Chaque matin, elle prend son cahier.
Elle lui confie ses peines, ses joies, ses questions.
Qu’importe qu’elle n’ait pas de réponse immédiate !
C’est comme si elle avait fait
la toilette de son âme
qu’elle voit clairement
à travers la page
et qui a… son visage !
Ensuite, elle prend un feutre
rose, bleu, violet, vert.
Il lui semble que s’ouvre dans sa paume un oeil
qui destine à chaque mot le feutre approprié
pour que l’indicible soit enfin formulé.
Et elle dessine des guirlandes de pétales, de grains, d‘étoiles,
une longue enluminure qui entoure le silence où elle s’est mirée.
Voilà. En se parlant ainsi en secret,
elle maquille Celle-Qu’Elle-Reconnaît
et qui hier encore, pourtant, lui était Toute Autre,
avec les couleurs de l’Enfance.
Et elle se tourne vers la lumière de la journée
qui l’appelle en touchant son épaule.
Géraldine Andrée