Écrire lentement.
Épouser l’intention de ses pensées
avec le mouvement de sa main.
Se souvenir
que l’on flottait, enfant,
sur l’ondulation tranquille
de l’eau,
comme cela,
visage face
au Très Grand,
et que l’on entendait,
mêlé au tempo
du flot,
le doux battement
de son sang
dans ses tempes.
Retrouver
l’accueil
de la vague
qui avance
parmi les feuilles
placées
en offrande
devant soi.
Voir briller
dans les reflets
bleu marine
le très sûr
sillage
de l’encre.
Écouter
le frottement
de la pointe
de la plume
ou le léger
crépitement
du stylo bille,
quand le mot
exauce
le voeu
de la main
que lui envoie
le coeur.
Écrire
si lentement
qu’il semble
que l’on annonce
sa trace
sur le chemin.
Et puisque l’on a conscience
que l’on passe
sur la page,
inéluctablement,
écrire
sans regret
son propre temps.
Géraldine Andrée