C’est un ciel bleu de crépuscule aux nuages roses.
Il ressemble, ce ciel bleu d’aujourd’hui, aux ciels de mon enfance :
celui que je voyais de la terrasse de ta maison à Metz quand les notes des oiseaux perlaient dans le silence du jardin ;
celui qui s’étendait au-delà de la colline où chantait l’angélus que tu as tant célébré dans tes cahiers ;
celui qui entrait par la fenêtre ouverte, les fins de dimanche de mars où il fallait se quitter dans un dernier baiser ;
le ciel de ton vaste miroir sur lequel apparaissait ton visage et que le voile noir de la cécité t’empêchait de voir, les ultimes années.
Il paraît que le soir précédant ton départ, tes joues se sont rallumées et qu’elles ont pris la teinte joyeuse des roses sauvages.
Le soir suivant, elles étaient feues.
J’aime croire, en ce premier soir de printemps, que ces nuages roses sont tes joues qui s’éclairent pour moi, pour que j’entretienne ma foi en la Vie et que j’élargisse ainsi mon espace, comme les ciels bleus de jadis que je contemplais de chez toi.
Géraldine Andrée