L’enfance passée
chez toi
fut un été infini.
Les prunes toujours à point
qui laissaient perler
leur goutte d’ambre,
les herbes après la pluie
dont le parfum
faisait tourner la tête,
les sentiers qui chantaient
sous l’arrosage
pendant la sieste,
la petite robe
échancrée et courte
à cause de laquelle
on jouait à la coquette
en coupant le trèfle
sur les assiettes de dînette,
les sandales
dont les semelles souples
foulaient les blés,
les branches de l’ormeau
qui se balançaient
de bleu en bleu,
les guêpes qui entraient
pour se poser
sur les tranches de melon,
la tête renversée
dans le galop
d’un rire
lorsque sur le nez
passait le chatouillis
d’une brindille,
le sablier blond
de la lumière
qui s’écoulait
sans que le bon
ne se termine
et dont le grain
ultime
coïncidait
avec la première étoile
annonciatrice
d’une nappe
constellée
de lumineux
points
de croix…
Cela fait longtemps
que tu es partie
pour un été infini…
Et je traverse
les saisons de ma vie
en portant
secrètement
la triste joie
de mon enfance
feue
qui cependant
demeure
dans ma mémoire,
pour un séjour
qui durera
jusqu’à ce que je te retrouve,
un jour ou une nuit,
dans un été infini…
Géraldine Andrée