C’était le dernier été.
Mais je ne le savais pas encore.
J’ai voulu acheter des cartouches d’encre.
Tu as souhaité m’accompagner.
J’entends dans mon souvenir
l’écho de tes pas
accompagnant les miens
jusqu’à la papeterie.
J’ai acheté une dizaine de cartouches.
La lumière douce
d’une fin d’après-midi d’août
se posait sur ta nuque.
Quelques semaines après,
sans que tes pas
ne fassent
le moindre bruit,
tu es parti
par une nuit de novembre.
Pendant longtemps,
j’ai hésité à écrire
avec les cartouches d’encre
du dernier été
où tu étais présent.
C’est comme si
de phrase en phrase,
je te laissais t’en aller
au large
de ma page.
Ce n’est qu’en janvier,
au temps du givre,
que j’ai commencé à écrire
Un cahier blanc pour mon deuil
avec l’encre
de cet été deux mille dix-huit.
J’ai découvert, alors,
au fil de mes jours
que tu ne t’éloignais pas
mais que l’écho
de tes pas
devenait des poèmes
et que chaque mot
tracé avec cette encre
achetée en ta compagnie
se faisait le témoin
du fait que tu étais toujours
en chemin
avec moi,
jusqu’à l’éclat
du prochain point.
Géraldine Andrée