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Créavie : En écrivant…

Ouvrir la fenêtre : que la lumière du jour se pose sur les feuilles de sa saison de vie.

Fermer la porte : que les enfants se disputent pour une broutille ; que le conjoint s’ennuie ; qu’importe. Laisser chacun aujourd’hui découvrir son chemin, même s’il est désagréable.

Ne pas répondre au téléphone : la sonnerie a beau s’entêter ; dans un proche instant, elle se confondra avec la note du silence.

Suivre la volute de fumée qui danse au-dessus du thé.

Passer la main sur la douce encolure du chat…

Mais, quelle est cette lueur rose, soudain ?

C’est un pétale échappé du jardin d’enfance qui ouvre sa porte…

Tenter alors de l’attraper dans le ciel de printemps de la page

en écrivant,

en écrivant…

Géraldine Andrée

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Créavie : Le signe d’un jour réussi

Le signe d’un jour réussi,

c’est lorsque je me dis :

Aujourd’hui,

j’ai beaucoup écrit !

Je pourrais dire :

Aujourd’hui,

j’ai bien écrit !

Mais j’insiste sur le fait qu’avoir beaucoup écrit

signe un jour réussi.

J’entends déjà quelques uns qui se récrient :

Voyons ! Ce n’est pas la quantité qui compte,

mais la qualité !

Et j’entends la voix de mon amie Julia,

écrivaine elle aussi,

leur répondre :

« Chaque jour, je prie Dieu ainsi :

Mon Dieu ! Je m’occupe de la quantité.

Toi, Tu T’occupes de la qualité ».

Moi, je suis pleine de modestie.

Je ne peux prétendre bien écrire

car cela, seul le temps peut me le garantir.

A l’inverse, mal écrire

ne signifie en rien

que je n’écrirai jamais quelque chose de bien.

En effet, qui peut dire si

une tournure de phrase un peu bancale

ne constitue pas les soubresauts d’un nouveau style,

si une image étonnante, détonante, jugée par mes pairs « très kitsch »

n’annonce pas la métamorphose de mon âme

et par là-même la métamorphose de mon écriture ?

Qui peut prédire si l’essoufflement d’un chapitre

ne précède pas la respiration plus ample et plus profonde de mon histoire, le déploiement de son rythme sur la page suivante ?

Ecrivez ! Ecrivez ! Ne vous souciez pas de la réussite, encore moins de la performance.

Asseyez-vous devant votre cahier, prenez la plume.

Être fidèle à la page quotidienne est déjà une réussite en Soi.

Peu importe si vous y arrivez et où vous arrivez, l’essentiel est ce que vous ressentez  au cours de votre voyage.

Ce ressenti est votre destination et mieux encore, votre destinée.

Alors, je persiste et je signe ici, sur le billet de ce site :

Le signe d’un jour réussi,

c’est lorsque vous vous dites :

Aujourd’hui,

j’ai beaucoup écrit !

Géraldine Andrée

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En ce dimanche soir,

il me semble

que je ne suis faite

que pour écrire

mon journal,

relater

la simple vie.

Mais aujourd’hui,

je veux me passer des mots ;

me dépouiller

jusqu’au mutisme

que seule traverse

la musique,

celle

d’un nocturne

au piano ;

abolir la parole

pour accueillir

les notes ;

n’être plus

que silence

qui écoute.

Géraldine Andrée

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La langue de mon pays

La langue de mon pays
se fait comprendre avec
la haute voix du vent, l’accent des sources sur la rive, la courbure des blés, les ondulations de l’herbe, les pleins du chemin qui s’élance vers l’azur, ce soupir entre les notes de la pluie, les couleurs accrochées à la gorge des mésanges, les points qui étoilent la page du ciel, le silence de tout ce qui perle, de tout ce qui goutte au bout de l’attente.
La langue de mon pays ne suit aucune grammaire.
J’ai seulement appris
que beaucoup de feuilles se froissent pour la répandre dans le monde,
que beaucoup de flambeaux allument ses majuscules dans la nuit.
Je suis l’interprète de son souffle qui roule jusqu’à mes lèvres
quand j’accélère ma course vers Demain.
Je la respecte
en la transcrivant chaque matin
sous un long délié de lumière
qui tremble puis disparaît
pour renaître
à partir de la virgule
de l’instant suivant.

Géraldine Andrée

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Créavie : La botanique de l’âme

Prends soin de ta Vie comme d’une jeune plante. Surveille la germination, la pousse, l’éclosion.

Il existe de nombreux moyens de faire fleurir ta Vie : la méditation, la gymnastique, la marche, le yoga, la peinture, la musique.

Toutes ces pratiques appartiennent à un seul domaine : la botanique de l’âme.

Moi, ma botanique, c’est l’écriture.

Je tiens un petit carnet et je note au jour le jour comment ma Vie s’épanouit : je veille à l’arroser à des heures précises, je surveille la santé des graines, l’apparition du bouton d’or, puis l’éclat de la corolle.

Je suis vigilante en ce qui concerne la moindre tache, la moindre menace de fenaison précoce, le moindre signe d’assèchement.

Mes mots accompagnent ma Vie. Aussi vifs que les rayons du soleil, ils l’encouragent.

Je veux que ma Vie soit haute et vigoureuse car je l’ai définie ainsi.

Tu peux, toi aussi, écrire ta botanique de l’âme.

Prends, si cela te plaît, un petit carnet ; note tout ce qui fait du bien à ta fleur intérieure : quelle musique, quelle couleur, quelle ambiance de qualité ?

Les plantes – c’est connu – poussent mieux dans le calme et la paix. Offre par conséquent à la tienne le présent du silence à fleur d’eau.

Ainsi, la page sur laquelle tu te pencheras au jour le jour sera la fenêtre qui te montrera ton infinie éclosion, quelle que soit la saison.

Géraldine Andrée

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Créavie : C’est ma vie 2

Dans le très beau film Quelques heures de printemps, lorsqu’il est demandé à Madame Evrard si elle a eu une belle vie, celle-ci répond :

« C’est ma vie. »

Une vie entièrement vécue avec ses malheurs (un mari difficile, un fils distant) et ses bonheurs (les beautés et bontés du jardin, un voisinage agréable).

Une vie en apparence banale.

Mais une vie unique.

Déclarer ainsi

« C’est ma vie »,

c’est l’accepter telle qu’elle est, sans vouloir rien changer et ce n’est surtout pas se lamenter sur cette pseudo vie rêvée que l’on n’a pas eue.

Peu importent les événements (mariage, naissance, baptême, deuil, chômage, divorce).

L’essentiel est ce que l’on retient des moments avec lesquels on a traversé ces événements : l’éclat des pivoines qui revient à chaque printemps, la botte de radis que la voisine dépose sur le bord de votre fenêtre, la chanson préférée de vos dix-sept ans, les yeux d’émeraude de la chatte dans l’ancienne maison, l’eau de parfum qui fleure bon le muguet les matins…

Faites vous-même votre liste.

Vous pouvez tracer une frise du temps ; y poser des points tout petits – ce sont les événements – et de gros points de couleurs – ce sont les moments que vous nommez un par un, que vous effeuillez sur la vaste rose du temps.

Vous voyez ? La vie, c’est Cela.

Ecrire sa vie, c’est accorder beaucoup plus d’importance au relief de ces moments qu’aux événements.

Ce n’est pas se mentir en proclamant en épais caractères sur la couverture de son livre : « Voici ma belle vie ! »

C’est écrire tout simplement :

« C’est ma vie »,

où d’autres vies se retrouvent, s’entremêlent, se réunissent

dans l’écho d’une page

qui trouvera un rêve pour le porter

plus loin,

vers d’autres témoignages.

 

Géraldine Andrée

 

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Créavie : C’est ma vie 1

C’est ma vie. Je veux en faire une oeuvre de Beauté, de Bonté, de Vérité.

Noble tâche !

Mais il y a les aléas, les tracas, les embûches, les obstacles. Les velléités. De moi et des autres. Parfois la boue, les sanglots, les larmes, le découragement.

Alors, il me faut franchir les obstacles, continuer la route, contourner les pièges – avancer, même si mes pieds se sont blessés dans les ornières. Qu’importe la trace de mes pas. Seul compte le prochain pas que je vais faire.

C’est ma vie. Je l’écris chaque jour.

Mes choix, mes acceptations, mes refus, mon libre arbitre lui donnent une ligne directrice que j’essaie de suivre aussi sur mes pages du matin.

Je fais signe à l’Univers au milieu de l’océan blanc de mon cahier :

Je suis là ! Tu me vois ?

C’est ma vie.

Et je suppose que, vus d’en haut, mes mots sont de minuscules points bleus, de frêles feux que je lance pour être reconnue par Dieu.

C’est ma vie.

Beaucoup m’ont dit dans mon enfance :

C’est ta vie. T’en fais ce que t’en veux.

Ce n’est pas vrai.

On ne fait pas ce qu’on veut de sa vie. Croire le contraire est une illusion dangereuse.

Il y a les déviations, les ralentissements, les accélérations, les bifurcations, les priorités, les croisées de chemin sans aucune indication.

Les rencontres que je n’aurais pas dû faire, les aveuglements, les fausses amours, les trahisons, les erreurs d’étourderie – ou plutôt d’insouciance.

J’apprends, j’hésite, je trébuche, je tâtonne, je rectifie.

Certes, je suis l’auteure de ma vie mais il y a beaucoup de ratures, de changements, de brouillons, de recommencements.

Autant de signes que le manuscrit est bon, me dit l’éditeur.

C’est ma vie de Vérité. C’est la Vérité de ma vie, cette trouvaille que, plus on ajuste, plus on est dans le Juste pour soi.

Tant pis si je ne connais pas toutes les vérités.

L’essentiel est que je vive comme j’écris : avec sincérité.

Et que tous mes ratés en soient la preuve.

C’est ma vie, à chaque jour un peu plus neuve.

 

Géraldine Andrée

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Saint-Luc

Tu me dis :

« J’attendais que la mer se retire.
Puis, j’allais jusqu’à la presqu’île.
J’entendais crisser le sable mouillé sous mes pieds.
J’étais guidée par chaque étincelle d’écume au soleil. En chemin, je ramassais des algues ondoyantes, de toutes les couleurs, et qui tombaient mollement dans mon seau.
Arrivée jusqu’à la presqu’île, je m’oubliais dans le bleu qui bordait la rive. Je perdais la mesure du temps. Dans cette éternité conquise, je me laissais vivre.
Lorsque la mer m’envoyait de loin ses vagues, je savais qu’il était temps de rentrer.
Je retrouvais la trace de mes pas.
Quand j’avais enfin franchi la frontière invisible qui séparait mon hôtel de la presqu’île, j’ouvrais la porte de la petite cabane.
Là, avec une éponge et du buvard, je posais mes algues recueillies dans leur danse immobile sur du carton blanc.
Puis je les laissais sécher à la lumière de la grande véranda jusqu’au lendemain.
Retrouve-moi sur Internet la pension Saint-Luc tenue par les religieuses, la presqu’île, la cabane et la véranda. »

Longtemps, j’ai parcouru les sites et les photographies. Saint-Luc désigne désormais un complexe hôtelier anonyme. La cabane et la véranda ont disparu. La presqu’île a gardé le même bleu qui tremble comme une algue posée sur la page blanche de l’azur. Mais l’éternité n’est plus.

Je ne sais aujourd’hui qu’une trace : celle des mots menant au souvenir
qui cherche lui-même l’empreinte de ses pas dans un soupir.

Géraldine Andrée