Je crois que j’écris
pour que le temps
ne gomme pas
ma ligne de vie
et pour qu’existe
au-delà de ma vie
le trait
de qui
je fus vraiment
Géraldine Andrée
Je crois que j’écris
pour que le temps
ne gomme pas
ma ligne de vie
et pour qu’existe
au-delà de ma vie
le trait
de qui
je fus vraiment
Géraldine Andrée
Joan Didion, l’auteure américaine qui m’a aidée à cheminer à travers le pays du deuil avec L’Année de la pensée magique est décédée aujourd’hui des suites de la maladie de Parkinson. J’aime cette écriture intime et sèche à la fois. J’espère qu’elle a retrouvé son mari John Gregory Dunne et sa fille Quintana dans Le Bleu de la nuit.
« La vie change vite.
La vie change dans l’instant.
On s’apprête à dîner et la vie telle qu’on la connaît s’arrête.
La question de l’apitoiement.
La vie change dans l’instant.
L’instant ordinaire.«
Joan Didion
L’Année de la pensée magique
Géraldine Andrée
C’est en écrivant la semaine dernière, par un jour de pluie comme celui-ci, que je me suis demandé si je reverrais Jeannine Burny.
Jeannine, la compagne de Maurice Carême, qui a aidé le poète dans la publication de tous ses poèmes.
J’ai croisé Jeannine en deux mille dix, à l’occasion du Livre sur la Place à Nancy.
Je feuilletais le recueil de poèmes Du Ciel dans l’eau.
Jeannine Burny est alors venue vers moi et m’a montré du doigt cette strophe qu’elle m’a lue à haute voix :
Derrière les hauts peupliers,
Les blés montaient dans le soleil.
Le ciel était bleu à crier,
Un ciel à se croire éternel.
-Regardez ! Me dit-elle. Pas un adjectif de trop ! La simplicité même ! C’est si difficile d’écrire simplement, croyez-moi ! La simplicité poétique demande beaucoup de travail ! Il ne faut pas un mot de plus pour que le poème aille droit au cœur ! Quatre mots dans un vers et tout est dit. Maurice Carême passait beaucoup de temps à composer ces brefs poèmes.
C’est la plus grande leçon poétique que j’ai apprise de ma vie, là, sous un chapiteau, loin de l’université.
J’en ai vécu, des épreuves et des expériences de vie depuis, mais celles-ci n’ont nullement évincé dans ma mémoire ces paroles essentielles.
J’ai appris que la poésie, c’est aussi le silence, l’effacement afin de laisser à la voix tout l’espace pour s’exprimer.
Chaque année, le mois de Septembre annonçait la joie de ma rencontre avec Jeannine Burny.
Dans le brouhaha du chapiteau, elle me parlait de la Résistance, de ses années de vie en compagnie du Poète en tant que Bien-Aimée.
J’achetais toujours des recueils de poèmes nouvellement publiés que je dévorais dans ma chambre. Ils sont tous bien alignés dans ma bibliothèque de chêne.
L’ultime fois que je vis Jeannine Burny, ce fut en Septembre 2019. Elle m’annonçait qu’elle avait commencé à l’âge de quatre-vingt-treize ans un deuxième livre sur le Poète :
-J’écris jusqu’à deux heures du matin et je me lève à l’aube.
J’avais lu son premier livre Le jour s’en va toujours trop tôt : Sur les pas de Maurice Carême.
Je lui dis combien je m’étais promenée dans la lumière de ses mots pendant tout un hiver.
Puis la crise sanitaire m’a interdite de retourner au stand de Maurice Carême.
C’est en tapant son nom sur ma barre de recherches que j’ai appris le décès de Jeannine Burny.
Elle est partie sans avoir publié son deuxième livre.
Mais j’espère qu’elle suit le sentier d’un jour de soleil, avec dans sa main « cette fraise sauvage » que lui a offerte le Poète au cours de leur éternelle promenade.
Géraldine Andrée
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Vivre
Rien que pour lire
Le soir sous la lampe de chevet
Les poèmes
De René-Guy Cadou
Peut-être
Est-ce parce que j’avais de tels rendez-vous
Notés sur une page invisible
Que je me suis décidée à naître
Géraldine Andrée
Votre vie n’est pas vos actions, vos échecs, vos réussites, vos possessions, votre réputation, vos relations avec les autres.
Votre vie est votre intériorité : vos émotions, vos sentiments, vos préférences,
vos affirmations, vos visualisations, vos rêves profonds, vos pensées aux couleurs secrètes que vous pouvez modifier à votre gré,
votre présence à chaque seconde
non pas au monde,
mais à qui vous êtes,
la conscience que vous êtes à la fois le regard et la fenêtre.
C’est cette trace qui pour demain
importe
-la vôtre.
Géraldine Andrée
Quand je commence
Une autre page
Il me semble
Que la plage
Est toute proche
Qu’à chaque mot
Je gagne
Un intervalle
Qui me séparait encore
L’instant précédent
De l’immensité
Géraldine Andrée
Je me réveille encore
Avec la stupeur
De ton absence
Mais dans ce silence
Que tu me laisses
Dans cette solitude
Que tu me lègues
Il me reste
L’instant
Présent
Seule preuve de vie
À laquelle je me fie
Seule richesse
Que je possède
Comme par exemple
La lumière d’or
De la lampe
Sur mon cahier
À la première
Heure
Et l’encre
Que voilà
Qui a la couleur
Du lilas
Quand elle sèche
Est mon devenir
Géraldine Andrée
Le poème multiplie ma voix
De feuille en feuille
Comme jadis quand
Enfant
Je m’appelais seule
Dans la montagne
Le poème est un écho
Qui me fait sentir
Le plus haut
Possible
Et qui témoigne
Du fait irréfutable
Que je m’accompagne
Du vide
À la présence
Du silence
Au dicible
Géraldine Andrée
Le 25 Janvier 2020
En promenade
J’ai un carnet de chevet, enveloppé d’une couverture de cuir doux. Il habite sur ma table de nuit. Il est le très proche voisin de mon oreiller. Je n’ai qu’à tendre la main pour le rencontrer.
Nous avons rendez-vous soir ou matin.
Dans ce carnet, je n’épanche nul chagrin, nul regret. Je note seulement ce qui me passionne, me transporte, me fait vibrer, ce qui donne de la saveur à ma vie, de la mélodie à mes jours.
Lorsque je l’ouvrirai vingt ans plus tard, je me serai reconnaissante d’avoir été attentive à la naissance du premier bourgeon. Et ce qui semble aujourd’hui anodin, presque rien, me sera tout demain.
Dans ce carnet du Bien, je n’écris pas de longues phrases. De courtes listes, des groupes nominaux, voire quelques haïkus suffisent pour retracer la joie essentielle.
Ce carnet ne se retrouve sur aucun fichier, aucune clé USB. Il est le seul exemplaire de mon bonheur car ce qui est précieux ne se duplique jamais. Aussi reste-t-il dans ma chambre comme un bijou qu’il ne faut pas perdre.
C’est mon carnet unique, celui qui rassemble tous mes instants de vie, tous ces fragments de temps qui font que je suis Moi.
A mon ultime moment, il fera toute la différence entre une existence traversée sans conscience et une existence dont j’aurai été l’auteur et le témoin.
Géraldine Andrée
Le podcast de l’émission littéraire Des Livres et Des Mots diffusée sur Radio Fajet le mercredi 11 décembre à 12 heures dont je fus l’invitée. Merci à Radio Fajet, aux étudiantes de l’IUT Charlemagne de Nancy, à mon amie La Poésie et à l’écriture, cette fidèle compagne qui trace depuis toujours mon chemin de Vie.
Géraldine
Nous sommes actuellement étudiantes à l’IUT Charlemagne à Nancy option métiers du livre et du patrimoine. Dans le cadre de notre formation, nous avons un projet tutoré qui s’effectue sur tout le long de l’année. Notre projet est s’intitule Parler avec un auteur. ce projet consiste à inviter des auteurs et d’échanger avec eux lors de l’émission radio ayant lieu à radio Fajet. Mercredi 4 décembre 2019, nous avons accueilli Géraldine Muller, une biographe privé . Lors de cette émission, nous avons posé des questions sur son écriture, le métiers de biographe, les éditeurs et sur la poésie. Cet échange, nous a permis d’en apprendre plus sur la façon d’écrire, le métiers de biographe et le cheminement pour publier chez un éditeur.
Emission présentée par Clara, Charlotte, Maëva et Carole-Anne