En ce monde,
il n’est nulle clairière,
nul buisson,
nul brin d’herbe
qui n’appartiennent
à un pays.
La moindre feuille,
la moindre fleur,
la moindre frange d’écume
à fleur de terre
sont revendiquées
par une nation.
Je sais,
cependant,
un pays
où tu es libre
d’entrer
et de sortir
à ta guise,
guidé
en chemin
par les signes
invisibles
de la brise ;
un pays
qui te donne
le droit absolu
de traverser
toutes les frontières
puis de revenir,
avec ce pas
alerte
de l’enfance
reconquise
au fil
d’un rire ;
un pays
où tu peux te cacher
parmi les feuilles
des plantes
ou les épis de blé
sans être cherché ;
un pays
où il est légitime
de posséder
un jardin
abondant
en toute saison
sans avoir à montrer
un titre quelconque
de propriété,
sans avoir à déclarer
le nombre
de fruits qui poussent ;
un pays
qui n’attend pas
que tu déclines
ton identité
sur un passeport
en lettres sonores,
mais qui espère
que tu aies
un regard
éveillé
pour l’annonce
de l’aurore ;
un pays
qui ne te demandera
jamais
ton adresse
car il sait
que tu as
ton coeur
– cette profonde
demeure –
bien ouvert
pour faire entrer
quand les nuits
sont longues
et que le temps
est à l’hiver
tous les enfants
qui sont nés
de lui.
Ce pays
unique
en ce monde,
c’est,
mon ami,
la Poésie.
Géraldine Andrée