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Créavie : 1987

 

Moi aussi, je vais faire un tour dans mon cahier en 1987.

1987,

l’année de mon bac français, l’explication de texte de La Parure de Maupassant, un commentaire sur Les Mémoires d’Outre-Tombe de Chateaubriand ;

le tube Joe le Taxi de Vanessa Paradis dans l’ombre de ma chambre le soir ;
un détour parmi les mirabelliers ;

mon rêve du grand amour ;

lire les Poésies d’Arthur Rimbaud au coeur de la nuit ;

bronzer en maillot de bain dans le jardin qui existait encore ;

puis écrire des poèmes sous les feuilles du marronnier ;

être réveillée par les coups de soleil – non, je n’ai pas écouté mon père ;

commencer sans cesse un nouveau cahier ;

la découverte de Radio Nostalgie et du parolier de Julien Clerc, Etienne Roda-Gil ;

recopier ses chansons dans un carnet Bleu Majuscule ;

les vacances chez ma tante ;

les promenades quotidiennes au lac d’Annecy ;

me demander si cela vaut la peine que je poursuive mon journal intime puis le continuer tout de même jusqu’à l’Université :

prendre la première fois l’avion toute seule ;

faire une indigestion de Pépitos ;

écouter A l’encre de tes yeux de Francis Cabrel avec mon oncle revenu d’Italie;

vouloir écrire comme Marie Noël et ne pas y parvenir ;

maquiller mes cils en bleu clair pour rester discrète ;

mon premier rouge à lèvres ;

ma robe à bretelles sous laquelle pointent mes seins ;

penser à entourer de rouge la date du mois futur dans le calendrier pour prédire quand « elles » vont réapparaître ;

sortir en discothèque avec les amis de ma classe et ne pas savoir quelle tenue mettre ;

enfin, me débarrasser de mes vieilles couettes ;

traverser le champ de bléssaignent les coquelicots ;

l’impression que je suis seule mais avec un don inné pour la joie ;

m’accouder à la fenêtre et interroger les étoiles sur mon avenir ;

ne rien s’entendre dire de la part de l’Univers ;

ignorer que je serai amoureuse dans deux ans.

1987, l’année où tout est possible ;
où les musiques, les livres et les êtres faits pour moi me trouvent
avant que je me sois trouvée moi-même.

Et vous, si vous étiez sur cette terre, que faisiez-vous en 1987 ?

Géraldine Andrée

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Créavie : Notre mission de vie

On se dit souvent qu’on a une mission de vie singulière qu’il nous faut absolument dire, écrire, formuler pour trouver qui l’on est vraiment.

Et si ? Et si l’on n’avait pas de mission de vie ?

Si notre mission consistait uniquement à être là, dans l’instant que l’on apprécie pleinement ?

Aimer ; respirer ; sourire ; écouter ; s’allonger dans l’herbe ; être conscient de la terre qui nous porte ; s’aventurer en rêve dans les couleurs des lisières qui se mêlent sous un pinceau invisible…

Et si notre mission consistait à être en vie pour nous sentir tout simplement vivant ?

Prenez un carnet et écrivez à chaque ligne ce que vous aimez dans l’instant présent ; ce qui vous donne confiance en cette seconde-ci et pas en une autre.

N’est-ce pas cela notre mission de vie à tous, laisser s’exprimer notre vie

dans un humble merci

à Maintenant et Ici ?

 

Géraldine Andrée

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L’abeille de mon rêve

Dans mon rêve,
une abeille
venue du jardin
de mon enfance

traverse
le temps,
les deuils,
les douleurs

pour se poser
sur mon bouquet
d’aujourd’hui.
C’est une abeille

vive,
une étoile
qui appartient
à jadis

mais dont la lueur
subsiste
au coeur
de l’été deux mille dix-huit.

Abeille
vibrante,
virgule
dorée

dans la page
blanche
de l’espace,
qui a dit

que les fantômes
étaient pâles
et faits d’un long
tissu de silence ?

Toi,
tu bourdonnes,
tu luis,
tu récoltes

les pollens
de mon enfance
que tu m’apportes
en un battement d’ailes

pour que mon âme
devienne
du miel
blond

comme l’éternité
que chaque belle
saison
renouvelle.

Géraldine Andrée

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Comment vous dire

Comment vous dire ce que j’ai ressenti quand j’ai appris que cet auteur qui évoquait avec tant de force et d’éclat

le chant du vent dans les bambous, sa fenêtre illuminée à l’est, les frémissements d’ailes des abeilles, les reflets blonds du miel, l’alphabet écrit par le temps dans la roche, les senteurs des roses-thé qui vous suivent jusque dans votre rêve, le ruissellement du vert des arbres après l’averse, le bercement de l’éternité dans sa demeure

 – toute cette vie plus que vivante, oui, ardente, irradiante de ce lointain coin de monde

jusqu’à mon coeur -,

n’était plus de ce monde ?

Géraldine Andrée

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La trace

J’écris pour dire

le souffle du jardin

qui s’en retourne

au silence

à la fin du jour,

ce murmure

qui sourd

du bleu de l’herbe

comme une senteur

de menthe

avant de s’en remettre

à la terre

d’où il est né.

J’écris pour dire

l’étoile

contenue

dans chaque note

qui s’éteint

lorsque

l’instant

est venu.

J’écris

pour marquer

de trois

pointillés

noirs

la voix

enfuie,

trace

du message

qui se poursuit

invisible

dans la neige

de la page.

J’écris

pour être

témoin

du chemin

de cette parole

qui continue

sans moi

à l’infini…

Géraldine Andrée

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Protéger les mots

Protéger les mots

qui disent le soleil
les champs bleus à l’aube
la crinière des chevaux
jaillis de l’azur
le chant du vent
ce vif-argent
courant 
d’oreille en oreille
le jeu des ombres
qui rendent le chemin
tant de fois
emprunté
nouveau
à chaque seconde
les pépites d’or
accrochées à la robe de la nuit
le souffle de la voile
que l’on voit frémir de l’autre rive
Protéger
ce qui se crie se murmure
à fleur de monde
puis se porte jusqu’au coeur
et dont les battements
s’accordent
au silence de l’écoute
Protéger coûte que coûte
quoi qu’il arrive
la Poésie

Géraldine Andrée

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Le rêve de l’hortensia

Sur le chemin du matin,

j’ai demandé au Divin

sinon une réponse,

un signe au moins

que j’étais sur le bon chemin.

C’est alors que j’ai rencontré

un hortensia

tout flamboyant

de blanc

et dont les pétales

étoilant

l’herbe

étaient légèrement

picorés

par un merle noir

voletant

ça et là,

selon le pétale

de son choix.

Je voulais prendre

en photo

l’hortensia

mais j’ai renoncé

de crainte

d’effrayer l’oiseau.

Et j’ai repris

mon chemin,

gardant en mémoire

la splendide rencontre

du noir et du blanc

dans la lumière de juin.

J’ai su

de source sûre

que j’avais eu plus

qu’un signe : une réponse.

Mais hier,

j’ai voulu obtenir confirmation

de ce que m’avait montré

le Divin

– c’est ainsi que sont les humains –

et j’ai décidé

de revoir l’hortensia.

Hélas !

J’ai eu beau

repasser par tous

les chemins

possibles

de ma promenade,

je n’ai pas retrouvé

ses fleurs.

Quant aux merles noirs,

ils voletaient

sous les nuages.

Dieu ne redonne

jamais

le même message.

Cette singulière image

de l’hortensia blanc

et de l’oiseau noir

n’exista qu’un seul

instant

et j’en garde

l’unique rêve

à présent.

N’est-ce pas

le signe

que j’ai eu ma réponse

au bon moment

et au bon endroit

de mon destin

et qu’il faut

maintenant

que j’avance

un pas,

un regard

plus loin,

même si je ne sais rien

de ce qui se trouvera

ça et là

sur mon chemin ?

Je le crois

comme en ma vision

de l’hortensia blanc

dont les pétales

étoilent

mon âme

pour y attirer

un matin

les ailes

de ma foi.

 

Géraldine Andrée

 

 

 

 

 

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Le silence de mon enfance

Le silence de mon enfance

n’était pas vraiment silencieux.

On y entendait

les gouttes d’eau,

les notes d’oiseau,

les frémissements des feuilles,

les pas sur le seuil,

le bourdonnement des abeilles,

les cloches du dimanche,

le ronronnement du four

qui cuisait le pain

au début du jour,

et même ce souffle

mystérieux

qui déposait une aile

dans mes cheveux.

Le silence de mon enfance

tout ruisselant

de soleil

et de bleu

n’était pas vraiment silencieux.

Géraldine Andrée

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Qui étais-je ?

Qui étais-je avant d’être Moi ?

Une fleur, une pierre, un lézard, un cours d’eau ?

Avais-je conscience à chaque fois

de tous ces Moi ?

 

Eprouvais-je

la présence légère

des pétales de mon être

dans le soleil ?

 

Ressentais-je

mon coeur

ô combien pesant

de silence et d’immobilité ?

 

Avais-je connaissance

de la lenteur

des heures d’été

qui me faisait sommeiller,

 

caché à l’ombre

de la pierre,

non loin de l’éclat

de la fleur  ?

 

Me sentais-je fier

de jeter mon chant

dans l’embouchure

de l’immensité

 

tout en sachant

que j’étais emporté

par l’éblouissement

de ma mort ?

 

Qui ou quoi

que j’aie été

avant d’être

n’importe

 

peut-être

pas autant

que cela.

L’important

 

est que j’aie conscience

que ce Moi

d’aujourd’hui

est une porte

 

ouverte

sur d’autres portes…

Géraldine Andrée

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La biographie ou le recueil d’instants de vie

On a coutume de penser que la biographie est réservée aux gens célèbres, aux grands hommes, aux stars.

Quand le désir de faire une biographie se fait jour, on le chasse, ce désir, en disant :

-Une biographie, moi ? Mais je n’ai rien d’intéressant à raconter ! Je n’ai pas vécu de grands événements dans ma vie !

Détrompez-vous. La biographie s’adresse à tous, à toutes les voix.

Nul besoin d’avoir vécu des événements prodigieux pour confier à un biographe l’écriture d’une biographie.

Le livre de votre vie peut, bien sûr, contenir des étapes cruciales : vous pouvez y raconter vos périodes marquantes, les virages que vous avez pris, vos choix ultimes, vos échecs, vos réussites.

C’est important. Mais est-ce essentiel ?

L’essentiel est que la biographie contienne ce qui est important pour vous ou pour la personne à qui vous offrez ce présent : le souvenir de la grosse horloge d’or dans le salon de votre enfance ; les bruits du quartier au matin ; les senteurs et les couleurs du jardin ouvrier ; le lapin-nain que vous apportiez dans vos bras au dîner ; les cavalcades dans les sombres couloirs quand s’annonçait la veille des vacances ; le visage de l’aïeule qui coud encore, assise à la fenêtre de votre mémoire ; les longs rouleaux de réglisse qui noircissaient vos lèvres ; une journée à l’océan ; les tambours du vent dans vos oreilles et qui vous donnaient envie de courir…

Ainsi, nous réalisons bien plus qu’une biographie – un recueil d’instants de vie où tout futur lecteur saura d’emblée se reconnaître car la biographie, dans sa dimension intime, demeure à jamais universelle.

Chaque être humain de ce monde se retrouve davantage dans l’évocation d’un bouquet de cerfeuil mouillé, cueilli au cours d’une promenade, que dans une apparition sous les feux des projecteurs.

La biographie est un livre de vie où chaque mot invite autrui à écouter son battement de coeur.

Géraldine Andrée

L’Encre au fil des jours

It’s customary to think that the biography is reserved for famous people, great men, stars.

When the desire to make a biography comes day, we hunt this desire by saying:

– a biography? But I have nothing interesting to tell! I haven’t lived any great events in my life!

You’re mistaken. The biography is addressed to everyone, all voices.

No need to have experienced prodigious events to make a biography.

The book of your life can, of course, contain crucial steps: you can tell your memorable moments, the corners you have taken, your ultimate choices, your failures, your achievements.

It’s important. But is it essential?

The main thing is that the biography contains what is important for you or for the person to whom you offer this gift: the memory of the big golden clock in the living room of your childhood; the noises of the neighbourhood in the morning; the scents and the Colours of the worker garden; the dwarf rabbit you brought in your arms to dinner; the bruits sounds in the dark corridors when it was announced the day before the holidays; the face of the crone who still coud, sitting in the window of your memory ; the long rolls of liquorice that noircissaient your lips; a day in the ocean; the drums of wind in your ears and which made you want to run…

Thus, we will achieve far more than a biography – a collection of moments of life where any future reader can recognize itself because the biography, in its intimate dimension, remains forever universal.

Every human being in this world is more recognized in the évocation of a bouquet of wet cerfeuil picked during a walk than in an apparition under the spotlight.

The biography is a book of life where every word invites the other to listen to her heartbeat.

Geraldine Andrée

Ink over the days