Nulle promenade
aujourd’hui
Je veux seulement
à la lueur
de ma bougie
retrouver
dans l’anthologie
de mon enfance
ce poème
que j’ai tant aimé
jadis
et qui me regarde
entre deux feuilles
qui lui ressemblent
Géraldine Andrée
Nulle promenade
aujourd’hui
Je veux seulement
à la lueur
de ma bougie
retrouver
dans l’anthologie
de mon enfance
ce poème
que j’ai tant aimé
jadis
et qui me regarde
entre deux feuilles
qui lui ressemblent
Géraldine Andrée
Un poème
de Li Po
m’invite à m’étendre
et à lire
cette phrase
que la page
du ciel
déroule
elle-même
pour mon regard
et dont chaque
mot
est un oiseau
Géraldine Andrée
Quand je veux
faire le deuil
de ce que je n’ai pas vécu,
je m’endors
avec un recueil
de poèmes
sur mon cœur
et dont les mots
sont des yeux
d’or
qui me veillent
jusqu’à ce que je devienne
moi-même
Aurore.
Géraldine Andrée
Un poème
de la Chine ancienne
me fait entendre
dans la chambre
le chant
de la pluie fraîche,
une pluie qui date
d’un millénaire
et qui déverse
toutes ses notes
sous ma lampe,
de telle sorte
que le silence
de cette nuit
crépite
comme une brindille
sur le sentier
que le poème
de l’an mil
me dessine
depuis jadis
– ce temps
où n’étant moi-même
que silence,
j’ignorais tout
de l’existence
des poèmes
et de la pluie…
Géraldine Andrée
La pluie a inondé mon cahier.
Pour lui faire retrouver sa beauté, mes paumes l’aplatissent, le lissent.
Puis le fer à repasser repasse plusieurs fois sur ses pages chiffonnées.
Hélas ! Les poèmes gondolent et les mots s’effacent…
Mon cahier a perdu sa grâce !
Alors, j’abandonne.
Je me console en me disant que mon cahier relie désormais des feuilles d’automne
dont les nervures sont des lignes
où je devine
un alphabet invisible.
Géraldine Andrée
Un poème
c’est le silence
qui chemine
dans la nuit
et qui laisse
pour trace
son chant
Géraldine Andrée
Il y avait là, jadis, une fontaine…
Ses notes berçaient
des pétales, des feuilles,
des fétus d’herbe, des grains de pollen
et son reflet
faisait danser avec lui
le jour
qui luit.
Ils ont muré
la bouche
de la fontaine
et de son chant,
il ne reste
désormais
aucune trace
sinon celle
de ce poème
qui se fraie
un chemin
dans le silence…
Géraldine Andrée
Lorsqu’il n’y a plus personne,
je m’entoure de mots
tels que « jardin », « lumière »,
« beauté », « source »,
« enfance »,
des mots qui éclairent
mon regard
quand ils voyagent
de la page
à mes lèvres,
des mots
dont le murmure
précède
le poème
et qui deviennent
enluminure
du silence.
Géraldine Andrée
Tu n’as pas disparu
cachée que tu es
entre deux mots
d’un poème
serpolet
et verveine
là juste
sous la virgule
qui luit
telle une aile
minuscule
au soleil
Géraldine Andrée
Je veux disparaître
dans un poème
de Claude Roy
où bat
à bas bruit
à fleur
d’herbe
et de limon
juste
à l’instant
où apparaît
la première
note
de la source
le cœur
inaltérable
du monde
Géraldine Andrée