C’est un poème
que tu avais oublié
au fil
de toutes ces années
et que tu retrouves
par hasard
en rangeant les tiroirs
de ton bureau,
griffonné à l’encre noire
sur un vieux papier
un peu froissé.
Tu le relis
avec l’appréhension
de le juger
niais ou – pire –
complètement raté.
Mais plus tu avances
sur ce frêle
chemin
qui enjambe
les lignes,
plus il te semble
que tu te reconnais,
et que tu avais rendez-vous
avec ton autre toi-même
aujourd’hui,
depuis la lointaine
journée
où tu as tracé
cet itinéraire
qui te mène
à ton ancienne vérité.
Alors, tu souris
à cette jeune femme
timide
que tu étais
et qui te fait signe.
Puis tu recopies
son poème
sur ton cahier actuel,
même si tu sais
que d’autres cahiers
le recouvriront
de leur pile
et qu’il deviendra
au fil des années
un poème
oublié.
Géraldine Andrée