Au nom de la jeune fille qui cherche son père,
au nom du défunt dont on ne parle plus parce que l’on n’a pas compris sa vie,
au nom du bébé parti trop tôt,
au nom du chat qu’il a fallu endormir,
au nom du téléphone raccroché et de la conversation à jamais interrompue,
au nom du dernier mot avant le départ – mais tout le monde l’ignorait encore -,
au nom du jardin détruit pour un parking et qui brille pour lui seul sur des photos enfuies dans une malle,
au nom de la maison dont la vente fut un arrache-cœur,
au nom des étés perdus dont on tait le douloureux bonheur,
au nom des ombres qui reviennent dans la chambre et se rassemblent autour de la lampe pour murmurer le prénom de l’ami d’enfance avec lequel on refuse de se réconcilier,
au nom des pas qui résonnent dans le couloir vide,
au nom de la lettre jamais envoyée à l’amant,
au nom de la trahison qui valait bien plusieurs bouquets de fleurs et la perspective d’infinis printemps,
au nom de tous les non-dits,
j’écris
Géraldine Andrée