You’re welcome
You’re welcome
ma tige ardente
le puzzle des pierres du chemin
la planète d’or du tournesol
le vent qui se contorsionne
les cailloux des mots que polit chaque souffle
la cloche Saint-Fiacre
la gorge de neige de la pie
le loup qui flaire le sourire dans le sommeil
la lampe du désir
les mousses à fleur de menthe
la nébuleuse de mon sang
la locomotive qui hoquète sur le quai du rêve
la robe ajustée à mon cœur
les cheveux du crépuscule
la rouille dévoreuse d’enfance
ma plume qui puise dans le noir des os
l’encre de ma moelle
cette ride sur le miroir de l’hôtel
les pas des heures perdues
la lumière qui remonte le corps de mon stylo
sous le tam-tam de mes phalanges
la solitude qui sonne du côté est
pour que l’aurore soit le témoin
d’un regard neuf
le fleuve de mon lit
qui se déverse dans ce pays
où tous les murs sont abolis
Qu’advienne enfin
une maison de feuilles
You’re welcome
pour que je renonce
pour que j’abandonne
l’habitude de dire
adieu
pour qu’un poème
métamorphose
dans la chambre
toutes les prairies
en une mappemonde
You’re welcome
parce que vous m’effacez
sous vos racines
et que cela me plaît
de devenir la nuit
penchée
sur les paupières
du nouveau-né
You’re welcome
parce qu’un seul mot
peut dénouer
tant de cordes
qui obstruaient
la voix
You’re welcome
parce que de l’autre
côté de vous
il y a encore
une porte
You’re welcome
parce que vous avez fait
d’un éclat de verre
brisé
à mes pieds
tout un visage
à rencontrer
le vôtre
je crois
Géraldine
