Pour écrire, je deviens ce que j’écris.
Pour écrire sur le chêne depuis longtemps arraché, je deviens sa sève qui transporte sa force jusqu’à la branche la plus haute.
Pour écrire sur le jardin à jamais interdit, je deviens sa plume d’oiseau qui ranime les herbes, sa goutte de rosée qui ressuscite toute la fontaine et par un mot, rien qu’un mot qui se fait fruit, le jardin est enfin rendu car je suis jardin pour toutes les feuilles à venir.
Pour écrire sur la poupée abandonnée Catherine, je deviens ses yeux bleus perdus dans le vague, son attente héroïque au fond d’une malle, son cœur de chiffon si tendre au cœur de l’enfance.
Pour écrire sur la maison quittée, je deviens le parfum de la chaude compote de reines-claudes qui se répand dans les chambres. Et c’est moi, ce pas qui invite l’écho dans le couloir où plus personne ne vient. C’est moi, le seuil que les défunts franchissent pour se réunir autour de la petite lampe.
Pour écrire sur le miroir détruit, je deviens les fleurs de fer qui l’entourent, son reflet où frémit une flamme de bougie, mon regard qui, en cherchant qui je suis vraiment, lui sourit.
Et en confiant au fil de l’encre tout ce qui a disparu, j’écris à la Vie tout ce que les absents sont devenus.
Géraldine Andrée

Un immense merci pour ce voyage dans le temps passé qui rejoint le présent et nous donne l’espoir de l’avenir
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Merci à toi pour cette rencontre poétique !
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