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Suivez l’Ariadne

L’Ariadne ajaccienne, une fleur à fleur de mer…

Parce que les lieux perdus peuvent se retrouver dans la trace que laisse l’écriture, les disparitions ne sont ni inéluctables, ni définitives.

Il est des biographies d’hommes célèbres, de stars.

Il est aussi des biographies d’inconnus qui cultivent des jardins qui ne leur appartiennent pas ; des biographies d’humbles maraîchers qui font éclore les fleurs et les fruits des autres.

Il est des biographies d’anonymes qui font advenir la terre en secret.

Il est des biographies de pays, de jardins, de feuilles, de lumières ; des biographies qui passent de bouche à oreille, de rêve en rêve et que le murmure d’une fontaine bien ancienne traverse ; des biographies de l’invisible et de l’indicible.

C’est cette biographie que je vous propose de vous faire découvrir aujourd’hui, une biographie nouvellement née de la collaboration entre Marie-Hélène Ferracci et L’Encre au fil des jours/Géraldine Andrée (Muller).

Il était une fois un jardin ajaccien dont vous pouvez suivre le fil du chant, de l’eau et de l’Ariadne ici. Souvenez-vous ! Il n’est pas si loin, ce jardin ! Il vous attend à la prochaine page !

Pour cela, suivez l’Ariadne…

Géraldine Andrée

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Finalement

Le bonheur pendant que le café coule
de changer ma cartouche d’encre
et de toucher avec ma plume
le ciel satiné de la page
que m’offre mon cahier
le dimanche matin.
Je n’ai même pas besoin
d’ailes
pour m’envoler
loin
car je m’abandonne
à chaque mot
qui vient.
C’est cela,
finalement,
être libre.

Géraldine Andrée

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Sans titre

J’écris pour rattraper ce qui s’efface,

les pointillés d’or du jour

qui tremble entre les branches,

l’étincelle de l’abeille

qui traverse l’ombre

tandis que la première feuille

tombe,

l’ultime grain du rire

de l’enfance

roulant dans le silence,

les notes de la fontaine

que l’on entend encore

derrière la grille close,

les pétales du bouquet fripé,

recueillis dans les paumes

de Marie,

le château de sable

doucement défait

par la vague,

la phrase

dont le dernier mot

se fond dans l’azur jauni

du papier,

la conversation inachevée

au téléphone

un soir d’hiver

et ta voix en rêve

qui me conseille

depuis l’au-delà de l’absence

de compter

toutes les étoiles

afin de redonner un nom

à celle qui manque

au regard.

J’écris pour retenir

tout ce qui s’enfuit,

emporté par la vie.

Je n’y parviens point,

hélas !

Mais lorsque je me retourne

sur ce chemin

qui semble

vainement

accompli,

je vois

que j’ai laissé une trace

pour le souvenir

qui me suit.

Géraldine Andrée

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Guérir du deuil d’un animal en écritothérapie

Nous sommes très tôt confrontés à la mort en tant qu’enfants. Les feuilles qui tombent, les fruits qui brunissent… Dès notre plus jeune âge, nous apprivoisons les cycles de la nature qui incluent la perte, le renoncement.

Mais il est une perte qui nous concerne personnellement et qui creuse l’empreinte de l’absence en nous : celle d’un animal qui nous est cher.

Il est toujours très difficile de vivre la disparition de son animal, quel que soit l’âge. Sa mort nous remet en contact avec la vulnérabilité de l’enfant en nous et réactive souvent la douleur d’un deuil plus ancien encore.

Des témoignages d’enfants abondent en littérature sur le deuil non résolu d’un animal.

Dans le magnifique livre Écoute ton cœur de Susanna Tamaro, la narratrice raconte combien elle n’a jamais pu surmonter l’absence de son chien, que son père a attribuée à toutes les bêtises enfantines qu’elle a pu avoir commises.

De même, dans son autobiographie spirituelle Mémoires de vie, mémoires d’éternité, la psychiatre Élisabeth Kübler-Ross décrit le sentiment d’impuissance qui l’a envahie lorsqu’elle n’a pu empêcher que son proche ami lapin devienne une fricassée servie dans son assiette, à son retour de l’école.

Dans son Journal d’une enfant d’ailleurs, Opal Whiteley déplore que son cochon avec lequel elle conversait ait été tué pour finir en jambon.

Et que dire des morts d’animaux dont nous sommes témoins sans pouvoir leur être d’un quelconque secours ? Un canari qui tombe malade sous nos yeux, un chat qui se fait renverser par une voiture, un chien qui ne reviendra pas de sa visite chez le vétérinaire ?

Nous non plus, nous ne revenons pas de ces deuils car, très souvent, nous ne bénéficions pas de l’écoute, de l’attention, de l’empathie des adultes qui auraient pourtant été nécessaires pour nous permettre de traverser le chagrin.

La narratrice du récit Écoute ton cœur porte pendant toute sa vie de femme et de mère le fardeau de la culpabilité dont son père l’a chargée pour s’apercevoir, à la fin de ses jours, qu’elle a fermé son cœur, murant ainsi le souvenir de l’animal dans la nuit de son silence.

Élisabeth Kübler-Ross redoute que tout ce qui lui est précieux lui soit dérobé à chaque instant.

Quant à Opal Whiteley, elle n’aura que son journal – réduit en miettes par les autres – pour confier sa solitude.

Il faut savoir que l’animal dont on n’a pas accepté la perte hante notre psychisme. Il ne cesse de se décomposer dans notre inconscient ou alors, il se fossilise. Notre psyché devient le tombeau de ces défunts que l’on n’a pas consenti à laisser partir, ce qui peut créer des maladies psychosomatiques.

Il est pourtant possible de guérir du premier deuil de notre enfance.

  • Ouvrons notre cahier sur une page blanche.
  • Plaçons-y le souvenir de notre animal, bien vivant.
  • Imaginons qu’il coure, qu’il s’ébatte dans tout ce blanc.
  • Racontons l’un des meilleurs moments que nous avons vécus avec lui. Écrivons cet épisode avec des stylos de couleur.
  • Faisons-le jouer avec le fil coloré de nos phrases. La pelote de notre peine est enfin dévidée.
  • Songeons, de même, que notre animal joue à attraper nos mots suspendus dans le ciel du papier, comme s’ils étaient des papillons, des bulles de soleil, des brindilles de joie.
  • Une fois que nous avons fini de raconter cet instant privilégié de complicité retrouvée dans un espace-temps entre nos deux vies, ne mettons pas de point final. Non. Laissons l’ultime phrase en suspens.
  • Éloignons-nous. Quittons le cahier comme une pièce dont nous laisserions la porte ouverte.
  • Puis allons jouer, nous aussi, dans notre vie. Faisons des cabrioles avec nos rêves. Sautons pour saisir nos projets en plein vol. Courons après le fil de la musique de notre être.
  • Ne sentons-nous pas que l’animal, qui est resté si longtemps inerte en nous, s’amuse à travers notre joie ? Qu’il s’éveille dans notre âme et, ainsi, nous ranime ?

En ayant libéré de l’animal de votre chagrin, vous lui permettez d’accomplir sa mission dans l’autre vie.

Cette mission, ce peut être accompagner sur l’autre rive des animaux qui ont été emportés par la même mort que lui, les inviter à se réveiller dans leur vie céleste tout en provoquant la conscience de leur métamorphose.
Ce peut être aussi vous guider, vous protéger, vous délivrer des messages. J’ai assisté, au cours de certaines séances médiumniques, à des enseignements spirituels dispensés par des perroquets, des caniches, des écureuils.
Généralement, l’animal vous encourage à poursuivre une mission qui est souvent liée à la sienne et à la résilience qu’a provoquée cette perte.

Quelle peut être notre mission ?

La grand-mère narratrice du livre Écoute ton cœur a confié ses sentiments dans des lettres qu’elle a envoyées à sa petite-fille.
Opal Whiteley a poursuivi son journal de l’ailleurs, désignant l’invisible à ses rares lecteurs et leur montrant que tout a une âme – y compris l’herbe, la rivière, la cruche remplie de l’eau de cette rivière et que vient renifler un cochon sauvage…
Élisabeth Kübler-Ross, elle, a étudié toute sa vie durant ce qu’était la mort. Elle a enquêté sur le franchissement de la frontière qui sépare notre monde matériel du monde spirituel, en assistant les mourants. Ainsi, elle nous a délivré un enseignement majeur : les morts sont bien plus vivants que nous, les vivants.

Et nous ?

Nous pouvons voler au secours des animaux en détresse, nous spécialiser dans la psychologie animale, écrire un livre sur les chats ou les chiens parce que notre tout premier chat ou chien décédé si tragiquement nous a fait pénétrer le mystère de son existence, écrire un recueil de poèmes consacrés à notre cher ami ou un roman dans lequel il devient un véritable héros. Chien d’enquête ou de sauvetage, chat-médium, canari-musicien…

Les sources d’inspiration ne manqueront pas car la vie de notre plus fidèle compagnon qui est resté dans l’autre pièce ouverte sur la nôtre nous aura remis en contact avec l’essence de notre vie – instinctive, intuitive, originelle et profonde.

Géraldine Andrée

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Le voyage de la biographie

La biographie est un voyage.

Son écriture, de séance en séance, vous guide à travers un éternel présent que sont l’entretien et la durée qui vous sépare de l’entretien suivant.

Tandis que votre voix sème les souvenirs et que je les transcris sur la page, la couleur de la lumière change. Les ombres se raccourcissent ou s’allongent. L’écriture de votre livre nous mène de saison en saison. Il arrive toujours le moment où le narrateur que vous êtes et l’écrivain-biographe que je suis, nous nous surprenons à dire :

– Tiens ! Il y a quelques semaines encore, il neigeait et aujourd’hui, les bourgeons apparaissent !

Ou

– Les feuilles deviennent rousses ! Les chemins sont gorgés de pluie !

Signe que le livre avance au fil de votre voix et sous le mouvement de ma main pour arriver à son terme, si sa naissance est annoncée à l’automne.

Ce qui est spécifique au projet biographique, c’est que le temps de l’écriture se mêle au temps du souvenir. Pendant que les fleurs étincellent à votre fenêtre, nous racontons ensemble votre patinage sur l’étang gelé de votre jeunesse. Pendant que le givre étoile les branches de l’arbre d’aujourd’hui, le pommier du jardin de jadis se constelle de pétales roses et blancs. Votre mémoire est un miroir qui vous projette ce qui vous semblait disparu depuis longtemps : le cristal du vase de votre grand-père, le chat tigré, le muret bordé de mousses sur lequel votre fiancée vous attendait, la robe du premier soir de bal…

Ma plume alliée à votre voix et votre voix unie à ma plume créent un temps unique, hors du temps, où les mots sont des secondes qui vous révèlent l’éternité de votre enfance que vous croyiez à jamais perdue.

C’est ainsi que dans votre chambre peut résonner le galop du feu cheval ami Tremblecour qui revient de si loin – du pays de l’oubli – pour vous retrouver comme si vous aviez dix ans. C’est ainsi que la lumière de la lampe d’un conte éclairant vos anciens rêves éclot dans la clarté de la lampe de votre bureau sous laquelle nous écrivons, en cette fin d’après-midi.

De même, il est fréquent qu’alors que nous pensons la biographie achevée, un souvenir enfoui éclate de toute sa force. Aussitôt, le temps s’accélère, se condense en un seul instant, semblable à celui où l’on entrevoit un météore. Vite ! Il faut le retenir et le poser là, sur les lignes du cahier, avant qu’il ne s’échappe, évincé par une autre réminiscence, tout aussi importante et fugace…

Bien sûr, le constat est inévitable. Plus on laisse les souvenirs apparaître dans le reflet de la mémoire, plus on constate qu’ils ne sont que des images intérieures au psychisme et que la réalité nous renvoie renversées :

– Dire que tous ces enfants ont vieilli ! Qu’ils sont morts aujourd’hui !

Mais tant que votre voix les nomme et tant que la pointe de mon stylo allume une goutte d’encre pour chacun d’eux, ils sont tous là, rassemblés, au bon endroit…

Telle est l’écriture de votre livre, une vie qui se poursuit mot après mot.

Telle est la biographie, un voyage à travers la vie jusqu’au moment où l’on posera le point ultime.

Signe que l’œuvre est accomplie.

Nous aurons donc fait bien davantage qu’écrire ce que vous avez vécu. Nous aurons rendu à la vie tous ces jours, toutes ces heures de votre vie qui se pressaient sur la page pour ne pas s’effacer.

@L’Encre au fil des jours

Géraldine Andrée

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Écritothérapie : Métamorphoser la perte

Fais ton inventaire !

Malgré les pertes que t’impose la vie, fais l’inventaire de tout ce qui continue à vivre en toi.

Géraldine Andrée

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Ce rendez-vous avec toi-même (m’aime)

Tes retrouvailles avec ton cahier

Si tu fais de ta vie tout un chemin d’écriture et si tu fais de l’écriture tout un chemin de vie, n’oublie pas de t’accorder des retrouvailles régulières avec ton cahier.

Le matin, n’aborde pas tes mails ou tes sms sans avoir pris ta place sur la page, tout comme le méditant retrouve le sol d’un ashram avant de percevoir les rumeurs du monde. Ce sont ces rendez-vous réguliers avec ta plume qui te maintiendront en équilibre.

Beaucoup d’événements peuvent te faire quitter ton propre centre. Mais quelles que soient les circonstances – la lettre qui mine ta journée, la facture au prix exorbitant, la soupe qui a brûlé au fond de la casserole -, n’oublie pas que tu es sur cette terre pour accomplir ton œuvre.

Si j’ai décommandé une séance d’écriture à cause de certains impératifs, je me dis :

– Géraldine ! Tu as dit que tu continuais ton roman le vendredi. Tu n’as pas pu, ce vendredi ! S’il te plaît, par fidélité envers tes engagements, rattrape ta séance aujourd’hui !

Même – et surtout – si les autres t’accaparent lourdement et tentent de te faire sortir de tes gonds, entre dans ton cahier comme dans un foyer à l’intérieur de ta maison, une chambre au cœur de ta chambre. C’est là que réside Tout ce que tu es. Tu le sauras en y entendant résonner l’écho de ta voix intérieure au rythme de ton souffle.

Quand je pose ma main sur le grain doux et velouté de la page qui m’attend, il me semble que je touche mon visage pour en éprouver le relief – les sourcils, le nez, les pommettes, les contours de la bouche… Et cette expérience toujours renouvelée du contact avec le cahier me ramène à mon adolescence, à l’ivresse du mouvement quand, vêtue de ma robe des beaux jours, je sentais avec un joyeux étonnement le frottement de mes jambes l’un contre l’autre.

En étant l’écrivant, tu es celui qui avance sans perdre le contact avec la route qui se trace en lui.

Le fil de l’encre – qui participe à ce mouvement car il te suit en même temps qu’il te précède – te relie à ton ressenti :

  • Qu’est-ce que cela m’a fait quand elle m’a dit ça ?
  • Quel souvenir cette situation réveille en moi ?
  • De quoi ai-je vraiment envie ?
  • Comment me délivrer de ce carcan ? En déplaçant légèrement mon focus sur le positif…
  • Si j’obéissais à mes plus profonds désirs, qu’est-ce qui m’arriverait ?

La ligne d’écriture va très loin parce qu’elle te ramène à toi-même.

En pratiquant régulièrement l’écriture – bien que maintes conjonctures tentent souvent de m’en détourner -, je fais l’apprentissage de la vérité : non celle des autres, floue, approximative, et encore moins une vérité dite objective, extérieure à mon être, mais ma vérité, intérieure, certaine car elle constitue le fil directeur de ma vie.

Ainsi, je découvre une chose essentielle : ma vérité n’a pas besoin d’être complexe… Plus elle est simple, plus elle m’appartient – unique, fine, directe et singulière comme ma feuille du jour.

Comme moi, tu es fait de toutes ces feuilles qui dansent en même temps qu’elles t’enracinent dans la conscience de ton existence.

C’est toi, cette ligne, cette lignée, ce chemin qui progressent vers toujours plus de lumière.

Écris sur cela, dès aujourd’hui,
et continue demain.

Géraldine Andrée

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Choisis ton nouveau cahier

Le cahier des commencements

Voici venu le temps de tous les commencements !

Et, comme on n’est jamais mieux servi que par soi-même, offre-toi en cette nouvelle année un nouveau cahier.

J’ai déjà expliqué comment la fin d’un cahier est une célébration :

Je vais te montrer aujourd’hui qu’ouvrir un autre cahier est également une fête.

Pour cela, il m’importe de t’aider dans tes critères de choix en jouant avec un peu d’espièglerie sur certaines contradictions, afin que tu puisses adopter en toute conscience le cahier qui te correspond.

  • Tu peux te choisir un beau cahier. Le visualises-tu déjà ? C’est un cahier à la couverture brillante, colorée, satinée. Sa reliure est dorée ou argentée ; son papier est dentelé ou parcheminé. L’avantage ? Il te semblera entrer dans un palais à chaque séance d’écriture. L’inconvénient est que tu n’oseras peut-être pas t’y livrer totalement, par peur de le salir. Par conséquent, tu seras susceptible de t’en sentir indigne : « Ce sublime cahier est-il destiné à accueillir mes plus basses doléances ? Quel dommage ! Quel gâchis ! » Dans ce cas, je te conseille de lui attribuer la haute fonction de cahier de gratitudes – exercice qui consiste à dresser une liste quotidienne de louanges à la Vie. Ainsi, tu ne te tourmenteras plus car tu retranscriras en beauté la récolte merveilleuse que t’adresse l’Univers. Et puis, comme ce serait également un gâchis de ne pas confier tes états d’âme à ton nouveau cahier, tu peux utiliser pour ton journal intime un cahier un peu plus simple, à la couverture d’écolier. Tu te sentiras libre de t’y épancher, d’y verser sans aucune inhibition tes larmes ou ton fiel, d’y écrire alors que ta main tremble d’émotion, d’y raturer autant de fois que tu le juges nécessaire : « Non ! Ce n’est pas ce mot qui me définit précisément… Je voulais te dire que… » Ce cahier relatera ton humanité, riche de toutes tes qualités et de tous tes défauts, de toutes tes ressources et de tous tes manques – signes de ta résilience.
  • Quelles sensations souhaites-tu expérimenter en écrivant ? Tu veux connaître une indicible légèreté ? Voici des feuillets légers comme des ailes d’oiseau ou des feuilles frémissantes à l’aube. Le papier est si fin qu’il miroite, tel le murmure de l’herbe au passage de la brise… Mais si tu éprouves le besoin de t’enraciner, de donner de l’épaisseur à ta voix, de l’existence à ce que tu ne parviens pas encore à nommer, des contours fermes à ton pays intérieur, élis un cahier aux pages épaisses et solides qui ne se déchireront pas au moindre mouvement de la main et de l’âme.
  • Tu souhaites suivre avec confiance la ligne déjà tracée de ta destinée sans t’interroger sur la manière avec laquelle tu avances ? Décide-toi, dans ce cas, pour un cahier au papier ligné. Tu n’auras qu’à te laisser porter par le rythme de ta calligraphie et le flow de tes pensées. Mais je t’entends déjà me rétorquer que tu préfères tracer toi-même la ligne de ton histoire, en toute liberté… Après tout, c’est de ta trace dont il s’agit ! Ce n’est pas rien ! Alors, n’hésite pas à accorder ta confiance à des pages complètement blanches. Et je te promets que tu seras émerveillé par ce paysage de neige, cette terre vierge qui s’étend devant toi – sans marge, sans frontière, sans le moindre pointillé d’une lisière. Enfant, je m’amusais à deviner ce que cachait un paysage enneigé – quel caillou coloré, quelle future pervenche, quelle brindille qui scintille pour le prochain printemps ? Redeviens, toi aussi, cet enfant. Imagine ce qui s’apprête à apparaître dans tout ce blanc : Quelle fleur d’émotion ? Quelle pousse de joie ? Quelle graine de patience ? Quelle empreinte de ce que tu seras bientôt ?
  • Une page, ça se tourne… Veux-tu avoir conscience des caps que tu franchis en l’entendant crépiter ? Veux-tu percevoir à la fois l’élan et le bruit que produit le fait d’emprunter un virage ? Opte pour le cahier à spirale ! Mais tu as le droit de me dire : Non ! Mon rêve est de passer d’une rive à l’autre sans avoir l’impression que je quitte le lit de l’eau. J’arrive de l’autre côté du silence… À peine ai-je senti ce souffle qui me déplaçait… C’est le cahier relié qui te convient ! Il te fera passer de terre en terre sans un adieu.
  • Enfin, l’ultime question : carnet ou cahier ? Le carnet est l’ami de tous les voyages. Il se glisse dans le sac. Il a le poids d’une fleur dont la corolle est capable de s’ouvrir pleinement dans la rame très fréquentée d’un tram ou d’un métro. Il est celui qui t’attend patiemment sur la table d’un bistrot, pendant que tu commandes ton capuccino. Le cahier, lui, plus large, sera l’île sur laquelle tu te reposeras et reprendras toute ta place, quand s’allumera la lampe du soir. Ce sera le cahier de la maison et des retrouvailles avec ton foyer intérieur.

Tu n’arrives pas à te décider ? Essaies-en plusieurs ! Fais de la quête de ton nouveau cahier une promenade que tu raconteras sur la première page. Et quel que soit ton choix, il sera indiscutable !

Pourquoi ?

Parce qu’il est important que tu choisisses le cahier qui réponde à tes vraies envies.
Ensuite, je t’en prie, ne tarde pas !
Écris qui tu es !
Sois ce que tu écris,
en toute authenticité,
car tu es en vie
aujourd’hui !

Géraldine Andrée

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Quand tu écris

Quand tu écris, prête attention au fait que tu écrives – et à rien d’autre.
Prête attention au léger crissement de la pointe de la plume ou du stylo sur le papier et à la rencontre toujours renouvelée entre deux grains, celle de la page et celle de ta peau.
Qu’importe que tu aies perdu ton père, que ton amant te fasse un « long silence radio », que tu sois contraint(e) de déménager pour un quartier moins beau. Quand tu écris, soit présent au fait que tu écrives, tout simplement.
Tu te fâcheras ou t’inquièteras après. Là, ce n’est pas le moment.
Et chaque mot deviendra un instant où tu demeureras tout en avançant, une brève éternité dont tu seras le résident.

Géraldine Andrée

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Écriture et détachement affectif

L’écriture comme délivrance de la dépendance affective

Comme je l’ai déjà évoqué dans mon billet L’indépendance émotionnelle de l’écriture, l’écriture te rend autonome. L’écriture te guérit en te permettant d’entrer dans les pièces angoissantes de ton inconscient pour mieux les éclairer et ainsi, éviter qu’elles ne te hantent davantage.

L’écriture m’a été d’un précieux secours lorsque je vivais, à l’âge de vingt-cinq ans, un épisode de dépendance amoureuse. Je tenais alors un journal de traversée de la passion où les saisons ne se distinguaient plus les unes des autres, où seule importait la lumière de la peau de l’amant, où les reflets de ses yeux étaient mon unique horizon. L’avenir ne se formulait qu’en cette question :

Viendra-t-il aujourd’hui ?

Je ne possédais pour seul repère temporel que l’heure où Il viendrait puis repartirait. Je me consumais et, au moment où il m’a abandonnée – comme c’était prévisible -, c’est l’écriture qui m’a sauvée, qui a fait que je suis devenue une rescapée de cette dangereuse traversée qui m’éloignait de tout rivage quand il me semblait que je m’en approchais.

Comment me suis-je délivrée ?

En écrivant les souvenirs et les symptômes de cette passion jusqu’à la lassitude, jusqu’à l’écœurement, jusqu’à l’épuisement – de telle façon à ce que cet amour se détache de moi comme une peau morte. Alors que j’étais brûlée par cette dépendance affective, je me suis dépouillée, mise à nu dans une écriture qui fut aussi incisive qu’un couteau.

« J’ai écrit jusqu’aux os » pour reprendre l’expression de Natalie Goldberg.

Quand tu décris précisément une situation de dépendance affective avec toutes les obsessions dont celle-ci se nourrit, la souffrance se dépose à l’extérieur de toi, sur la feuille. Et une douleur ainsi extériorisée dans sa formulation ne te hante plus, ne te vampirise plus.

Alors, écris les obsessions qui t’habitent.

  • Cette scène d’adieu, raconte-la en variant les points de vue. En utilisant le Je, évoque sans retenue tes sentiments. Tu en as parfaitement le droit. En effet, non seulement ils te sont personnels et ils t’appartiennent, mais aussi tu les éprouves dans ton corps, dans ton cœur et dans ton âme. Puis instaure un dialogue avec toi-même en te tutoyant. Qui sait ? Cette partie de Toi bénéficie peut-être de la prise de distance nécessaire qui te manque, une sorte d’omniscience qui te guidera vers une solution… Enfin, en te projetant à la troisième personne du singulier, observe ta douleur comme si elle était vécue par quelqu’un d’autre, afin qu’elle relâche son emprise sur toi.
  • Ressasse les détails chargés de signification. Par exemple, fais encore le tour de son grain de beauté en rêve ; accompagne son pas avec ta plume ; regarde ton amour dans la page – comme à travers une vitre – allumer sa cigarette, boire son café. Ce sont souvent les détails d’une histoire qui nous tourmentent. Alors, écris une histoire sur ces détails en y instaurant de subtiles variations – quitte à te répéter. Entre dans l’obsession pour mieux l’étudier de près. J’ai écrit des pages et des pages sur le plancher qui craquait dans mon demi-sommeil puis sur ce crépitement qui s’arrêtait subitement – signe qu’Il était sur le seuil de ma chambre – pour qu’Il cessât définitivement d’apparaître et de me réveiller alors que cette liaison était finie depuis bien longtemps. Catherine, elle, s’est libérée du mauvais souvenir d’une expérience sexuelle en la racontant par écrit, encore et encore. Elle a évoqué précisément la chambre d’hôtel battue par les rafales du vent marin, la lumière des lampes qui déformait les fleurs de la tapisserie, les motifs entremêlés de la couverture. Tous ces signes ont contribué à exorciser le souvenir. Quelle sensation prédomine dans la mémoire de ton expérience ? Quelle couleur ? Quelle saveur ? Quelle odeur ? Quel son ? Comme je me souviens bien du bruit de la balayeuse automatique qui passait et repassait dans ma rue, à cinq heures du matin, alors qu’il m’avait dit, la veille, qu’il partait loin et que ce qu’il avait à vivre était plus important que Nous.
  • Ne lâche pas ta plume acérée avant d’avoir détaché l’ultime peau. Écris jusqu’à décortiquer l’émotion, jusqu’à lui ôter la pulpe, jusqu’à atteindre le noyau. Et tu découvriras, alors, que ce noyau, c’est ton être, c’est Toi, vraiment, que cachaient toutes les scories des mauvaises expériences accumulées – un noyau vivant, vibrant. L’écriture, pour être thérapeutique, doit parfois être tranchante – c’est-à-dire qu’elle doit creuser profondément dans ta vie pour te séparer de l’inutile.

    Tu peux me dire :

    – Mais c’est épuisant d’écrire sur ce qui fait mal !

Et je te répondrais :

– Peut-être ! Mais à la fin, il restera Toi, l’île vraie et sécurisante sur laquelle tu pourras te reposer !

Crée une œuvre d’art de tes obsessions. Ce sera la preuve suprême de ta délivrance.

  • Fais des scènes qui t’obsèdent encore des exercices de style, à la manière de Raymond Queneau, c’est-à-dire varie les registres, les angles d’approche, les regards afin que toutes ces scènes soient tellement semblables et différentes à la fois que tu oublieras quelle est celle que tu as véritablement vécue.
  • Compose un recueil de poèmes. Transfigurer le réel permet d’esthétiser la douleur, d’en faire une œuvre vivante où le caractère personnel de l’émotion ressentie s’effacera pour laisser la place à une émotion d’ordre esthétique.
  • Rédige une fiction (que ce soit sous forme de roman, de nouvelle) où le héros – qui n’est ni plus ni moins que ta propre projection – servira de réceptacle entre ta douleur et toi. Ainsi, ce sera cet être de papier que tes obsessions utiliseront comme jouet, et non plus ton être de chair et de sang.

Entre en écriture pour que celle-ci soit la porte de sortie de tes traumatismes.

Géraldine Andrée