Feuilleter le vieux répertoire
oublié pendant vingt ans.
Au fil des pages,
m’apercevoir
que les noms
qui désignent
des décédés
sont eux-mêmes écrits
par une main décédée.
Me poser alors
cette question :
Si j’appelais
tous ces numéros
dont l’encre
jaunit,
à quel seuil,
quel jardin,
quelle chambre
me mèneraient-ils ?
Pendant un instant,
j’aime croire
que ce sont des numéros
de l’au-delà
et que dans l’écouteur,
j’entendrais battre
le coeur
de la nuit
gonflé
par le lait des étoiles
et qu’une voix venue
de la Centrale
de l’Univers
me dirait :
Votre correspondant
est en ligne !
Nous lui transmettons
votre appel
à tire-d’aile.
Mais je ne fais rien.
Je laisse mon téléphone
en sommeil.
Je ne jetterai pas,
ce soir,
le vieux répertoire
qui s’en retourne
à l’ombre
de son tiroir.
Ensevelir les noms
pas très loin,
juste à portée de ma main
pour les faire revenir
à la lumière
après Demain…
Géraldine Andrée