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Te souviens-tu de ces lointaines vacances ?
Il te suffisait de pousser la petite porte du jardin de bon matin pour emprunter le sentier qui menait à la mer, tout ondoyant dans la jeune lumière !
En mémoire, marche lentement sur les pierres.
Ferme les yeux et suis les ombres bleues.
Qu’importe que ton cœur batte plus fort sous l’effort ! Va doucement, car les feuilles de palmier, les premiers grains de sable blanc récompensent ta patience. Tu prends conscience que tu es arrivée par la trace que tu as laissée sur le sentier. Il est temps d’ôter tes sandales et d’avancer vers le berceau des vagues. Tu ne sais pas quand tu atteins la mer : la ligne qui sépare la rive de l’infini n’est pas clairement marquée. Elle ondule, sous le pinceau invisible du peintre suprême. C’est lorsque la première vague frappe ton cœur que tu peux t’abandonner à la nage.
Il en est de même pour la créativité.
Quand tu penses que celle-ci est trop loin de toi, ouvre ton carnet. La ligne qui distingue ton être du monde est finement tracée. Et si tu peines à avancer, fie-toi à l’étincelle de l’instant qui perce les voiles de tes pensées. Fais preuve d’humilité. Va avec confiance et cependant, précautionneusement, guidée par la pointe de ta plume ou de ton pinceau qui touche à peine le papier. Une fois vraiment parvenue à la page, tu n’as plus qu’à te pencher. Ne vois-tu pas à travers elle l’infini blanc, t’invitant à aller à lui, à flotter, telle une étoile de mer, sur le silence ?
Souviens-toi que tout commence par une porte entrouverte. Son seuil t’invite à déposer ta trace qui, lorsqu’elle s’efface et se fond dans l’éclatante blancheur, devient le signe que tu es loin déjà dans ton pèlerinage – touchant ce point où se concentre la goutte d’encre de l’univers.
Géraldine Andrée
