Vivre
Rien que pour lire
Le soir sous la lampe de chevet
Les poèmes
De René-Guy Cadou
Peut-être
Est-ce parce que j’avais de tels rendez-vous
Notés sur une page invisible
Que je me suis décidée à naître
Géraldine Andrée
Vivre
Rien que pour lire
Le soir sous la lampe de chevet
Les poèmes
De René-Guy Cadou
Peut-être
Est-ce parce que j’avais de tels rendez-vous
Notés sur une page invisible
Que je me suis décidée à naître
Géraldine Andrée
Votre vie n’est pas vos actions, vos échecs, vos réussites, vos possessions, votre réputation, vos relations avec les autres.
Votre vie est votre intériorité : vos émotions, vos sentiments, vos préférences,
vos affirmations, vos visualisations, vos rêves profonds, vos pensées aux couleurs secrètes que vous pouvez modifier à votre gré,
votre présence à chaque seconde
non pas au monde,
mais à qui vous êtes,
la conscience que vous êtes à la fois le regard et la fenêtre.
C’est cette trace qui pour demain
importe
-la vôtre.
Géraldine Andrée
Quand je commence
Une autre page
Il me semble
Que la plage
Est toute proche
Qu’à chaque mot
Je gagne
Un intervalle
Qui me séparait encore
L’instant précédent
De l’immensité
Géraldine Andrée
Je me réveille encore
Avec la stupeur
De ton absence
Mais dans ce silence
Que tu me laisses
Dans cette solitude
Que tu me lègues
Il me reste
L’instant
Présent
Seule preuve de vie
À laquelle je me fie
Seule richesse
Que je possède
Comme par exemple
La lumière d’or
De la lampe
Sur mon cahier
À la première
Heure
Et l’encre
Que voilà
Qui a la couleur
Du lilas
Quand elle sèche
Est mon devenir
Géraldine Andrée
Le poème multiplie ma voix
De feuille en feuille
Comme jadis quand
Enfant
Je m’appelais seule
Dans la montagne
Le poème est un écho
Qui me fait sentir
Le plus haut
Possible
Et qui témoigne
Du fait irréfutable
Que je m’accompagne
Du vide
À la présence
Du silence
Au dicible
Géraldine Andrée
Le 25 Janvier 2020
En promenade
J’ai un carnet de chevet, enveloppé d’une couverture de cuir doux. Il habite sur ma table de nuit. Il est le très proche voisin de mon oreiller. Je n’ai qu’à tendre la main pour le rencontrer.
Nous avons rendez-vous soir ou matin.
Dans ce carnet, je n’épanche nul chagrin, nul regret. Je note seulement ce qui me passionne, me transporte, me fait vibrer, ce qui donne de la saveur à ma vie, de la mélodie à mes jours.
Lorsque je l’ouvrirai vingt ans plus tard, je me serai reconnaissante d’avoir été attentive à la naissance du premier bourgeon. Et ce qui semble aujourd’hui anodin, presque rien, me sera tout demain.
Dans ce carnet du Bien, je n’écris pas de longues phrases. De courtes listes, des groupes nominaux, voire quelques haïkus suffisent pour retracer la joie essentielle.
Ce carnet ne se retrouve sur aucun fichier, aucune clé USB. Il est le seul exemplaire de mon bonheur car ce qui est précieux ne se duplique jamais. Aussi reste-t-il dans ma chambre comme un bijou qu’il ne faut pas perdre.
C’est mon carnet unique, celui qui rassemble tous mes instants de vie, tous ces fragments de temps qui font que je suis Moi.
A mon ultime moment, il fera toute la différence entre une existence traversée sans conscience et une existence dont j’aurai été l’auteur et le témoin.
Géraldine Andrée
Le podcast de l’émission littéraire Des Livres et Des Mots diffusée sur Radio Fajet le mercredi 11 décembre à 12 heures dont je fus l’invitée. Merci à Radio Fajet, aux étudiantes de l’IUT Charlemagne de Nancy, à mon amie La Poésie et à l’écriture, cette fidèle compagne qui trace depuis toujours mon chemin de Vie.
Géraldine
Nous sommes actuellement étudiantes à l’IUT Charlemagne à Nancy option métiers du livre et du patrimoine. Dans le cadre de notre formation, nous avons un projet tutoré qui s’effectue sur tout le long de l’année. Notre projet est s’intitule Parler avec un auteur. ce projet consiste à inviter des auteurs et d’échanger avec eux lors de l’émission radio ayant lieu à radio Fajet. Mercredi 4 décembre 2019, nous avons accueilli Géraldine Muller, une biographe privé . Lors de cette émission, nous avons posé des questions sur son écriture, le métiers de biographe, les éditeurs et sur la poésie. Cet échange, nous a permis d’en apprendre plus sur la façon d’écrire, le métiers de biographe et le cheminement pour publier chez un éditeur.
Emission présentée par Clara, Charlotte, Maëva et Carole-Anne
L’une de mes tantes souffrait du syndrome de Diogène, une maladie psychologique qui consiste à accumuler sans cesse des objets.
Cette tante déterrait des plantes dans les jardins publics pour les replanter chez elle.
Aujourd’hui, les branches sont sèches, cassées, piquantes.
Les arbustes se dressent, hirsutes.
Les herbes jaunes s’emmêlent.
Les pots sont fendus.
La terre craquelle.
On ne trouve pas une feuille vive.
Même les insectes ont fui.
Ma tante ne s’occupe plus de ce jardin volé.
Forcément, elle est morte.
Si elle avait laissé les plantes
dans la bonne terre fraîche
où elles appartenaient,
où elles étaient nées,
celles-ci continueraient à grandir,
à fleurir,
à monter dans la lumière,
à attirer des lueurs et des ailes
pour les yeux de tous.
Aujourd’hui,
ce jardin est étiolé
derrière son grillage
et ma tante en allée
dans un envol
vers une saison
qui n’est pas de ce monde.
On ne garantit pas son éternité
en confondant
ce que l’on possède
et ce que l’on est,
le nombre
et l’unicité.
Géraldine Andrée
On dit que le temps guérit les maux.
Pour moi, c’est l’encre qui soigne ma douleur, cette encre qui s’écoule et se répand comme un baume dans la lumière.
L’encre est mon temps, ma rivière.
Elle me porte d’une rive à l’autre sur la page. Les mots sont mes pierres de gué.
Bientôt, je cesse de boiter, je sautille au rythme des étincelles de ma plume dans le soleil.
Je parle moins de ma tristesse, j’ose écrire Bonheur avec une majuscule, les éventualités deviennent possibles et la peur de l’inconnu me fait rêver.
Dans le reflet de chaque goutte déposée, je me reconnais telle que je suis.
Aujourd’hui, je dis que le rythme tranquille de l’écriture qui glisse là, tout au bord de ma vie, me guérit de ma volonté de vouloir diriger le tracé du flot de ma destinée.
Je me laisse emporter vers le mot prochain
et c’est la Vie qui s’écrit en moi.
Géraldine Andrée
Il est des livres qu’on lit lentement, qui absorbent notre esprit chaque soir pendant toute une année car tel est leur intérêt, s’apparenter à un grand voyage.
Et lorsqu’on franchit la dernière page, qu’on atteint le mot ultime dans la nuit, on se sent éclairé d’une vaste expérience,
comme si on avait abordé ce qui n’était au départ qu’un petit point parmi tant d’autres sur la carte du monde,
mais à partir duquel à présent
la vraie vie commence.
Géraldine Andrée
L’Encre au fil des jours
Image : Fritz von Uhde (1848-1911); Devant la porte de la véranda
***
There are books that we read slowly, which absorb our spirit every night for a whole year, because that is their interest, it is like a great journey.
And when you cross the last page, you reach the ultimate word in the night, you feel enlightened with a vast experience,
As if we had dealt with what was initially only a small point on the map of the world,
But from which now
Real life begins.
Geraldine Andrée
Ink over the days
Picture : Fritz von Uhde (1848-1911) ; In the porch door