J’écris pour rattraper ce qui s’efface,
les pointillés d’or du jour
qui tremble entre les branches,
l’étincelle de l’abeille
qui traverse l’ombre
tandis que la première feuille
tombe,
l’ultime grain du rire
de l’enfance
roulant dans le silence,
les notes de la fontaine
que l’on entend encore
derrière la grille close,
les pétales du bouquet fripé,
recueillis dans les paumes
de Marie,
le château de sable
doucement défait
par la vague,
la phrase
dont le dernier mot
se fond dans l’azur jauni
du papier,
la conversation inachevée
au téléphone
un soir d’hiver
et ta voix en rêve
qui me conseille
depuis l’au-delà de l’absence
de compter
toutes les étoiles
afin de redonner un nom
à celle qui manque
au regard.
J’écris pour retenir
tout ce qui s’enfuit,
emporté par la vie.
Je n’y parviens point,
hélas !
Mais lorsque je me retourne
sur ce chemin
qui semble
vainement
accompli,
je vois
que j’ai laissé une trace
pour le souvenir
qui me suit.
Géraldine Andrée