Tu me demandes :
-Et si on allait par là ?
Ensemble, nous prenons ce chemin tout bruissant du souffle des feuillages.
Et c’est comme si une main invisible froissait doucement une large étoffe autour de nos visages.
Nous nous donnons des nouvelles réciproques.
Tu me parles de ton mari qui se rétablit lentement, de l’aînée qui cherche sa voie, de la deuxième qui est partie en Amérique et du cadet qui tarde dans l’adolescence.
Moi, je te confie mes rêves, mes attentes, mes espoirs – et mes déceptions aussi, comme ce grand projet de coeur qui n’a pas réussi, par exemple.
Je t’entends qui soupires :
-Que le temps passe !
Et quel immense pari que de vivre !
Je suis bien d’accord.
Au rythme de nos pas, les mots meurent et renaissent.
Maintenant, nous sommes tellement plus proches !
Nos épaules se touchent presque…
Le souffle des feuillages se fait plus fort.
Il devient un chant d’or dont nous occupons la corolle.
J’ignore laquelle dit à l’autre :
-Faisons quelques pas encore !
D’ailleurs, le chemin se prolonge de seconde en seconde.
Il me semble que nous marchons dans un songe,
que seule, cette promenade, désormais, nous importe
avec sa suite d’instants
qui nous attendent patiemment.
Et c’est ensemble
que nous rentrons alors
dans un vaste silence
où l’on se comprend.
Géraldine Andrée