Que sont donc
devenues
nos ombres
sur le sentier ?
Je me le demande !
Alors, je recopie
à l’encre
bleu foncé
une phrase
de Sôseki
pour les retrouver :
« La suite reste enfouie au fond de mon cœur. »
Géraldine Andrée
Que sont donc
devenues
nos ombres
sur le sentier ?
Je me le demande !
Alors, je recopie
à l’encre
bleu foncé
une phrase
de Sôseki
pour les retrouver :
« La suite reste enfouie au fond de mon cœur. »
Géraldine Andrée
Nulle promenade
aujourd’hui
Je veux seulement
à la lueur
de ma bougie
retrouver
dans l’anthologie
de mon enfance
ce poème
que j’ai tant aimé
jadis
et qui me regarde
entre deux feuilles
qui lui ressemblent
Géraldine Andrée
Un poème
de Li Po
m’invite à m’étendre
et à lire
cette phrase
que la page
du ciel
déroule
elle-même
pour mon regard
et dont chaque
mot
est un oiseau
Géraldine Andrée
J’attends
longtemps
devant
la feuille
blanche
car n’est-ce
pas
dans la neige
que l’on entend
le moindre
craquement
du pas
qui se pose
sur la souche,
le fendillement
de la branche
qui se couche
sous le poids
léger
du givre,
le rythme
d’un souffle
qui s’approche
lentement ?
J’attends
patiemment
que m’arrive
le murmure
de la rivière
souterraine
d’un poème.
car c’est ainsi
penchée
sur ma feuille
de neige
que je l’écoute
et que je parviens
à le suivre
jusqu’à la voix
prochaine
qui le fera luire
dans sa goutte
frêle…
Géraldine Andrée
J’ai voulu retrouver
le parfum de l’ancien été
dans les bouquets de lavande
au cœur du silence,
dans les draps frais
de la chambre qui m’accueille,
dans le souffle des feuilles
qu’un murmure remue,
dans la houle des herbes
à l’aube,
dans les vagues des prés
au soleil,
dans l’appel d’enfant
que lance le vent,
dans la lumière
de la crème à bronzer,
dans la cannelle
du gâteau doré,
et même dans les mèches
de Marie
qui dansent
tout près de mes yeux
quand un seul pas
me rapproche
de l’étoile qui luit
dans la corolle de la nuit…
Mais je n’ai jamais retrouvé
le parfum de l’ancien été,
enfoui entre les pages
d’un livre invisible
que le temps jalousement
garde pour lui.
Géraldine Andrée
Après que j’aurai tout écrit
je quitterai la chambre
laissant la feuille au centre
du silence
qui luit
Géraldine Andrée
Quand je veux
faire le deuil
de ce que je n’ai pas vécu,
je m’endors
avec un recueil
de poèmes
sur mon cœur
et dont les mots
sont des yeux
d’or
qui me veillent
jusqu’à ce que je devienne
moi-même
Aurore.
Géraldine Andrée
Certains soirs,
lorsque la vie
m’est peine,
je confie
mon âme
à un poème
qui se confie
à mon âme
et même
si personne
ne le sait,
ce silence
qui tremble
dans la flamme
d’une bougie
en témoigne.
Géraldine Andrée
Je suis retournée là-bas
en rêve
et j’ai retrouvé
l’empreinte de mes pas
sur la terre de l’allée,
le feu nacré des roses-thé,
les étincelles du rire de Maria,
l’ombre bleue du tilleul,
et quand j’ai franchi le seuil,
l’impression que je n’étais pas seule
car il y avait une fenêtre
ouverte pour moi
dans l’été.
À mon réveil,
je me suis sentie
si habitée
par la vie
de jadis,
que je me suis demandé
si l’absence
de toutes ces choses,
de tous ces êtres
n’était pas un rêve
et si ce qui m’était revenu,
le temps d’une nuit,
dans le secret
de mes yeux fermés,
n’était pas réel…
Géraldine Andrée
J’aimerais que ma vie soit un long week-end.
J’approcherais mon visage de la flamme
après m’être baignée dans mon âme
puis je baptiserais d’un poème
chaque goutte d’eau
qui constellerait ma peau.
Un rire dans son éclat
m’emporterait vers une existence
où l’on ne meurt pas.
Et au moment de m’endormir
au creux de l’enfance,
un rêve accrocherait des ailes
à mon dos
pour que la joie qui se termine
recommence aussitôt.
Le temps, alors,
serait largement ouvert
comme un bras de mer
qui me bercerait
sans que sa force ne m’étreigne…
J’aimerais que ma vie soit un long week-end.
Géraldine Andrée