Chaque
jour
m’offre
une page
rien
que pour moi
Océan
blanc
où luit
chaque
goutte
d’encre
Vaste
espace
où je me retrouve
seule étoile
complètement
présente
Éternel
instant
vers lequel
malgré tous
mes deuils
et mes manques
j’avance
à jamais
vivante
Il n’y a pas de carte postale pour le pays où tu es parti.
Alors, j’y mets les lumières, les herbes et les ciels que j’imagine.
Pour tes promenades, je veux un chemin de terre fine,
pour tes baignades, un reflet d’émeraude entre deux collines,
pour ton repos, le balancement d’une note argentine sur l’air d’une blanche matinée,
et puisque rien ne me dit que les ailes des oiseaux qui reviennent du Sud
pour la brève saison d’ici
m’apportent l’un de tes signes,
je signe mon poème avec ton nom.
Je fais ainsi de mon rêve une certitude,
et de ton absence un pays.
Guy
Géraldine Andrée
Que puis- je dire de ma vie ?
J’écris.
J’avance.
Je confie comme tout promeneur ma trace
au sable, à la terre, à la neige,
et au vent qui contient tout les souffles possibles
pour la répandre
grain après grain
dans l’espace.
Géraldine Andrée
Noter chaque jour le moment et l’endroit où j’écris.
Plus tard, au fil de la relecture de mes pages, recueillir ces notes sous forme de liste et en faire un poème, une sorte de voyage à travers une succession de paysages d’écriture comme, par exemple,
J’écris en ce soir de décembre sous la lampe de mon enfance
J’écris dans le train de 15 h 39 qui démarre
J’écris près du lilas d’avril
J’écris au bord de la lumière de l’aube
J’écris non loin de l’océan qui commence sa marée
J’écris parmi les miettes du croissant du petit déjeuner
J’écris en cachette pendant cette réunion soporifique de 16 heures
J’écris dans le jardin qu’un ami m’a prêté
J’écris comme chaque vendredi quand l’air se fait plus léger
Aujourd’hui j’ai écrit
Journal, Bonjour !
Il pleut et je t’écris sur ma petite table ronde derrière le store blanc. Les gouttes ont leur raison d’être comme mes mots.
Toute une liste de vies
à poursuivre…
Géraldine Andrée
J’écris pour retrouver le murmure de l’eau de mon enfance.
J’en ai bien souvenance :
il était vif et brillant au soleil,
riche de pétales, de brindilles, de branchettes,
de feux qu’allumait en lui le reflet du ciel.
Parfois, il s’enroulait autour d’une souche
puis reprenait sa course
entre les lèvres de la rive,
toujours plus rapide,
toujours plus ivre.
Et s’il disparaissait un instant
sous un peu de limon
ou quelques racines,
c’était pour mieux rejaillir
et faire signe
par des méandres
qui se dessinaient sous mon doigt
et il me semblait
que c’était moi l’artiste.
Souvent, la lumière
de l’encre qui sèche
doucement au soleil
me le rappelle
mais le silence
me prouve
qu’il n’est pas encore là.
Alors, je recommence.
Je recommence.
J’écris pour retrouver le murmure de l’eau de mon enfance.
Géraldine Andrée

L’encre
– le sais-tu ?-
t’attend
J’aime
croire
qu’elle a été
uniquement
créée
pour toi
avec ses reflets
bleus
dans la lumière
qui se balance
entre deux
silences
comme la mer
a été inventée
bien avant
ta naissance
pour aller
à la rencontre
des rêves
et merveilles
de l’enfance
du monde
dont les desseins
dessinés
sous forme
de méandres
attendent
l’apparition
du premier
homme
Géraldine Andrée


Un jour, je partirai.
Je préparerai mes bagages avec ces menus gestes que seul le silence m’a appris.
Je passerai devant chaque seuil sans réveiller personne.
C’est à peine si mon ombre dérangera la lumière de l’aurore sur le carrelage.
Je confierai à l’armoire mes journaux intimes – mon coeur s’étonnera d’être délivré de toutes ces vieilles histoires -, verserai de l’eau jusqu’au bord de la bouteille, entourerai de bleu ciel dans mon rêve le point de ma destinée puis, lorsque le carillon aura sonné son heure ultime,
je disparaîtrai en ne vous laissant comme signe
que le dessin de mon pas
sur la terre fine de l’allée.
Ton nom
Guy
Est un pont
Entre le silence
D’ici
Et les chants
De là-bas
Une seule
Syllabe
Et j’approche
Le mystère
De ta présence
Autre part
Toute une constellation
Luit
Désormais
Guy
Dans ton nom
Géraldine
Poème écrit pour mon père
Décédé dans la nuit
Du 11 au 12 novembre 2018
Le signe d’un jour réussi,
c’est lorsque je me dis :
Aujourd’hui,
j’ai beaucoup écrit !
Je pourrais dire :
Aujourd’hui,
j’ai bien écrit !
Mais j’insiste sur le fait qu’avoir beaucoup écrit
signe un jour réussi.
J’entends déjà quelques uns qui se récrient :
Voyons ! Ce n’est pas la quantité qui compte,
mais la qualité !
Et j’entends la voix de mon amie Julia,
écrivaine elle aussi,
leur répondre :
« Chaque jour, je prie Dieu ainsi :
Mon Dieu ! Je m’occupe de la quantité.
Toi, Tu T’occupes de la qualité ».
Moi, je suis pleine de modestie.
Je ne peux prétendre bien écrire
car cela, seul le temps peut me le garantir.
A l’inverse, mal écrire
ne signifie en rien
que je n’écrirai jamais quelque chose de bien.
En effet, qui peut dire si
une tournure de phrase un peu bancale
ne constitue pas les soubresauts d’un nouveau style,
si une image étonnante, détonante, jugée par mes pairs « très kitsch »
n’annonce pas la métamorphose de mon âme
et par là-même la métamorphose de mon écriture ?
Qui peut prédire si l’essoufflement d’un chapitre
ne précède pas la respiration plus ample et plus profonde de mon histoire, le déploiement de son rythme sur la page suivante ?
Ecrivez ! Ecrivez ! Ne vous souciez pas de la réussite, encore moins de la performance.
Asseyez-vous devant votre cahier, prenez la plume.
Être fidèle à la page quotidienne est déjà une réussite en Soi.
Peu importe si vous y arrivez et où vous arrivez, l’essentiel est ce que vous ressentez au cours de votre voyage.
Ce ressenti est votre destination et mieux encore, votre destinée.
Alors, je persiste et je signe ici, sur le billet de ce site :
Le signe d’un jour réussi,
c’est lorsque vous vous dites :
Aujourd’hui,
j’ai beaucoup écrit !
Géraldine Andrée
Ecris ta vie
parce que personne ne peut la vivre à ta place.
Ecris tes rêves, tes désirs, tes projets.
Un seul mot…
Et c’est le point de départ
à l’élan d’une phrase.
Invente tous les futurs possibles,
et choisis parmi eux
celui qui convient à qui tu es,
celui par lequel ton âme doit advenir.
Prends note de tes peines, de tes joies
car ces sentiments sont une boussole
qui te permet d’emprunter
ton chemin de vérité.
Approche-toi du miroir de la page ;
tu ressentiras ta présence.
Passe devant la fenêtre de la page ;
ton souffle s’y dessinera.
Tu dis : Mais je ne sais pas écrire !
Je fais plein de fautes d’orthographe !
Tout le monde va rire !
Aussi, je te le dis :
Ecrire te regarde.
Les mots t’attendent.
Une fois qu’ils t’auront rencontré
dans le reflet de l’encre,
tu verras combien ils te contemplent
et te connaissent.
Alors, tu te pencheras sur tes épreuves
et tu t’exclameras :
Mais c’est ma vérité !
Qu’importe si les autres la contestent,
elle vibre en moi
comme la joie du vent
qui laisse pour trace
toutes les feuilles qu’il a semées.
Puisque tu ne peux effacer le désordre de certaines choses,
écris chaque jour
afin de suivre leur cours,
afin de décider en toute connaissance de cause
du déroulement de ton aventure personnelle.
Ecris ta vie
parce que rien ni personne
n’a le droit de te la dicter.
Géraldine Andrée