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Liste de lectures marquantes : évoquer des moments clés de vie à travers les livres

Atelier d’écriture créative 6

Je vous présente une manière originale d’écrire votre autobiographie qui ne commence pas par « Moi je » ou « je suis né à », mais qui repose sur L’Art des listes – pour reprendre le titre d’un ouvrage de Dominique Loreau. 1 Des listes d’instants, d’explorations, de sensations, d’émotions qui témoignent de votre évolution, de votre parcours de vie intérieur, de l’expansion de votre âme par vos goûts, vos choix et vos sujets de prédilection…

Aujourd’hui, je vous propose une liste de souvenirs de vos lectures marquantes, avec le cadre spatio-temporel qui l’accompagne. Nul besoin de raconter ce qui se passe dans ces livres, d’expliquer pourquoi vous les avez aimés, de développer les épisodes qui vous ont fait vibrer. Quelques touches sensorielles sur l’heure, l’année, la saison et l’endroit suffiront à donner de la profondeur et du relief à votre évocation. De même, elles révèleront vos étapes de vie significatives.

On commence ?

Alors, voici ma liste :

  • Les Petites Filles modèles de la Comtesse de Ségur pendant ma convalescence d’une pneumonie, fin février 1978 ; le soleil revenait doucement.
  • La Cicatrice de Bruce Lowery ; au retour de l’école ; dans la cuisine où tombait la nuit de janvier 1984.
  • Madame Bovary de Gustave Flaubert à la fin de l’été 1986, sur la terrasse de ma tante à Sallanches, tandis que la montagne bleuissait sous les nuages.
  • Les Illuminations d’Arthur Rimbaud, éclairées par une lampe sous mon drap ; j’ai failli mettre le feu à mon lit en ce soir de l’année 1987.
  • Le Rouge et le noir de Stendhal, pendant les pauses d’un stage de danse en 1989.
  • Une Femme d’Annie Ernaux dans le jardin de ma résidence d’étudiante, au milieu des senteurs du gazon coupé. Je venais d’obtenir mon diplôme, cette année-là, en 1991.
  • Les Hauts de Hurlevent d’Emily Brontë au bord de la Manche, par le frais mois de juillet 1997 ; j’ai trouvé récemment quelques grains de sable bien anciens au creux des feuillets.
  • Anthologie du poème court japonais par une matinée de neige (quelle année ? Je donne ma langue au chat !), en buvant du lait chaud.
  • La Première épouse de Françoise Chandernagor, après un violent chagrin d’amour en 2006.
  • L’Inédit de Marie Cardinale pendant mes vacances à Majorque, puis à Palerme en 2015 ; livre lu et relu et qui porte en ses pages la froissure provoquée par le passage du vent de la mer.
  • Les Poèmes de Nâzim Hikmet dans l’avion pour Constanta en 2009.
  • Les Chansons de Bilitis de Pierre Louÿs dans l’allée très fréquentée de la librairie de ma ville, en attendant un rendez-vous dont je ne me souviens pas quand, ni pourquoi, ni avec qui. Seul le livre m’importe encore.
  • 20 ans avec mon chat d’Inaba Mayumi, en 2017, dans l’appartement familial. C’était la dernière année où nous étions réunis. Et je l’ignorais.
  • Le Livre du bonheur de Marcelle Auclair – livre trouvé dans la bibliothèque de l’ehpad – en écoutant respirer ma mère, la veille de son départ, le soir du 03 octobre 2023.
  • Et le plus mémorable pour la fin, un livre de l’outre-temps, Toute L’Œuvre poétique de Renée Vivien, dans la librairie du Musée d’Orsay après m’être promenée avec ma mère dans les tableaux de Van Gogh. Lecture du livre poursuivie dans le bus au milieu de mes camarades criardes. Bien sage à côté de Maman, j’entendais le silence des roses. Hommage à toi, Maman, qui m’as payé ce livre. Grâce à toi, quand je lis de la poésie, j’ai toujours seize ans.

Et Vous ?

La liste n’est ni figée, ni exhaustive. Vous pouvez la modifier, la compléter à votre guise et la continuer en y ajoutant vos livres associés à vos périodes de vie les plus récentes.

À vos stylos !

Géraldine

1 L’Art des listes : Simplifier, organiser, enrichir sa vie ; Dominique Loreau ; éditions Marabout ; 2007

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Comment écrire ses mémoires quand on perd la mémoire ?

La Vie se souvient de Vous !

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Votre vie en poésie

Écrire une biographie poétique

Quand j’étais jeune, il m’arrivait souvent d’insérer un poème dans mes récits – contes ou nouvelles. Pourquoi ? Je ne saurais dire. Comme un chat qui entre dans une chambre secrète, la poésie s’invitait doucement dans la prose. La syntaxe d’une phrase se déhanchait et si j’accueillais sa danse avec confiance, je m’apercevais qu’elle devenait Vers. Deux sons entre mots voisins s’accordaient, un rythme cheminait et une rime sonnait dans les paroles que prononçaient mes personnages. À ma grande surprise, le paragraphe initial se divisait en strophes, puis, parfois, en sonnet.

Aujourd’hui, quand j’écris pour autrui, j’accueille dans le même lâcher-prise une voix poétique qui demande à se faire entendre car je sais que c’est toujours pour une bonne raison. En effet, le poème exprime, mieux que n’importe quel genre littéraire, le mystère de l’indicible.

Aussi m’arrive-t-il de vous suggérer de mettre certains éléments de votre vie en poésie. Je vous expose ici les situations qui m’incitent à faire de telles suggestions.

  • Les poètes expriment des sentiments liés à des expériences universelles, propres à la condition humaine. Si vous me confiez une épreuve que d’autres poètes ont évoquée, je ressentirai qu’il est peut-être opportun de faire référence à certains poèmes qui vous parlent de cette épreuve : la douleur existentielle avec Charles Baudelaire dans son poème Recueillement, la traversée du deuil avec Victor Hugo dans son poème Demain, dès l’aube, la joie de la récolte avec Paul Verlaine dans son poème Green, la trahison amoureuse avec Marceline Desbordes-Valmore dans son poème Les Séparés, l’élan solaire du voyage avec Arthur Rimbaud dans son poème L’Éternité… Dans ce cas, j’insère quelques strophes dans votre biographie afin de condenser l’émotion de votre vécu.
  • Quoi de mieux qu’un haïku pour faire revenir l’éclat d’un instant, le saisir à nouveau, capter l’émerveillement d’une contemplation dont vous conservez le précieux souvenir ? Comme je l’ai déjà expliqué dans mes billets, une biographie se compose, certes, d’événements importants ; mais elle relate aussi de brefs moments suspendus. Ce sont d’ailleurs ces fragments de temps – si riches qu’ils ressemblent à de petites éternités – qui rendent les mémoires d’une vie si intéressantes. L’attention portée à la floraison du lilas au-dessus de la grille, la première confiture de prunes, le parfum de la pelouse fraîchement tondue pendant que vous rouliez à bicyclette… Le haïku vous permettra de fixer la splendeur éphémère d’une saison de votre âme. Je pourrai vous aider à composer vos propres haïkus. De même, nous pourrons convoquer ensemble Bashô Matsuo, Masaoka Shiki, Kobayashi Issa dont les haïkus sont autant de ponts qui enjambent le temps jusqu’à nous…
  • Un traumatisme fige votre parole ? Dans ce cas, il faut la rendre cri. Il nous faut écrire le blanc, c’est-à-dire faire jaillir ce cri avec le silence tout autour, comme si ce silence était un ciel transpercé par une étoile – la vôtre. J’initie alors un genre que j’ai développé dans mon recueil poétique Jusqu’au Noyau et que l’on retrouve également dans les Peach Stones de Rupi Kaur – ce que j’appelle précisément le genre du Noyau :

Incorporer dans votre biographie un Noyau de votre expérience, c’est atteindre l’essence de ce que vous souhaitez exprimer en effaçant tous les détails qui encombrent la perception claire de votre ressenti lié au traumatisme ; c’est poser sur la page votre vérité ; c’est en restituer l’émotion intacte.

Puis, nous poursuivons votre récit. L’écriture reprendra, certes, son cours traditionnel, mais quelque chose aura changé. Transcrite de manière concise sur le papier, l’expérience sera hors de vous. Tout lien, toute chaîne qui vous entravaient auront été ouverts. Votre parole étant enfin délivrée, elle permettra une écriture déliée et la biographie se poursuivra de manière plus fluide.

Comme vous le constatez, le Recours au Poème ajoute une dimension thérapeutique à l’écriture de votre vie. 2

Tout comme nous insérons des photos dans une biographie traditionnelle, nous pouvons également inclure un ou plusieurs poèmes qui seront autant de clichés verbaux, d’illustrations métaphoriques, d’images de votre vie intérieure demandant à être montrée,

parce que, ne l’oublions pas, votre vie est un voyage humain commun à nous tous, les mortels que nous sommes, dont votre biographie retracera l’émouvante épopée.

1 Géraldine ANDRÉE, Jusqu’au Noyau, Recueil de poèmes autobiographiques et autothérapeutiques – Guérir par l’écriture incisive ; Le Soupir du temps ; 2023

https://www.fnac.com/livre-numerique/a20511711/Geraldine-Andree-Jusqu-au-Noyau#FORMAT=ebook%20(ePub)

2 Recours au poème ; Poésie et Mondes poétiques

Géraldine Andrée

Publié dans écritothérapie, Dialogue avec ma page, Histoire d'écriture, Le livre de vie

Le sujet d’écriture

Tu me confies
que tu veux mourir
que tu n’en peux plus
des Autres
de Lui
de Toi
que c’est peine
perdue
tu n’accompliras
jamais
ta grande
œuvre
en cette vie

Mais moi
la page
je suis témoin
que tu n’as pas perdu
l’envie
de vivre
J’en veux
pour preuve
le sujet
d’écriture
que tu notes
dans la marge
d’aujourd’hui
pour l’expanser
« en vingt
lignes
au moins »
demain

Géraldine Andrée

Publié dans Le cahier Blueday, Poésie

Le rendez-vous

Excusez-moi,

mais j’ai un rendez-vous

de la plus haute

importance :

avec mon cahier

bleu

ciel.

Géraldine

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What’s your story ?

Et toi ? Quelle est ton histoire ? Je peux t’aider à la choisir et à l’écrire !

« Comment retrouver le fil de sa vie ? Mot après mot, en se confiant à la page, en la considérant comme un miroir qui nous permet de mieux nous connaître. Au fil des exercices proposés, vous parviendrez à devenir l’auteur de la vie que vous souhaitez, autrement dit de votre propre histoire. »

Géraldine Andrée

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Mon plus cher présent de Noël

Mon plus cher présent de Noël,

Retrouver le journal bleu
que j’avais cru
pendant si longtemps
perdu,

découvrir
l’incandescence
de mes pages
secrètes

et me demander
avec une éclatante
lucidité :
Comment

ai-je pu oublier
en vivant
jusqu’Ici
tout ce que j’ai écrit ?

Géraldine

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Rien qu’un cahier

Récemment, une amie m’a dit :

– Je confie tous mes problèmes à mon cahier ! Oh ! Ce n’est pas grand-chose ! Ce n’est rien qu’un cahier…

Rien qu’un cahier…

Comme je te comprends !

Un cahier qui prouve, finalement, que tu n’as pas d’interlocuteur fiable, d’ami fidèle et compréhensif, de confident loyal. Tu n’as personne à qui parler. Alors, tu écris dans ton cahier.

Mais ce cahier est Tout, en vérité.

Je ne disserterai pas ici sur le fait que les vrais amis sont très rares… Quant à la famille, elle est susceptible, elle aussi, de te trahir ou, tout simplement, de ne pas être à la hauteur de l’idéal que tu te fais d’elle.

Alors, crois-moi, tu peux compter sur la présence de ton cahier :

  • Il représente ton espace intérieur, protecteur et sacré. Ses marges symbolisent tes limites – ce seuil interdit aux intrusions du monde.
  • Il te guide vers toi-même. Et ses lignes sur lesquelles s’inscrivent tes mots comme autant de pas sont de multiples chemins possibles vers ta terre promise.
  • Il est cette île de silence, loin de la cacophonie extérieure, où tu peux enfin te mettre à l’écoute de ta propre voix : Aujourd’hui, j’ai vraiment besoin de repos…
  • Il te relie à ton authenticité. Comment ? Par le frêle fil de l’encre qui se dévide entre ta feuille et toi.
  • Il te place face à cette évidence : comment peux-tu espérer de la sincérité envers les autres si tu n’es pas d’abord sincère envers toi ? Le cahier, comme tout miroir, ne ment pas.
  • Il te permet de définir ce que tu ressens dans l’unique instant présent, de cerner précisément ce sentiment passager qui, certes, ne te définit pas éternellement mais qui t’invite à mieux te comprendre et à t’accepter dans ton éphémère vulnérabilité : Aujourd’hui, je me sens fatigué, stressé, anxieux… Nul besoin de remédier à la situation ! Le seul fait de le noter te délivre déjà des ruminations mentales.
  • Il te montre ta place, TOUTE TA PLACE, c’est-à-dire comment t’affirmer par ta seule présence, en écrivant que tu comptes aux yeux de la personne la plus importante : TOI.
  • Il est le recours le plus rapide lorsque la toxicité te submerge, une méditation qui s’accommode du mouvement, voire de la trépidation. Une peur resserre son étau autour de ton cœur alors que tu voyages en seconde classe, de Paris à Strasbourg ? Parle à ton ami en papier de cette peur. Puis, lorsque cet ami te la présentera telle qu’elle est, dialogue avec elle : Ma peur, je sais que tu es bienveillante pour moi car tu veux me protéger de la situation X, de la personne Z…
  • L’espace de ton cahier est du temps qui t’appartient au milieu des obligations. Au moins, dans ma journée, j’ai eu vingt minutes à moi, rien qu’à moi, avec Lui à la page si douce… Que cette parenthèse d’écriture ressemble à de brèves retrouvailles avec un amant clandestin ne me choque pas, je t’assure…
  • Dans cet espace, tu prends le temps de t’arrêter, de respirer, de faire littéralement une mise au point. D’ailleurs, les virgules et les points sont faits pour ça : REPRENDRE TON SOUFFLE. Alors, l’émotion indicible s’apaise. Déposée sur la page satinée, entre deux fleurs bien dessinées, parmi d’autres feuillets eux aussi en fleur, elle perd de son emprise et s’adoucit au contact de la tendresse du papier. Maintenant qu’elle est là, elle n’est plus le diablotin qui risque à tout moment de te sauter à la gorge. C’est une enfant que ton écriture berce pour qu’elle s’apaise encore.

Voilà. Même si tu ne peux converser avec le monde, TU EXISTES.
Tel un oiseau, tu donnes ta puissance à ta plume et tu prends toute ton expansion rien que dans un cahier, que tu peux nommer Recueil de ma vie car il est l’ami qui se recueille sur tout ce que tu lui confies.

Géraldine Andrée

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Pour libérer ta vie, libère ton histoire

Écris sur ce qui t’obsède, te chagrine,
sur ce qui éveille tes regrets et tes remords.
Puis, après avoir constellé
d’étoiles noires

tout l’espace de la page promise,
laisse dans ta vie
de l’espace au blanc
du jour à vivre.

Tu seras ainsi plus présent pour la cime
de chaque arbre
sur lequel le soleil
se penche.

Écris, par exemple, sur la musique
que te fait encore entendre
le jardin effacé,
la cour des jeux à cloche-pied,

les matins passés
avec ta grand-mère
à enlever les fils
des haricots verts.

Souviens-toi
comme les vacances
ainsi touchaient
à leur terme

au fil des haricots
que détachaient
les mains de ta grand-mère
déformées par les rhumatismes.

Il y aura toujours de la place
pour la nostalgie de l’enfance
dans ton cahier.
Je dirais même

que ton cahier se destine
à devenir la chambre de ton enfance
où tu inviteras ton lecteur
comme ton meilleur ami de jadis.

La liberté ?
C’est d’écrire chaque jour
dix minutes, vingt minutes
au sujet de cette famille,

de ce qu’elle est devenue,
faire de ton expérience
un chemin qui mènera
ton ami inconnu

vers une compréhension
plus intime,
plus aiguë
de Lui.

Géraldine Andrée

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Comment se passe l’écriture d’une biographie de la peau à la page ou de l’écriture à la cicatrice ?

Géraldine ANdrÉE