Il n’y a plus de lien dans la nuit
entre la maison d’enfance et moi.
La ligne téléphonique
a été coupée il y a quelques jours, je crois,
et j’entends dans le combiné
cette voix toujours jeune :
« Bonjour. Le numéro que vous avez demandé
n’est pas attribué. »
Les lampes, pourtant,
peuvent s’allumer encore ;
la plante,
quand j’ai fermé la porte,
était en fleurs.
Les couverts,
tout propres,
attendent d’être posés
pour un futur dîner
sur la table
où, il y a quelques mois,
l’on servait du boeuf aux carottes.
Mais l’ombre est désormais
l’unique invitée
et je sais combien
elle s’avance
en silence
et qu’elle n’éprouve
aucune gêne
à tout recouvrir
de son grand manteau.
Seul, le soleil
du lendemain matin
la chasse
et prend sa place
dans le fauteuil vide.
Si j’écris, ce soir,
ce poème
sous forme de lettre
pour remplacer le téléphone,
c’est parce que j’espère
que mes mots
seront des fenêtres
éclairées,
équivalentes
à celles
de l’ancienne
maison,
mais mon appel
reste
sans réponse :
il n’y a plus de ligne
dans la nuit
entre la maison d’enfance et moi.
Géraldine Andrée