Demain, je ne t’écrirai pas.
Je ne te téléphonerai pas.
Je ne t’enverrai pas de carte musicale par CyberCartes sur ta ligne Wanadoo.
Rien de tout cela.
Je me souviens, il y a de cela neuf mois, le temps d’une grossesse pour ma mémoire…
J’entends encore le bruit de tes pas près des miens sur le trottoir, au coeur chaud de l’été.
Saisie par une sorte de prémonition, j’avais voulu avancer ton rendez-vous chez le cardiologue.
Tu m’as accompagnée. Le trajet à pied était assez conséquent. Tu marchais comme un jeune homme. Pas de fatigue ni d’essoufflement.
Je te demandais :
– T’es fatigué ?
Tu me répondais :
– Non ! Je pourrais marcher encore des kilomètres !
On s’est ensuite promenés dans le jardin Wilson. Je t’ai proposé une petite promenade sur les bords de la Moselle.
Mais le vent s’est levé. Il me semblait qu’il se faisait tard. J’avais peur que tu prennes un chaud et froid sur la poitrine. La météo avait d’ailleurs annoncé un orage.
Alors, nous sommes rentrés.
Tu m’as dit néanmoins :
« Pour la promenade au bord de la Moselle, cela aurait été possible. »
Tu pouvais poursuivre le chemin, prolonger la marche…
Pourtant, à peine une semaine plus tard,
je trouvai un papillon à l’angle de la fenêtre de ta chambre
dont les ailes, bordées chacune de deux iris bleus, me regardèrent longtemps avant de s’ouvrir pour l’envol.
Rien n’annonçait ton départ et pourtant, tout était prédit.
Un infarctus foudroyant t’a emporté une nuit de novembre.
Je n’ai jamais aimé l’automne.
Demain, ni carte, ni appel au téléphone.
Mais comme j’ai pris conscience depuis ta disparition que chaque jour est aujourd’hui,
je t’écris aujourd’hui.
Géraldine Andrée