si on sortait prendre l’air ?
Dehors, le feuillage doucement bruissait.
Et sur nos pas, le sentier exhalait une odeur d’herbe mouillée.
Nous étions déjà au bout du jardin quand j’ai appris
que tu étais marié et que tu habitais assez près d’ici.
Et toi, comment va ta vie ?
Nous ne nous sommes pas aperçu que nous franchissions le seuil de la grille.
Au fil du récit de nos épreuves et de nos prises de conscience,
nous nous étions éloignés du domaine d’Amance.
Les lampes se faisaient rares.
Bientôt, le chemin devint obscur
et le silence, absolu,
nous enveloppait comme du tissu
que piquetait de temps en temps
le frétillement
de quelques fétus
transportés par la brise.
C’est lorsque nous avons atteint
la Pierre de la Source
que je t’ai entendu dire :
-Maintenant, je suis paisible.
Tout autour de nous
– les arbres, les haies, les buissons –
était si noir
que nous ne pouvions plus voir nos yeux.
Mais nous nous regardions
par l’intermédiaire des mots
et au-dessus de nos cils,
tremblaient les lueurs d’Orion.
Je me souviens que nous n’avions, alors,
pour nous guider,
que le pas de l’autre
et ce mot qui s’ajoutait
par intermittence
en guise de réponse
à une phrase
qui demeurait en attente.
Géraldine Andrée
In memoriam G**