Tu es le pont
qui me mène
par-delà
le silence
vers l’étoile
prochaine.
Géraldine Andrée
Tu es le pont
qui me mène
par-delà
le silence
vers l’étoile
prochaine.
Géraldine Andrée
J’écris pour toucher ta voix
qui – je le crois –
se cache
dans la feuille.
pour retrouver
l’instant
précis
où son inflexion
changea
quand elle prononça
avant le départ
ces mots
si clairs
et si fidèles
à la vérité.
Mais plus je m’enfonce
dans la blancheur
du silence
avec ma foi,
plus je creuse
ma propre trace
et si je me vois
avançant
vers l’inconnu
avec ma seule voix
pour oriflamme,
c’est parce que je t’aide
à accomplir
désormais
ce pour quoi
ton âme
est destinée :
me donner
comme ultime
signe
que tu m’écoutes
l’envie d’écrire
aujourd’hui
encore
en ne m’adressant
qu’à l’écho
fidèle
que mes mots
renvoient.
Géraldine Andrée
Je songe
à tous ces poèmes
auxquels j’ai donné
naissance,
que j’ai contemplés
en silence
jusqu’à ce que j’entende
leur frêle souffle
dans la chambre
profonde
de ma mémoire,
ces poèmes
que j’ai bercés
en secret
sur les langes
de la page
et que j’ai nourris
avec le lait
noir
de mon encre,
ces poèmes
que j’aimé
faire grandir
d’aube en aube
et dont j’ai désiré
ardemment
qu’ils existent
bien avant
qu’ils ne soient mis
au monde
aux yeux
des autres,
ces poèmes
dont je suis certaine
qu’ils ont trouvé
mon nom
pour vivre,
peut-être,
mais surtout
pour me rendre
vivante
dans le seul fait
parfait
en lui-même
qui consiste
finalement
à leur donner
naissance
dans la nuit
sans que jaillisse
l’étoile
de leur cri.
Géraldine Andrée
Tristesse de ne pas revoir aujourd’hui au Livre sur La Place Jeannine Burny, la compagne poétique de Maurice Carême et la fondatrice de La Fondation Maurice Carême.
En deux-mille-dix, elle m’avait montré dans un vers, parmi les bruits et les remous de la foule, le sentier calme, vert et vif d’un poème.
Les mots y étaient si simples, si peu nombreux et si vrais que ce sentier avait été tracé par le Poète pour aller droit à l’âme.
« Les jours n’avaient plus d’ombre.
Juin semblait infini
Et, dans les prés sans nombre,
Au loin, tout retardait la nuit.«
C’était tout simple extrait du recueil
Dans la main de Dieu
de
Maurice Carême
Géraldine Andrée
Pour écrire un poème,
entre
dans le silence
de la danse
qu’il t’accorde.
Enjambe
une ligne
jusqu’à l’espace
qui s’offre
à tes pieds.
Suis
son corps
qui se cambre
par instants
sur la page.
Apprends
à te déhancher
à ton tour
sous la lumière
du jour.
Pour écrire un poème,
sois toi-même
Poème
en étant le cavalier
de la Vie.
Géraldine Andrée
Note le poème dès qu’il te vient.
Ne remets pas l’écriture au lendemain
car qui sait si demain,
tu seras encore là ?
Mais en dehors de ce drame
mais imprévisible,
attendre un jour prochain
pour écrire ton poème
affaiblit la flamme,
émousse l’enthousiasme,
éloigne ton âme
des mots qui t’attendent
pour quelques instants
seulement.
Alors, prends n’importe
quelle feuille
– de papier, de chêne-
et griffonne
ton poème.
Tu te préoccuperas plus tard
de l’ordre possible
des vers et des rimes.
Mais ne détourne pas les yeux
quand le poème te fait signe.
Aurais-tu l’idée si, par pur hasard,
un oiseau se posait sur ta main,
de lui dire avec un sourire
qui te montrerait combien
tu te résignes :
« Reviens » ?
Géraldine Andrée
Si j’attends que la vie m’apporte l’inspiration, je n’écrirai jamais.
Alors, j’écris pour que la vie m’inspire,
comme si je semais des graines
pour que les oiseaux viennent.
Géraldine Andrée
C’est sur le sentier bleu
que j’ai su
où se cachait Dieu :
dans le silence
entre les feuilles.
Géraldine Andrée
À la fin
j’accepte
que mon poème
devienne
un oiseau
détaché
de ma plume
بالنهاية ساقبل أن تصبح قصيدتي عصفوراً منفصلاً عن ريشتي (قلمي)
Tableau : Samoukan Assad, peintre syrien, Digital Art, Lattaquié
Poème : Géraldine Andrée, poétesse lorraine, Nancy