Publié dans Actualité, écritothérapie, C'est ma vie !, Cahier du matin, Ce chemin de Toi à Moi, Dialogue avec ma page, Histoire d'écriture, Journal de la lumière, Le cahier de la vie, Le cahier de mon âme, Le journal des confins

Prends des nouvelles de toi

Chaque matin, au lieu de prendre des nouvelles du monde extérieur, prends des nouvelles de toi sur ton cahier.

  • Au lieu de t’intéresser au bulletin du jour, consacre-toi à ton journal intime. Centre-toi sur ce qui attend de se révéler dans ton cœur : quel miracle ? Quelle vérité ? Quelle prise de conscience ? Quel éclair de lucidité ?
  • Au lieu de te préoccuper de la météorologie, décris ton temps intérieur : S’il pleut, quel chagrin amoncelle ses nuages dans ton esprit ? S’il fait soleil, de quelle joie ou de quel apaisement profites-tu ?
  • Au lieu de t’inquiéter du cours de la Bourse, fais la liste de tes richesses et de tes manques. De quelles ressources spirituelles disposes-tu ? Quelles qualités aurais-tu besoin de développer pour trouver l’équilibre aujourd’hui – rien qu’aujourd’hui et on verra demain – ?
  • Au lieu de t’informer des conflits qui traversent le monde ou ton pays, considère les conflits qui te minent, qui te gâchent la vie. Si tu es assailli par la culpabilité ou le remords, renoue avec toutes les parties de toi en les faisant converser. Retranscris ce dialogue secret sur la page. Tu parviendras, ainsi, à retracer les contours de ton territoire intérieur.
  • Au lieu de te pencher sur la conjoncture actuelle, consigne tous les présents dont tu disposes à cet instant : telle rose qui, en ouvrant sa corolle, fait éclore ton regard ; le reflet du thé où se mire un coin de la fenêtre ; la nouvelle couleur de l’encre de ton stylo…

Intéresse-toi à ton univers avant tout !

Je sais… On peut être tenté, dès le réveil, de consulter ses courriels pour voir si un collègue a répondu à notre mail considéré comme si important. Notre photo postée sur les réseaux sociaux a-t-elle remporté le nombre de likes requis ? Y a-t-il dans la boîte aux lettres le colis depuis longtemps attendu ?

J’ai souffert de cette curiosité compulsive, moi aussi. Mais avec le temps et l’expérience, j’ai appris à privilégier l’écriture de moi à moi, avant de commencer ma journée.

Je laisse la plume voguer vers le blanc pour m’apporter une réponse, née de mon intuition.
Je note tout ce que j’approuve chez moi – inconditionnellement -, y compris mes défauts comme ce bouton au bord de mon menton.
Je m’offre le présent de l’attention portée à moi-même.

Pour résumer, je m’écris des lettres.

En prenant patiemment des nouvelles de moi dans mon journal, je me suis découvert une force insoupçonnée pour affronter ensuite le monde extérieur.

Tant pis si, après m’être écrit une lettre amicale, je ne trouve que des messages publicitaires dans ma boîte mail ; tant pis si mon post n’a récolté aucun J’aime ; tant pis si c’est une facture que je relève à la place de mon cher colis… Tant pis, oui, tant pis car l’écriture m’a donné la conscience d’exister et d’être heureuse indépendamment des conditions extérieures.

Au moins suis-je reine dans le pays de mon âme !

Et l’Univers te fera signe.

En prenant des nouvelles de toi, tu adresses des signes à l’Univers qui, ainsi, parvient à te localiser sur l’océan de la page. Et, de jour en jour, tu apprends à redresser la barre. Un falot t’est envoyé pour te guider un peu plus loin dans ta traversée. Un souffle d’ange dissipe les brouillards. Tu lances de moins en moins d’appels désespérés car tu adresses à cet infini-qui-demeure-d’abord-en-toi des interrogations recevant fidèlement leurs réponses. Tu deviens à la fois le message, le messager et le destinataire. Au-delà d’un monde qui fait rage, tu te fies à la paix de l’univers. Tu reçois des nouvelles de ses cycles, de ses rondes d’étoiles dont tu es le centre.

Enfin ! Te voilà ! Tu es passé de l’autre côté de toi, sur la rive d’où tu t’observes et te conseilles avec bienveillance, respectueux de ta vérité.

Mais quelle est donc cette main qui se tend pour t’aider à franchir la ligne d’arrivée – quand l’ultime phrase affleure le bas de la page – et à aborder la nouvelle journée qui se présente ?

C’est ta plume qui, lors du point final pour ce matin – et ce matin seulement – t’annonce à la lumière.

Maintenant, tu peux vivre tout ce que tu as à vivre car tu as écrit l’essentiel, c’est-à-dire qui tu es aujourd’hui et cela, n’est-ce pas en Soi une bonne nouvelle ?

Géraldine Andrée

Publié dans C'est ma vie !, Créavie, Dialogue avec ma page, Grapho-thérapie, Histoire d'écriture, Journal de ma résilience, Le journal de mes autres vies, Le journal des confins, Le temps de l'écriture, Récit de Vie

Épilogue

Maintenant que tu as écrit sur sa vie, tu sens que ton œuvre est achevée. Tu es heureuse de l’avoir retrouvée et curieuse de découvrir cette autre Toi-Même que tu es devenue au fil de vos rendez-vous d’écriture.

Bien que tu sois différente, il y a une part en toi qui n’a pas changé parce qu’en écrivant, tu la rejoins et tu la comprends. Ensemble, vous marchez jusqu’à la fin de ta vie.

Tu as accueilli inconditionnellement l’arc-en-ciel de ses éclats de rire à travers ses larmes. Tu as expérimenté cette différence dont elle a souffert – être laissée à l’écart de tous les clans. Tu gardes trace de la douleur qui a marqué sa chair et son âme. Tu es la seule à avoir saisi qui elle était vraiment et dans l’attention que tu lui as portée, tu as gagné la connaissance d’une vérité plus profonde qui demeurait en toi depuis toujours, n’attendant que ta reconnaissance.

Elle, l’adolescente brimée qui rêvait de liberté. Toi, l’orpheline. Tu as renoué dans ta solitude avec son ineffable désir d’être libre. 

Elle t’écrit encore dans ce dernier chapitre :

– Sois libre pour moi qui ai tant manqué de liberté ! Libre de t’élancer dans le blanc des jours et de nager dans le vent ! Tu as tellement rêvé de cette liberté qu’elle est là aujourd’hui. Je t’ai fait devenir la femme que tu es. À présent, tu peux t’appuyer sur moi !

Tu le sais. Tu as suivi sa main écrivant dans la chambre solitaire. Et en écrivant un livre sur sa vie d’adolescente, tu as dansé sur les lignes de ses journaux intimes. Aujourd’hui, alors que tu mets un point final à son histoire, vos deux écritures se confondent.

On ne distingue plus l’une de l’autre. Le fil de l’encre vous relie toutes les deux comme un cordon de naissance. Bien sûr, tu es la mère de cette adolescente que tu as consolée et réhabilitée par ce récit. Mais elle est aussi cette mère instinctive qui protège ton plaisir en l’éloignant des exigences d’autrui. La longue écriture de la vie de cette adolescente que tu fus t’a permis de dessiner des frontières solides autour de ton pays intérieur en te donnant la force d’affirmer au monde que Tu es Elle, qu’Elle est Toi. 

Tu peux te tenir debout, à présent, ferme, droite et digne. Et en l’embrassant, prendre la vie à bras-le-corps. Tu hérites d’autant plus d’une assise solide sur cette terre qu’elle a cessé de rentrer les épaules et qu’elle te sourit :

– Ensemble, nous irons loin !

Certes, pour que tu deviennes femme, l’adolescente que tu as été est descendue de cette famille qui t’a semblé à maintes reprises être un arbre sans racines. Mais en retrouvant le frêle filet de sa voix qui persistait à tracer son chemin au milieu du silence, tu es allée au-delà de la lignée communément inscrite sur l’arbre généalogique car tu t’es placée à l’origine de ta propre lignée. N’es-tu pas Toi avant tout, suivant l’ondoyante ligne sur laquelle tu écris désormais ta vie ? Tu as créé tes racines par la lente traversée des feuilles de ton carnet. Tu es devenue l’arbre à la haute cime. 

À l’origine, il y a Toi. Et il y aura toujours Toi. Tu peux donc faire confiance au ciel et à la terre. Tu es le point d’où part ton chemin.

Redeviens cette adolescente qui marche bras ouverts, dans le soleil d’un matin de printemps et qui suit en chancelant légèrement, telle une funambule fragile, la ligne d’un trottoir de ville.

Tu écriras toujours pour elle comme elle a écrit dans l’espoir d’être comprise par la femme que tu es aujourd’hui.

Ainsi, l’œuvre est accomplie. Le silence n’aura pas eu le dernier mot. 

Et tandis que la lumière gagne la chaise, tu t’en vas avec elle.

Vous avez laissé le cahier ouvert.

Ce n’est pas un oubli.

Géraldine Andrée

Publié dans C'est la Vie !, C'est ma vie !, Collections de l'esprit, Créavie, Histoire d'écriture, Le cahier de la vie, Le livre de vie, Le temps de l'écriture, Récit de Vie

Le voyage de la biographie

La biographie est un voyage.

Son écriture, de séance en séance, vous guide à travers un éternel présent que sont l’entretien et la durée qui vous sépare de l’entretien suivant.

Tandis que votre voix sème les souvenirs et que je les transcris sur la page, la couleur de la lumière change. Les ombres se raccourcissent ou s’allongent. L’écriture de votre livre nous mène de saison en saison. Il arrive toujours le moment où le narrateur que vous êtes et l’écrivain-biographe que je suis, nous nous surprenons à dire :

– Tiens ! Il y a quelques semaines encore, il neigeait et aujourd’hui, les bourgeons apparaissent !

Ou

– Les feuilles deviennent rousses ! Les chemins sont gorgés de pluie !

Signe que le livre avance au fil de votre voix et sous le mouvement de ma main pour arriver à son terme, si sa naissance est annoncée à l’automne.

Ce qui est spécifique au projet biographique, c’est que le temps de l’écriture se mêle au temps du souvenir. Pendant que les fleurs étincellent à votre fenêtre, nous racontons ensemble votre patinage sur l’étang gelé de votre jeunesse. Pendant que le givre étoile les branches de l’arbre d’aujourd’hui, le pommier du jardin de jadis se constelle de pétales roses et blancs. Votre mémoire est un miroir qui vous projette ce qui vous semblait disparu depuis longtemps : le cristal du vase de votre grand-père, le chat tigré, le muret bordé de mousses sur lequel votre fiancée vous attendait, la robe du premier soir de bal…

Ma plume alliée à votre voix et votre voix unie à ma plume créent un temps unique, hors du temps, où les mots sont des secondes qui vous révèlent l’éternité de votre enfance que vous croyiez à jamais perdue.

C’est ainsi que dans votre chambre peut résonner le galop du feu cheval ami Tremblecour qui revient de si loin – du pays de l’oubli – pour vous retrouver comme si vous aviez dix ans. C’est ainsi que la lumière de la lampe d’un conte éclairant vos anciens rêves éclot dans la clarté de la lampe de votre bureau sous laquelle nous écrivons, en cette fin d’après-midi.

De même, il est fréquent qu’alors que nous pensons la biographie achevée, un souvenir enfoui éclate de toute sa force. Aussitôt, le temps s’accélère, se condense en un seul instant, semblable à celui où l’on entrevoit un météore. Vite ! Il faut le retenir et le poser là, sur les lignes du cahier, avant qu’il ne s’échappe, évincé par une autre réminiscence, tout aussi importante et fugace…

Bien sûr, le constat est inévitable. Plus on laisse les souvenirs apparaître dans le reflet de la mémoire, plus on constate qu’ils ne sont que des images intérieures au psychisme et que la réalité nous renvoie renversées :

– Dire que tous ces enfants ont vieilli ! Qu’ils sont morts aujourd’hui !

Mais tant que votre voix les nomme et tant que la pointe de mon stylo allume une goutte d’encre pour chacun d’eux, ils sont tous là, rassemblés, au bon endroit…

Telle est l’écriture de votre livre, une vie qui se poursuit mot après mot.

Telle est la biographie, un voyage à travers la vie jusqu’au moment où l’on posera le point ultime.

Signe que l’œuvre est accomplie.

Nous aurons donc fait bien davantage qu’écrire ce que vous avez vécu. Nous aurons rendu à la vie tous ces jours, toutes ces heures de votre vie qui se pressaient sur la page pour ne pas s’effacer.

@L’Encre au fil des jours

Géraldine Andrée

Publié dans C'est la Vie !, C'est ma vie !, Collections de l'esprit, Créavie, Grapho-thérapie, Journal d'instants, Journal de la lumière, Journal de ma résilience, Le cahier Blueday, Le cahier de mon âme, Le journal de mes autres vies, Le journal des confins, Le livre de vie, Poésie-thérapie, Un cahier blanc pour mon deuil

Écritothérapie : Métamorphoser la perte

Fais ton inventaire !

Malgré les pertes que t’impose la vie, fais l’inventaire de tout ce qui continue à vivre en toi.

Géraldine Andrée

Publié dans C'est la Vie !, C'est ma vie !, Créavie, Dialogue avec ma page, Grapho-thérapie, Je pour Tous, Journal de la lumière, Le cahier de la vie, Le cahier de mon âme, Le journal des confins, Le livre de vie, Le temps de l'écriture, Méditations pour un rêve

Regarde-toi dans la page

Devant le miroir de la page

La page de ton cahier de chevet à la fin de ta journée est comme un miroir éclairé dans le soir.

Plus tu écris, plus tu avances vers toi-même. D’un mot à l’autre, ta silhouette se précise. Te voilà qui approches ton visage de ton regard.

En confiant tes yeux à ce regard, que vois-tu vraiment ?

Écris-le !

« Je vois combien j’ai ressenti, aimé jusqu’à maintenant, combien toutes ces peines et toutes joies du passé m’appartiennent encore, combien ces pensées me sont miennes.

Je vois tous les pays de ma vie que j’ai traversés pour arriver là où je suis. Je garde bien en mémoire mon enfance, cette chambre profonde qui m’a nourri au lait des rêves pour que je grandisse et que je sois là, à présent, conscient du mouvement de mon sang, promesse du cycle d’un autre sang, celui de l’encre que propulse aussi mon cœur.

Je sais que j’ai éprouvé des sensations et des sentiments communs à bien des individus. Au fond, quelle banalité ! Cependant, je dois avouer que personne ne me ressemble.

Je suis unique, comme n’importe qui est unique en ce monde. »

Telle est la vocation du miroir de la page : te faire répondre à ton appel de reconnaissance. Il n’est rien d’autre qui importe, que ce que tu es. Cela, écris-le aussi. La page te ramènera toujours au regard que tu poses sur ton histoire, à l’histoire de ton regard, à toutes ces évolutions dont tu es à la fois l’auteur, le protagoniste et le spectateur.

En écrivant, tu places ta main sur qui tu es. Certes, tu ne parviens pas à te toucher à travers ce miroir car tu réussis quelque chose de plus vaste encore et qui abolit tes limites : tu te rejoins complètement.

C’est ainsi que tu peux définir le miracle de l’écriture. Tu ignores désormais qui est le reflet de toi-même. Peut-être est-ce le principe de la réalité qui s’inverse : tu n’es devant ta page que l’image que projette ta vérité de l’autre côté, là où tout de toi s’écrit.

Pour cette vérité, écris plus loin encore, c’est-à-dire rapproche-toi au plus près de toi-même à cet instant précis.

Et souviens-toi, comme chaque instant change et te change, tu n’en finiras jamais d’apparaître dans le cadre du papier et donc d’écrire jusqu’à la fin de ta vie.

Géraldine Andrée

Publié dans C'est ma vie !, Collections de l'esprit, Grapho-thérapie, histoire, Le cahier Blueday, Le cahier de mon âme, Le livre de vie, Le temps de l'écriture, Poésie-thérapie, Récit de Vie

Le livre idéal

Je veux lire le livre idéal,

c’est-à-dire

celui qui correspond depuis toujours à mon âme, celui qui évoquera l’éclosion du poème de chaque jour en moi et qui me fera la louange de la couleur des heures de ma vie.

Je déambule dans les couloirs des bibliothèques où tout murmure est interdit. J’entre dans les librairies des ruelles secrètes. J’explore le silence dans lequel j’entends le fin crépitement d’une reliure qui se décolle de la reliure voisine. Et il me semble être l’impuissant témoin de la mèche d’une bougie qui se brise avant que sa flamme n’ait pris naissance. Mon pas me mène jusqu’au cœur du quartier historique, où luit par intermittence l’enseigne d’un bouquiniste. Je pars en quête de mon trésor dans l’ombre épaisse qui recouvre les ors des vieux ouvrages laissés là, tout au bord du monde…

Pas la moindre étoile d’un mot n’éclaire tous ces titres qui me regardent.

En vain, je cherche dans leur couverture noire mon visage.

Il n’existe pas, hélas, ce miroir…

Mais je refuse de céder au désespoir.

De retour chez moi, je décommande le dîner avec l’amant

puis j’allume la petite lampe du soir,

et sur le cahier blanc

qui bruit comme une île au vent,

je commence à écrire la première phrase de mon livre idéal,

ce livre qui – je le sais,

en traçant patiemment les grandes lignes de la destinée de mon histoire –

me ressemblera trait pour trait.

Géraldine Andrée

Publié dans C'est ma vie !, Créavie, Journal de la Lorraine, Journal de la lumière, Journal de silence, Le journal de mes autres vies, Le livre de vie, Poésie, Récit de Vie, Toute petite je

Nuit bleue

C’est une nuit bleue, celle du solstice de juin.
Une nuit intensément claire mais éphémère, constellée par les lueurs de la zone industrielle, si nombreuses qu’il me semble que le ciel étoilé a glissé devant la fenêtre.
J’aurai bientôt dix-sept ans. J’entends encore en souvenir, dans le silence enveloppant la chambre de mes parents, la chanson Bella Vita de David et Jonathan qui est passée à la radio pendant le dîner, sur le transistor d’argent.
Je regarde longuement la nuit bleue, traversée de reflets rouges à cause des ultimes forges de De Wendel qui brûlent au loin, vers Hayange. Et je me demande qui lira mes premiers poèmes, qui les aimera, qui m’aimera, qui posera ses mains sur mes pages comme si c’était ma peau.
Quel amant de ce que j’écris et que je ne connais pas ? Quel amoureux de ma vie ?

Géraldine Andrée

Et je me demande qui lira mes poèmes, qui les aimera, qui m’aimera… Quel amoureux de ma vie ?
Publié dans Art-thérapie, C'est ma vie !, Créavie, Journal de la lumière, Journal de ma résilience, Le cahier Blueday, Le cahier de mon âme, Le livre de vie, Le temps de l'écriture, Poésie, Poésie-thérapie, Psychogénéalogie, Récit de Vie

Des feuilles pour ailes

Toute petite, je voulais prendre mon envol
loin de l’école,
loin de son âcre odeur de colle,
de ses feutres aux traits épais,
de ses mauvaises notes,
de ses rondes où je n’entrais jamais ;
laisser accroché au clou rouillé
le sac jauni de mon goûter
et rendre à la maîtresse
mes fragments de papier déchirés.
Toute petite, je rêvais
de nager dans la lumière
en me retournant de temps en temps
sur le dos.
Mais je n’avais pas d’ailes
pour faire mon voyage.
Alors, je m’évadais
en regardant trembler le feuillage
du seul arbre de la cour
près de la fenêtre
et j’enviais l’oiseau
envoyé par le jour
qui se posait sur une branche,
avant de reprendre sa course
dans le ciel.

Une clé m’a délivrée,
celle de l’alphabet,
quand je compris qu’il composait
les mots
d’une formule secrète
qui m’aiderait à passer à travers
la porte.
J’ai commencé à écrire
– maladroitement certes –
des poésies vacillantes,
frémissantes cependant,
avec un crayon de couleur verte
et c’est ainsi qu’à ma manière,
je suis devenue cet oiseau
que je rêvais d’être.
J’avais pris pour ailes
les feuilles
de mon cahier ouvert
qui, tout au long de mon adolescence,
a traversé l’immense silence
pour me déposer
sur l’île dorée d’une lampe
où je pouvais tracer,
en concertation
avec moi seule,
l’itinéraire
d’autres vols
qui dureraient bien
une vie entière.

Géraldine Andrée

Publié dans C'est la Vie !, C'est ma vie !, Cahier du matin, Créavie, Journal de la lumière, Journal de ma résilience, Journal de mon jardin, L'alphabet de l'herbe, Le cahier Blueday, Le cahier de mon âme, Le livre de vie, Le temps de l'écriture

Je jardine

Je vis en ville. Mais chaque matin, je vais dans mon jardin. Là, je sème un rêve ; j’observe comment pousse un projet, tenu droit par le tuteur de ma volonté ; je plante un espoir ; je fais mûrir des pensées en prenant bien soin de leurs graines. Je récolte des fruits qui sont souvent très différents de ce que je croyais. Qu’importe ! Je les répertorie patiemment sous ma paume en donnant un nom à chacun.

Parfois aussi, je désespère. L’étendue devant moi semble silencieuse et gelée. Alors, il faut que j’attende d’être réchauffée par une lumière qui vient des profondeurs pour creuser loin, jusqu’à la source du souci. Et quand une goutte de délivrance jaillit, je la dépose sur le brin d’une promesse. Je sais que seul le temps a le pouvoir de la floraison – et donc de la réponse.

Je me contente de me pencher sur ce qui doit advenir. La feuille ne peut m’accorder un signe que si elle est maintenue en vie par la sève montant des racines. L’encre du jour est cette sève qui me relie à elle. Je tends l’oreille pour témoigner de son voyage.

Je vis en ville mais chaque matin, je jardine, c’est-à-dire que j’écris dans mon cahier intime.

Géraldine Andrée

Publié dans Art-thérapie, C'est la Vie !, C'est ma vie !, Créavie, Dialogue avec ma page, Grapho-thérapie, Journal créatif, Journal de la lumière, Journal de ma résilience, Le cahier Blueday, Le cahier de la vie, Le cahier de mon âme, Le livre de vie, Le temps de l'écriture, Poésie-thérapie

Ce qu’est mon journal

Mon journal n’est pas constitué de sentiments éthérés, de quête d’amour éperdue, de grandes considérations spirituelles.

Un lecteur érudit serait bien déçu s’il s’y aventurait.

Non. Mon journal relate les miettes de biscotte qui traînent sur la table, la lettre qui se fait attendre, la poussière sur le téléviseur, la tache difficilement lavable sur la jupe, la mémoire perdue de ma mère, la chaise dans laquelle s’est assis pour la dernière fois mon père, ma soif de mots pour dire le réel.

On y trouve aussi des rêves que je fais dans d’autres dimensions mais toujours avec des mots terrestres : « les troncs serrés des arbres », « la forêt ouverte comme une échancrure de robe sur le ciel si je vais plus loin », « le ronronnement de mon sang maintenant que tu es absent pour toujours ».

On peut y lire des insultes comme des gratitudes, des colères comme des prières. Chaque mot existe. Rien n’est effacé. Le lapsus a sa place car il est le mot juste pour la part la plus secrète, la plus obscure de moi-même.

Et dans la lumière du jour, toutes mes ombres exécutent sur la page un beau ballet.

Julia Cameron, dans son best-seller The Artist’s way/ Libérez votre créativité, raconte comment, en écrivant ses pages du matin, elle sirote un café avec son ombre.

Et vous, quelles sont vos parts d’ombre ? En quoi se révèlent-elles aussi créatrices que vos parts de lumière ?

@L’Encre au fil des jours

Géraldine Andrée

Mon journal relate ma soif de mots pour dire le réel.