Catégorie : Le temps de l’écriture
Chaque matin
Chaque matin,
avant d’ouvrir
ma fenêtre
sur le ciel
du jour,
j’ouvre
une autre
fenêtre,
mon cahier,
sur le ciel
toujours
blanc
du papier
et je vois
le jour
de mon âme
apparaître
pour éclairer
ce que je vivrai
aujourd’hui.
Géraldine Andrée

Pourquoi tu écris ?
J’écris pour retrouver le soleil des anciennes vacances qui dansait sur le carrelage de faïence de la cuisine à Porto.
J’écris pour que ma main refasse connaissance par la pointe d’un Bic bon marché avec la légèreté de mes pieds d’enfant.
J’écris pour emprunter dans ma chambre une passerelle qui mène à l’infini.
J’écris pour pardonner à la vie ses coups bas, même si ce n’est pas facile.
J’écris pour m’émerveiller du reflet du matin dans ma cartouche d’encre, tout simplement.
J’écris pour me sentir écoutée par le bruissement du papier.
J’écris pour faire de chaque carnet un voyage et quand on me demande : « C’est pour où ? », répondre : « Vers moi-même. »
J’écris pour m’imaginer que mon souffle se répand dans les feuillages du jardin disparu.
J’écris pour célébrer la compagnie de la solitude.
J’écris pour puiser la force de continuer ce livre chaque jour.
J’écris pour conclure chaque page de mon journal par cette fidèle phrase : « Il ne te reste qu’à te mettre à l’ouvrage. »
J’écris pour semer des mots quand je me suis égarée sur des chemins que d’autres ont tracés pour moi – Petite Poucette qui ne renonce pas.
J’écris pour ne plus avoir à me justifier par la suite, car je préfère laisser de la place aux corolles futures.
J’écris pour rien ; j’écris sur rien. Et si l’on me dit que c’est ridicule, j’écris pour accorder de l’importance à un pépin de pomme.
J’écris pour que, dans mon histoire à moi, au moins, ce petit pépin tout brun donne un pommier qui va grandir au fil de ma vie.
Géraldine Andrée

La chemise de grand-père
Le chemin de la biographie
La foi de la page
Ma collaboration dans le magazine Les Mots Positifs
Géraldine Andrée

Votre biographie entre les entretiens
Le poème oublié
C’est un poème
que tu avais oublié
au fil
de toutes ces années
et que tu retrouves
par hasard
en rangeant les tiroirs
de ton bureau,
griffonné à l’encre noire
sur un vieux papier
un peu froissé.
Tu le relis
avec l’appréhension
de le juger
niais ou – pire –
complètement raté.
Mais plus tu avances
sur ce frêle
chemin
qui enjambe
les lignes,
plus il te semble
que tu te reconnais,
et que tu avais rendez-vous
avec ton autre toi-même
aujourd’hui,
depuis la lointaine
journée
où tu as tracé
cet itinéraire
qui te mène
à ton ancienne vérité.
Alors, tu souris
à cette jeune femme
timide
que tu étais
et qui te fait signe.
Puis tu recopies
son poème
sur ton cahier actuel,
même si tu sais
que d’autres cahiers
le recouvriront
de leur pile
et qu’il deviendra
au fil des années
un poème
oublié.
Géraldine Andrée
Il n’y a rien d’autre à faire
Où aller
sinon au bout de ma phrase
Que prévoir
sinon un jour d’écriture
de plus
et à celui qui me demande
si j’ai des projets
en cours
simplement répondre
que je suis au bon endroit
de la page
Qu’importe
que je sois
en haut
en bas
au milieu
à gauche
à droite
je vis toujours
en mon centre
Il n’y a donc rien d’autre
à faire
qu’écrire
dès qu’apparaît
le premier point
de lumière
Géraldine Andrée
Mon rituel matinal
J’écris une lettre à Dieu chaque matin, une lettre où il y a des doléances, des récriminations parfois, des demandes certes, mais aussi des gratitudes et même si la journée n’a pas été top, je peux Le remercier pour un bouquet de soleil dans la rivière qui brillait lors du passage en train, Le remercier pour avoir aiguisé mon attention sur les humbles beautés de chaque jour.
Géraldine Andrée