Publié dans écritothérapie, Un cahier blanc pour mon deuil

Exercice d’écritothérapie sur le détachement

L’heure est venue de jeter

les pantoufles qui attendent sur le seuil un retour impossible ; les chaussures inutiles puisque là où Ils sont, Ils flottent ; les comptes qui font mal ; les tasses de porcelaine ébréchées ; les assiettes de ces banquets qui ne se sont pas déroulés parce que les invitations n’ont pas été rédigées ; les trois profonds sucriers sans sucre ; les ustensiles où rien ne mijotera pour midi ; le miroir sans visage ; le vieux dictionnaire de médecine dépassé depuis plus d’un siècle ; ce mot doux griffonné, à l’encre presque effacée – « Bien à toi, Bijou » – ; les listes de courses faites depuis longtemps ; les bouteilles de vin oxydées ; la cafetière où a coulé le café de l’ultime matin ; les tickets de paiement pour des biens consommés et disparus ; les pyjamas souillés par l’urine qu’Il ne retenait pas ; les chemises au col élimé ; les vestes qui ont perdu plusieurs boutons ; les oreillers sur lesquels Elle a dormi pendant le tout dernier séjour et qui portent encore l’empreinte de son front ; les draps tachés par le sang des mois vains et la sueur des insomnies ; les couvertures mitées ; les pulls troués ou rétrécis ; les aiguilles à tricoter le temps ; les pelotes de laine emmêlées ; les chaussettes dépareillées ; les gants sans paires ; les tissus pour des robes imaginaires ; les mouchoirs mouillés par tant de sanglots ; les manteaux démodés ; les pendules arrêtées ; les montres dont les aiguilles se sont figées sur l’heure et la minute de l’éternité ; les ampoules aux filaments coupés ; les outils rouillés ; les fils électriques dénudés ; les boules de verre éclatées ; la télévision sans image ; le téléphone qui ne sonnera plus ; les pots de miel et de confiture vides ; les boîtes de conserve périmées ; les poudriers qui essaiment la poussière de leur poudre ; les fards ternis ; les crayons à paupières décapités ou dont la mine est aplatie ; les vases sans eau et sans bouquet ; les répertoires s’ouvrant sur des noms de défunts ; les ordonnances médicales pour des maladies qui ont eu le dernier mot ; les stylos asséchés ; les cahiers jaunis, cornés, froissés, aux pages déchirées, aux feuilles mortes sur leurs secrets inavoués ; les disques de vinyle rayés ; les herbiers si rigides que les plantes se cassent et se détachent en fétus lorsqu’on les feuillette ; les magazines qui ont cessé d’être d’actualité ; le tapis persan effiloché ; tous les contes de l’enfance ; tous ces merveilleux mensonges – « Le Père Noël viendra avec sa grande hotte« – ; ce fatras de désillusions et de regrets ; les poupées dans leur cercueil cartonné ; les jeux de cartes qui n’annoncent nul avenir ; les albums photos où l’on ne se reconnaît décidément pas, bien que l’on persiste à vous dire mais-si-c’est-toi-allons ; les dessins ratés ; les agendas aux rendez-vous manqués et aux projets avortés ; les non-dits ; les sentiments refoulés ; les amours trahies ; les déclarations oubliées ; les promesses non tenues ; la colère ravalée ; la solitude ignorée ; les poèmes écrits dans un coin et délaissés ; un peu des autres et un peu de soi ; l’enfant feu parce qu’il faut bien grandir et surtout, comment on se voyait dans les yeux de ceux qui ne nous voyaient pas, si pauvre, si dénué de son âme alors que l’âme a toujours été présente dans la chambre du silence

Il faut jeter le désir que tout soit comme avant
parce que l’on n’éclaire pas sa vie avec des cendres.

Et toi, que souhaites-tu jeter en ce début d’année pour te renouveler, te retrouver ?

Tu peux me confier ta liste en commentaires ! Un petit atelier d’artiste peut ainsi être créé en ligne sur ce site d’écritothérapie et nourrir des échanges fructueux pour cette nouvelle année 2024 !

Géraldine Andrée

Avatar de Inconnu

Auteur :

Ecrivaine, poétesse, biographe, veilleuse et éveilleuse de Vie !

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.