Qui frappe ainsi
à la porte de mon cahier ?
Je m’approche,
regarde
par la petite fenêtre de la couverture.
C’est toi, Maman,
qui reviens comme si de rien n’était
de ton long séjour.
Je t’ouvre et,
aussi légères que ma plume,
nous longeons le corridor
de la marge.
Voilà que tu déverses
sur toute la page,
avec ta générosité
d’autrefois,
des poires rousses,
un gâteau doré sous sa mousse,
des carottes tendres,
et, pour le dîner,
une aile de poulet
dans sa sauce miroitante ;
puis, un étui de cuir
pour mes stylos colorés,
un napperon de dentelle
– île blanche sur la table noire -,
un mouchoir fleuri,
une aiguille pour recoudre les jours.
Tu sors
du profond panier de ma mémoire
tous ces présents
que je dispose avec soin
en haut, en bas,
en gauche, à droite ;
et je m’aperçois que ce rangement
est devenu un poème.
Je te dis dans la chambre
de mon cœur :
– Assieds-toi juste un instant
avant de partir !
Et nous bavardons un peu
sur le coussin bleu
d’un mot.
Aujourd’hui, c’est Espoir.
Je te raccompagne à la fin
de la dernière ligne,
ferme mon cahier
sur la goutte d’encre
ultime,
dans laquelle brille
ton silence
qui me fait encore signe.
Il n’y aura plus jamais
d’absence
puisque tu ne peux
que revenir.
Géraldine Andrée
