Elle cache ses poèmes
Elle garde
pour ses seuls yeux
leur flamme bleue
qui pourrait éclairer le monde
Elle sent la lumière
de leur encre
qui vit qui vibre
au point de se confondre
avec son âme
Mais comme elle a peur
que les autres
la trouvent
ridicule
étrange
voire
anormale
elle dédie
leur souffle
au silence
et elle cache
leur grâce
dans l’armoire
de son enfance
la nuit épaisse
des tiroirs
entre des feuilles
couvertes
de théorèmes
dans la reliure
d’un vieux roman
sous son oreiller
comme autrefois
quand elle offrait
ses dents de lait
à la fée
de sa chambre
dans son journal
intime
qu’elle ferme
avec un cadenas
doré
Il lui arrive
même
de cacher
ses poèmes
dans son corsage
et elle rêve
que ce sont des billets
doux
que la main
d’un amant
aurait glissés
au creux de ses seins
comme dans la corolle
d’une fleur
de jasmin
Quand elle marche
elle sent que le papier
palpite
contre sa peau
telles des ailes
prêtes à s’ouvrir
Elle pourrait
laisser les poèmes
s’envoler
mais elle les couve
encore
et toujours
frêles oiseaux
prisonniers
de sa cage
thoracique
où s’affole
parfois
sans crier gare
son cœur
Elle reste donc
bien
à sa place
à écouter
patiemment
les autres
parler
de choses
et d’autres
qui ne la touchent pas
Géraldine
