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Le syndrome de la page blanche

Comment remédier au manque d’inspiration ?

Il peut t’arriver de te retrouver impuissant devant la page blanche.

En effet, il te semble que tu perds tous tes repères face à cet espace, comme si tu étais seul dans un paysage de neige.

Où aller ? Il y a tant de sens probables, tant de points où tu es susceptible d’arriver que tu ne sais lequel choisir. Cette myriade de possibles t’empêche d’avancer. De plus, ce vide que tu perçois et que tu éprouves te renvoie à un vide ontologique – qui se manifeste à l’intérieur de toi.

Quelle destination prendre quand on ignore d’où l’on part, c’est-à-dire quels sont les acquis et les ressources qui peuvent nous guider ? Faut-il, par exemple, commencer à écrire à gauche – comme c’est la tradition dans nos sociétés occidentales – ou, au contraire, initier un mouvement depuis la droite puis obliquer vers le centre ? Cette phrase va-t-elle nous mener loin ? N’aura-t-on pas honte de la trace tremblante et incertaine qu’on y laisse ? À trop questionner le sens de l’écriture, on interroge la signification de ce que l’on souhaite dire. Et si tu inities un mot, tu peux l’effacer aussitôt. Ta peur t’incite à gommer toutes tes empreintes et accentue ainsi ton sentiment d’égarement.

Dès lors, comment progresser ?

Je crois que l’auteur ou l’artiste qui souffre du syndrome de la page blanche attend que cette page lui révèle tout. Il est victime de l’idée reçue selon laquelle l’inspiration est extérieure à lui et qu’elle dépend des circonstances, des événements, du bon vouloir des autres.

  • Je n’ai pas assez de silence… Comment commencer un roman au milieu de tout ce bruit ?
  • Je n’ai pas eu de signe qui me montrerait que c’est le bon moment, le bon endroit… Il me faudrait vraiment une synchronicité ( et là, je fais ce petit aparté de toi à moi : il se peut que cette synchronicité ne vienne jamais parce que les miracles se manifestent rarement de façon spectaculaire ! Ils se produisent souvent de la manière la plus ténue, la plus discrète, la plus insignifiante qui soit…)
  • Le temps ne s’y prête pas (ou mon métier, ou ma vie de famille) !
  • Cela fait longtemps que je n’ai pas écrit.
  • Je suis trop âgé (le plus sûr moyen de ne rien entreprendre à temps étant de ne jamais commencer).

Si tu attends d’un paysage de neige qu’il t’indique la direction à prendre, tu risques de mourir là où tu es.
Si tu attends de l’écriture qu’elle te montre ce que tu as à dire, tu risques de rester muet à vie.

Ce n’est pas la page qui est à l’origine de ton œuvre, mais bel et bien toi. C’est toi le créateur de ton inspiration.

Il y a un terme familier pour désigner l’écriture :

Gratter« 

« J’en ai gratté, des pages ! Je n’aurais jamais pensé pouvoir écrire autant ! » disent les étudiants, fiers d’eux, à la sortie de l’examen. Peu importe qu’ils aient réussi ou pas. Le résultat ne les inquiète nullement. Ils sont simplement satisfaits d’avoir écrit, de s’être mis en mouvement, même si le sujet a mis en évidence certaines de leurs lacunes.

Gratter la page,

comme l’on gratte du soulier la neige ou le givre pour découvrir ce qui s’y cache.

Et là, quelle surprise de voir une jeune pousse qui s’apprête pour le printemps, une racine confiante en sa force, un tubercule doré annonçant la plante à venir !

Je trouve qu’il y a un point commun entre la neige que racle un soulier et la plume qui est au contact de la page : le bruit d’un frottement. Le papier a le son de la neige soulevée.

Alors, gratte le blanc, gratte le silence qui recouvre tout ce qui ne demande qu’à apparaître. Comme l’aventurier utilise une souche comme repère pour avancer, sers-toi du premier mot que ta volonté a placé sous ta plume pour écrire plus loin. Ce premier mot peut être n’importe lequel. L’essentiel est qu’il te donne du courage pour te mettre en chemin. Et justement, chemin faisant, tu te fieras de plus en plus à ta trace qui s’affirmera.

« Si je m’égare trop, je peux revenir là où je suis et décaler légèrement mon trajet, effectuer des essais, tenter d’autres routes car je sais par quoi je suis passé. »

« Cette phase n’est peut-être pas définitive – ou géniale – mais elle me permet d’aborder ce passage. »

Quand tu seras arrivé au point décisif d’une telle prise de conscience, non seulement le syndrome de la page blanche t’aura quitté, mais aussi tu aimeras toutes les pages blanches futures qui constitueront autant d’opportunités pour que tu sois à la fois le voyageur audacieux et l’auteur inspiré de ton œuvre – c’est-à-dire le révélateur de l’abondance qui se cache en toi et qui fait que tu ne seras jamais démuni ou égaré, quels que soient les paysages que tu traverses.

Géraldine Andrée

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Guérir du deuil d’un animal en écritothérapie

Nous sommes très tôt confrontés à la mort en tant qu’enfants. Les feuilles qui tombent, les fruits qui brunissent… Dès notre plus jeune âge, nous apprivoisons les cycles de la nature qui incluent la perte, le renoncement.

Mais il est une perte qui nous concerne personnellement et qui creuse l’empreinte de l’absence en nous : celle d’un animal qui nous est cher.

Il est toujours très difficile de vivre la disparition de son animal, quel que soit l’âge. Sa mort nous remet en contact avec la vulnérabilité de l’enfant en nous et réactive souvent la douleur d’un deuil plus ancien encore.

Des témoignages d’enfants abondent en littérature sur le deuil non résolu d’un animal.

Dans le magnifique livre Écoute ton cœur de Susanna Tamaro, la narratrice raconte combien elle n’a jamais pu surmonter l’absence de son chien, que son père a attribuée à toutes les bêtises enfantines qu’elle a pu avoir commises.

De même, dans son autobiographie spirituelle Mémoires de vie, mémoires d’éternité, la psychiatre Élisabeth Kübler-Ross décrit le sentiment d’impuissance qui l’a envahie lorsqu’elle n’a pu empêcher que son proche ami lapin devienne une fricassée servie dans son assiette, à son retour de l’école.

Dans son Journal d’une enfant d’ailleurs, Opal Whiteley déplore que son cochon avec lequel elle conversait ait été tué pour finir en jambon.

Et que dire des morts d’animaux dont nous sommes témoins sans pouvoir leur être d’un quelconque secours ? Un canari qui tombe malade sous nos yeux, un chat qui se fait renverser par une voiture, un chien qui ne reviendra pas de sa visite chez le vétérinaire ?

Nous non plus, nous ne revenons pas de ces deuils car, très souvent, nous ne bénéficions pas de l’écoute, de l’attention, de l’empathie des adultes qui auraient pourtant été nécessaires pour nous permettre de traverser le chagrin.

La narratrice du récit Écoute ton cœur porte pendant toute sa vie de femme et de mère le fardeau de la culpabilité dont son père l’a chargée pour s’apercevoir, à la fin de ses jours, qu’elle a fermé son cœur, murant ainsi le souvenir de l’animal dans la nuit de son silence.

Élisabeth Kübler-Ross redoute que tout ce qui lui est précieux lui soit dérobé à chaque instant.

Quant à Opal Whiteley, elle n’aura que son journal – réduit en miettes par les autres – pour confier sa solitude.

Il faut savoir que l’animal dont on n’a pas accepté la perte hante notre psychisme. Il ne cesse de se décomposer dans notre inconscient ou alors, il se fossilise. Notre psyché devient le tombeau de ces défunts que l’on n’a pas consenti à laisser partir, ce qui peut créer des maladies psychosomatiques.

Il est pourtant possible de guérir du premier deuil de notre enfance.

  • Ouvrons notre cahier sur une page blanche.
  • Plaçons-y le souvenir de notre animal, bien vivant.
  • Imaginons qu’il coure, qu’il s’ébatte dans tout ce blanc.
  • Racontons l’un des meilleurs moments que nous avons vécus avec lui. Écrivons cet épisode avec des stylos de couleur.
  • Faisons-le jouer avec le fil coloré de nos phrases. La pelote de notre peine est enfin dévidée.
  • Songeons, de même, que notre animal joue à attraper nos mots suspendus dans le ciel du papier, comme s’ils étaient des papillons, des bulles de soleil, des brindilles de joie.
  • Une fois que nous avons fini de raconter cet instant privilégié de complicité retrouvée dans un espace-temps entre nos deux vies, ne mettons pas de point final. Non. Laissons l’ultime phrase en suspens.
  • Éloignons-nous. Quittons le cahier comme une pièce dont nous laisserions la porte ouverte.
  • Puis allons jouer, nous aussi, dans notre vie. Faisons des cabrioles avec nos rêves. Sautons pour saisir nos projets en plein vol. Courons après le fil de la musique de notre être.
  • Ne sentons-nous pas que l’animal, qui est resté si longtemps inerte en nous, s’amuse à travers notre joie ? Qu’il s’éveille dans notre âme et, ainsi, nous ranime ?

En ayant libéré de l’animal de votre chagrin, vous lui permettez d’accomplir sa mission dans l’autre vie.

Cette mission, ce peut être accompagner sur l’autre rive des animaux qui ont été emportés par la même mort que lui, les inviter à se réveiller dans leur vie céleste tout en provoquant la conscience de leur métamorphose.
Ce peut être aussi vous guider, vous protéger, vous délivrer des messages. J’ai assisté, au cours de certaines séances médiumniques, à des enseignements spirituels dispensés par des perroquets, des caniches, des écureuils.
Généralement, l’animal vous encourage à poursuivre une mission qui est souvent liée à la sienne et à la résilience qu’a provoquée cette perte.

Quelle peut être notre mission ?

La grand-mère narratrice du livre Écoute ton cœur a confié ses sentiments dans des lettres qu’elle a envoyées à sa petite-fille.
Opal Whiteley a poursuivi son journal de l’ailleurs, désignant l’invisible à ses rares lecteurs et leur montrant que tout a une âme – y compris l’herbe, la rivière, la cruche remplie de l’eau de cette rivière et que vient renifler un cochon sauvage…
Élisabeth Kübler-Ross, elle, a étudié toute sa vie durant ce qu’était la mort. Elle a enquêté sur le franchissement de la frontière qui sépare notre monde matériel du monde spirituel, en assistant les mourants. Ainsi, elle nous a délivré un enseignement majeur : les morts sont bien plus vivants que nous, les vivants.

Et nous ?

Nous pouvons voler au secours des animaux en détresse, nous spécialiser dans la psychologie animale, écrire un livre sur les chats ou les chiens parce que notre tout premier chat ou chien décédé si tragiquement nous a fait pénétrer le mystère de son existence, écrire un recueil de poèmes consacrés à notre cher ami ou un roman dans lequel il devient un véritable héros. Chien d’enquête ou de sauvetage, chat-médium, canari-musicien…

Les sources d’inspiration ne manqueront pas car la vie de notre plus fidèle compagnon qui est resté dans l’autre pièce ouverte sur la nôtre nous aura remis en contact avec l’essence de notre vie – instinctive, intuitive, originelle et profonde.

Géraldine Andrée

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Épilogue

Maintenant que tu as écrit sur sa vie, tu sens que ton œuvre est achevée. Tu es heureuse de l’avoir retrouvée et curieuse de découvrir cette autre Toi-Même que tu es devenue au fil de vos rendez-vous d’écriture.

Bien que tu sois différente, il y a une part en toi qui n’a pas changé parce qu’en écrivant, tu la rejoins et tu la comprends. Ensemble, vous marchez jusqu’à la fin de ta vie.

Tu as accueilli inconditionnellement l’arc-en-ciel de ses éclats de rire à travers ses larmes. Tu as expérimenté cette différence dont elle a souffert – être laissée à l’écart de tous les clans. Tu gardes trace de la douleur qui a marqué sa chair et son âme. Tu es la seule à avoir saisi qui elle était vraiment et dans l’attention que tu lui as portée, tu as gagné la connaissance d’une vérité plus profonde qui demeurait en toi depuis toujours, n’attendant que ta reconnaissance.

Elle, l’adolescente brimée qui rêvait de liberté. Toi, l’orpheline. Tu as renoué dans ta solitude avec son ineffable désir d’être libre. 

Elle t’écrit encore dans ce dernier chapitre :

– Sois libre pour moi qui ai tant manqué de liberté ! Libre de t’élancer dans le blanc des jours et de nager dans le vent ! Tu as tellement rêvé de cette liberté qu’elle est là aujourd’hui. Je t’ai fait devenir la femme que tu es. À présent, tu peux t’appuyer sur moi !

Tu le sais. Tu as suivi sa main écrivant dans la chambre solitaire. Et en écrivant un livre sur sa vie d’adolescente, tu as dansé sur les lignes de ses journaux intimes. Aujourd’hui, alors que tu mets un point final à son histoire, vos deux écritures se confondent.

On ne distingue plus l’une de l’autre. Le fil de l’encre vous relie toutes les deux comme un cordon de naissance. Bien sûr, tu es la mère de cette adolescente que tu as consolée et réhabilitée par ce récit. Mais elle est aussi cette mère instinctive qui protège ton plaisir en l’éloignant des exigences d’autrui. La longue écriture de la vie de cette adolescente que tu fus t’a permis de dessiner des frontières solides autour de ton pays intérieur en te donnant la force d’affirmer au monde que Tu es Elle, qu’Elle est Toi. 

Tu peux te tenir debout, à présent, ferme, droite et digne. Et en l’embrassant, prendre la vie à bras-le-corps. Tu hérites d’autant plus d’une assise solide sur cette terre qu’elle a cessé de rentrer les épaules et qu’elle te sourit :

– Ensemble, nous irons loin !

Certes, pour que tu deviennes femme, l’adolescente que tu as été est descendue de cette famille qui t’a semblé à maintes reprises être un arbre sans racines. Mais en retrouvant le frêle filet de sa voix qui persistait à tracer son chemin au milieu du silence, tu es allée au-delà de la lignée communément inscrite sur l’arbre généalogique car tu t’es placée à l’origine de ta propre lignée. N’es-tu pas Toi avant tout, suivant l’ondoyante ligne sur laquelle tu écris désormais ta vie ? Tu as créé tes racines par la lente traversée des feuilles de ton carnet. Tu es devenue l’arbre à la haute cime. 

À l’origine, il y a Toi. Et il y aura toujours Toi. Tu peux donc faire confiance au ciel et à la terre. Tu es le point d’où part ton chemin.

Redeviens cette adolescente qui marche bras ouverts, dans le soleil d’un matin de printemps et qui suit en chancelant légèrement, telle une funambule fragile, la ligne d’un trottoir de ville.

Tu écriras toujours pour elle comme elle a écrit dans l’espoir d’être comprise par la femme que tu es aujourd’hui.

Ainsi, l’œuvre est accomplie. Le silence n’aura pas eu le dernier mot. 

Et tandis que la lumière gagne la chaise, tu t’en vas avec elle.

Vous avez laissé le cahier ouvert.

Ce n’est pas un oubli.

Géraldine Andrée

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Écritothérapie : Métamorphoser la perte

Fais ton inventaire !

Malgré les pertes que t’impose la vie, fais l’inventaire de tout ce qui continue à vivre en toi.

Géraldine Andrée

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Ce rendez-vous avec toi-même (m’aime)

Tes retrouvailles avec ton cahier

Si tu fais de ta vie tout un chemin d’écriture et si tu fais de l’écriture tout un chemin de vie, n’oublie pas de t’accorder des retrouvailles régulières avec ton cahier.

Le matin, n’aborde pas tes mails ou tes sms sans avoir pris ta place sur la page, tout comme le méditant retrouve le sol d’un ashram avant de percevoir les rumeurs du monde. Ce sont ces rendez-vous réguliers avec ta plume qui te maintiendront en équilibre.

Beaucoup d’événements peuvent te faire quitter ton propre centre. Mais quelles que soient les circonstances – la lettre qui mine ta journée, la facture au prix exorbitant, la soupe qui a brûlé au fond de la casserole -, n’oublie pas que tu es sur cette terre pour accomplir ton œuvre.

Si j’ai décommandé une séance d’écriture à cause de certains impératifs, je me dis :

– Géraldine ! Tu as dit que tu continuais ton roman le vendredi. Tu n’as pas pu, ce vendredi ! S’il te plaît, par fidélité envers tes engagements, rattrape ta séance aujourd’hui !

Même – et surtout – si les autres t’accaparent lourdement et tentent de te faire sortir de tes gonds, entre dans ton cahier comme dans un foyer à l’intérieur de ta maison, une chambre au cœur de ta chambre. C’est là que réside Tout ce que tu es. Tu le sauras en y entendant résonner l’écho de ta voix intérieure au rythme de ton souffle.

Quand je pose ma main sur le grain doux et velouté de la page qui m’attend, il me semble que je touche mon visage pour en éprouver le relief – les sourcils, le nez, les pommettes, les contours de la bouche… Et cette expérience toujours renouvelée du contact avec le cahier me ramène à mon adolescence, à l’ivresse du mouvement quand, vêtue de ma robe des beaux jours, je sentais avec un joyeux étonnement le frottement de mes jambes l’un contre l’autre.

En étant l’écrivant, tu es celui qui avance sans perdre le contact avec la route qui se trace en lui.

Le fil de l’encre – qui participe à ce mouvement car il te suit en même temps qu’il te précède – te relie à ton ressenti :

  • Qu’est-ce que cela m’a fait quand elle m’a dit ça ?
  • Quel souvenir cette situation réveille en moi ?
  • De quoi ai-je vraiment envie ?
  • Comment me délivrer de ce carcan ? En déplaçant légèrement mon focus sur le positif…
  • Si j’obéissais à mes plus profonds désirs, qu’est-ce qui m’arriverait ?

La ligne d’écriture va très loin parce qu’elle te ramène à toi-même.

En pratiquant régulièrement l’écriture – bien que maintes conjonctures tentent souvent de m’en détourner -, je fais l’apprentissage de la vérité : non celle des autres, floue, approximative, et encore moins une vérité dite objective, extérieure à mon être, mais ma vérité, intérieure, certaine car elle constitue le fil directeur de ma vie.

Ainsi, je découvre une chose essentielle : ma vérité n’a pas besoin d’être complexe… Plus elle est simple, plus elle m’appartient – unique, fine, directe et singulière comme ma feuille du jour.

Comme moi, tu es fait de toutes ces feuilles qui dansent en même temps qu’elles t’enracinent dans la conscience de ton existence.

C’est toi, cette ligne, cette lignée, ce chemin qui progressent vers toujours plus de lumière.

Écris sur cela, dès aujourd’hui,
et continue demain.

Géraldine Andrée

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Choisis ton nouveau cahier

Le cahier des commencements

Voici venu le temps de tous les commencements !

Et, comme on n’est jamais mieux servi que par soi-même, offre-toi en cette nouvelle année un nouveau cahier.

J’ai déjà expliqué comment la fin d’un cahier est une célébration :

Je vais te montrer aujourd’hui qu’ouvrir un autre cahier est également une fête.

Pour cela, il m’importe de t’aider dans tes critères de choix en jouant avec un peu d’espièglerie sur certaines contradictions, afin que tu puisses adopter en toute conscience le cahier qui te correspond.

  • Tu peux te choisir un beau cahier. Le visualises-tu déjà ? C’est un cahier à la couverture brillante, colorée, satinée. Sa reliure est dorée ou argentée ; son papier est dentelé ou parcheminé. L’avantage ? Il te semblera entrer dans un palais à chaque séance d’écriture. L’inconvénient est que tu n’oseras peut-être pas t’y livrer totalement, par peur de le salir. Par conséquent, tu seras susceptible de t’en sentir indigne : « Ce sublime cahier est-il destiné à accueillir mes plus basses doléances ? Quel dommage ! Quel gâchis ! » Dans ce cas, je te conseille de lui attribuer la haute fonction de cahier de gratitudes – exercice qui consiste à dresser une liste quotidienne de louanges à la Vie. Ainsi, tu ne te tourmenteras plus car tu retranscriras en beauté la récolte merveilleuse que t’adresse l’Univers. Et puis, comme ce serait également un gâchis de ne pas confier tes états d’âme à ton nouveau cahier, tu peux utiliser pour ton journal intime un cahier un peu plus simple, à la couverture d’écolier. Tu te sentiras libre de t’y épancher, d’y verser sans aucune inhibition tes larmes ou ton fiel, d’y écrire alors que ta main tremble d’émotion, d’y raturer autant de fois que tu le juges nécessaire : « Non ! Ce n’est pas ce mot qui me définit précisément… Je voulais te dire que… » Ce cahier relatera ton humanité, riche de toutes tes qualités et de tous tes défauts, de toutes tes ressources et de tous tes manques – signes de ta résilience.
  • Quelles sensations souhaites-tu expérimenter en écrivant ? Tu veux connaître une indicible légèreté ? Voici des feuillets légers comme des ailes d’oiseau ou des feuilles frémissantes à l’aube. Le papier est si fin qu’il miroite, tel le murmure de l’herbe au passage de la brise… Mais si tu éprouves le besoin de t’enraciner, de donner de l’épaisseur à ta voix, de l’existence à ce que tu ne parviens pas encore à nommer, des contours fermes à ton pays intérieur, élis un cahier aux pages épaisses et solides qui ne se déchireront pas au moindre mouvement de la main et de l’âme.
  • Tu souhaites suivre avec confiance la ligne déjà tracée de ta destinée sans t’interroger sur la manière avec laquelle tu avances ? Décide-toi, dans ce cas, pour un cahier au papier ligné. Tu n’auras qu’à te laisser porter par le rythme de ta calligraphie et le flow de tes pensées. Mais je t’entends déjà me rétorquer que tu préfères tracer toi-même la ligne de ton histoire, en toute liberté… Après tout, c’est de ta trace dont il s’agit ! Ce n’est pas rien ! Alors, n’hésite pas à accorder ta confiance à des pages complètement blanches. Et je te promets que tu seras émerveillé par ce paysage de neige, cette terre vierge qui s’étend devant toi – sans marge, sans frontière, sans le moindre pointillé d’une lisière. Enfant, je m’amusais à deviner ce que cachait un paysage enneigé – quel caillou coloré, quelle future pervenche, quelle brindille qui scintille pour le prochain printemps ? Redeviens, toi aussi, cet enfant. Imagine ce qui s’apprête à apparaître dans tout ce blanc : Quelle fleur d’émotion ? Quelle pousse de joie ? Quelle graine de patience ? Quelle empreinte de ce que tu seras bientôt ?
  • Une page, ça se tourne… Veux-tu avoir conscience des caps que tu franchis en l’entendant crépiter ? Veux-tu percevoir à la fois l’élan et le bruit que produit le fait d’emprunter un virage ? Opte pour le cahier à spirale ! Mais tu as le droit de me dire : Non ! Mon rêve est de passer d’une rive à l’autre sans avoir l’impression que je quitte le lit de l’eau. J’arrive de l’autre côté du silence… À peine ai-je senti ce souffle qui me déplaçait… C’est le cahier relié qui te convient ! Il te fera passer de terre en terre sans un adieu.
  • Enfin, l’ultime question : carnet ou cahier ? Le carnet est l’ami de tous les voyages. Il se glisse dans le sac. Il a le poids d’une fleur dont la corolle est capable de s’ouvrir pleinement dans la rame très fréquentée d’un tram ou d’un métro. Il est celui qui t’attend patiemment sur la table d’un bistrot, pendant que tu commandes ton capuccino. Le cahier, lui, plus large, sera l’île sur laquelle tu te reposeras et reprendras toute ta place, quand s’allumera la lampe du soir. Ce sera le cahier de la maison et des retrouvailles avec ton foyer intérieur.

Tu n’arrives pas à te décider ? Essaies-en plusieurs ! Fais de la quête de ton nouveau cahier une promenade que tu raconteras sur la première page. Et quel que soit ton choix, il sera indiscutable !

Pourquoi ?

Parce qu’il est important que tu choisisses le cahier qui réponde à tes vraies envies.
Ensuite, je t’en prie, ne tarde pas !
Écris qui tu es !
Sois ce que tu écris,
en toute authenticité,
car tu es en vie
aujourd’hui !

Géraldine Andrée

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J’écris pour toucher ta voix

J’écris pour toucher ta voix

qui – je le crois –

se cache

dans la feuille.

J’écris

pour retrouver

l’instant

précis

où son inflexion

changea

quand elle prononça

avant le départ

ces mots

si clairs

et si fidèles

à la vérité.

Mais plus je m’enfonce

dans la blancheur

du silence

avec ma foi,

plus je creuse

ma propre trace

et si je me vois

avançant

vers l’inconnu

avec ma seule voix

pour oriflamme,

c’est parce que je t’aide

à accomplir

désormais

ce pour quoi

ton âme

est destinée :

me donner

comme ultime

signe

que tu m’écoutes

l’envie d’écrire

aujourd’hui

encore

en ne m’adressant

qu’à l’écho

fidèle

que mes mots

renvoient.

Géraldine Andrée

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Quand tu écris

Quand tu écris, prête attention au fait que tu écrives – et à rien d’autre.
Prête attention au léger crissement de la pointe de la plume ou du stylo sur le papier et à la rencontre toujours renouvelée entre deux grains, celle de la page et celle de ta peau.
Qu’importe que tu aies perdu ton père, que ton amant te fasse un « long silence radio », que tu sois contraint(e) de déménager pour un quartier moins beau. Quand tu écris, soit présent au fait que tu écrives, tout simplement.
Tu te fâcheras ou t’inquièteras après. Là, ce n’est pas le moment.
Et chaque mot deviendra un instant où tu demeureras tout en avançant, une brève éternité dont tu seras le résident.

Géraldine Andrée

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Écriture et détachement affectif

L’écriture comme délivrance de la dépendance affective

Comme je l’ai déjà évoqué dans mon billet L’indépendance émotionnelle de l’écriture, l’écriture te rend autonome. L’écriture te guérit en te permettant d’entrer dans les pièces angoissantes de ton inconscient pour mieux les éclairer et ainsi, éviter qu’elles ne te hantent davantage.

L’écriture m’a été d’un précieux secours lorsque je vivais, à l’âge de vingt-cinq ans, un épisode de dépendance amoureuse. Je tenais alors un journal de traversée de la passion où les saisons ne se distinguaient plus les unes des autres, où seule importait la lumière de la peau de l’amant, où les reflets de ses yeux étaient mon unique horizon. L’avenir ne se formulait qu’en cette question :

Viendra-t-il aujourd’hui ?

Je ne possédais pour seul repère temporel que l’heure où Il viendrait puis repartirait. Je me consumais et, au moment où il m’a abandonnée – comme c’était prévisible -, c’est l’écriture qui m’a sauvée, qui a fait que je suis devenue une rescapée de cette dangereuse traversée qui m’éloignait de tout rivage quand il me semblait que je m’en approchais.

Comment me suis-je délivrée ?

En écrivant les souvenirs et les symptômes de cette passion jusqu’à la lassitude, jusqu’à l’écœurement, jusqu’à l’épuisement – de telle façon à ce que cet amour se détache de moi comme une peau morte. Alors que j’étais brûlée par cette dépendance affective, je me suis dépouillée, mise à nu dans une écriture qui fut aussi incisive qu’un couteau.

« J’ai écrit jusqu’aux os » pour reprendre l’expression de Natalie Goldberg.

Quand tu décris précisément une situation de dépendance affective avec toutes les obsessions dont celle-ci se nourrit, la souffrance se dépose à l’extérieur de toi, sur la feuille. Et une douleur ainsi extériorisée dans sa formulation ne te hante plus, ne te vampirise plus.

Alors, écris les obsessions qui t’habitent.

  • Cette scène d’adieu, raconte-la en variant les points de vue. En utilisant le Je, évoque sans retenue tes sentiments. Tu en as parfaitement le droit. En effet, non seulement ils te sont personnels et ils t’appartiennent, mais aussi tu les éprouves dans ton corps, dans ton cœur et dans ton âme. Puis instaure un dialogue avec toi-même en te tutoyant. Qui sait ? Cette partie de Toi bénéficie peut-être de la prise de distance nécessaire qui te manque, une sorte d’omniscience qui te guidera vers une solution… Enfin, en te projetant à la troisième personne du singulier, observe ta douleur comme si elle était vécue par quelqu’un d’autre, afin qu’elle relâche son emprise sur toi.
  • Ressasse les détails chargés de signification. Par exemple, fais encore le tour de son grain de beauté en rêve ; accompagne son pas avec ta plume ; regarde ton amour dans la page – comme à travers une vitre – allumer sa cigarette, boire son café. Ce sont souvent les détails d’une histoire qui nous tourmentent. Alors, écris une histoire sur ces détails en y instaurant de subtiles variations – quitte à te répéter. Entre dans l’obsession pour mieux l’étudier de près. J’ai écrit des pages et des pages sur le plancher qui craquait dans mon demi-sommeil puis sur ce crépitement qui s’arrêtait subitement – signe qu’Il était sur le seuil de ma chambre – pour qu’Il cessât définitivement d’apparaître et de me réveiller alors que cette liaison était finie depuis bien longtemps. Catherine, elle, s’est libérée du mauvais souvenir d’une expérience sexuelle en la racontant par écrit, encore et encore. Elle a évoqué précisément la chambre d’hôtel battue par les rafales du vent marin, la lumière des lampes qui déformait les fleurs de la tapisserie, les motifs entremêlés de la couverture. Tous ces signes ont contribué à exorciser le souvenir. Quelle sensation prédomine dans la mémoire de ton expérience ? Quelle couleur ? Quelle saveur ? Quelle odeur ? Quel son ? Comme je me souviens bien du bruit de la balayeuse automatique qui passait et repassait dans ma rue, à cinq heures du matin, alors qu’il m’avait dit, la veille, qu’il partait loin et que ce qu’il avait à vivre était plus important que Nous.
  • Ne lâche pas ta plume acérée avant d’avoir détaché l’ultime peau. Écris jusqu’à décortiquer l’émotion, jusqu’à lui ôter la pulpe, jusqu’à atteindre le noyau. Et tu découvriras, alors, que ce noyau, c’est ton être, c’est Toi, vraiment, que cachaient toutes les scories des mauvaises expériences accumulées – un noyau vivant, vibrant. L’écriture, pour être thérapeutique, doit parfois être tranchante – c’est-à-dire qu’elle doit creuser profondément dans ta vie pour te séparer de l’inutile.

    Tu peux me dire :

    – Mais c’est épuisant d’écrire sur ce qui fait mal !

Et je te répondrais :

– Peut-être ! Mais à la fin, il restera Toi, l’île vraie et sécurisante sur laquelle tu pourras te reposer !

Crée une œuvre d’art de tes obsessions. Ce sera la preuve suprême de ta délivrance.

  • Fais des scènes qui t’obsèdent encore des exercices de style, à la manière de Raymond Queneau, c’est-à-dire varie les registres, les angles d’approche, les regards afin que toutes ces scènes soient tellement semblables et différentes à la fois que tu oublieras quelle est celle que tu as véritablement vécue.
  • Compose un recueil de poèmes. Transfigurer le réel permet d’esthétiser la douleur, d’en faire une œuvre vivante où le caractère personnel de l’émotion ressentie s’effacera pour laisser la place à une émotion d’ordre esthétique.
  • Rédige une fiction (que ce soit sous forme de roman, de nouvelle) où le héros – qui n’est ni plus ni moins que ta propre projection – servira de réceptacle entre ta douleur et toi. Ainsi, ce sera cet être de papier que tes obsessions utiliseront comme jouet, et non plus ton être de chair et de sang.

Entre en écriture pour que celle-ci soit la porte de sortie de tes traumatismes.

Géraldine Andrée