J’ai retrouvé le savon d’Alep
-depuis le temps que je le cherchais
dans toute sa rondeur
sa vérité
et son parfum de laurier
Celui-ci est traversé
par de légères
cordelettes
pour que je puisse l’accrocher
au mur de faïence
Et je prends conscience
après tant d’années
que je demeure
reliée
à ce beau soir étoilé
où nous sommes sorties
en clandestines
au hammam
Christiane
et moi
Est-ce que le miroir
au-dessus de la fontaine
-s’il existe encore –
reconnaîtrait
notre ancienne jeunesse ?
Je ne sais
Mais le savon d’Alep
laisse
la même trace
sur ma peau
que jadis
et je me surprends à penser
que je suis
pour ce temps
qui ne peut revenir
une page
sur laquelle
le savon
fait apparaître
en guise
de mots
des bulles de mousse
qui crépitent
en leur lueur
dorée
Géraldine Andrée