Ma mère et moi déplaçons nos chaises selon le mouvement des nuages devant le soleil.
Soudain, ma mère me demande :
-Qui est cette Autre assise à côté de toi ?
Je lui réponds de ma voix qui se veut la plus calme :
-Mais Maman ! Il n’y a que nous deux !
A moins que… ma mère ne voie une véritable amie d’âme, invisible pour moi qui me sens seule parfois…
Ma mère me donne des nouvelles de ses parents qui ont, paraît-il, loué un studio dans la grande avenue et font leurs courses tous les jours dans la petite épicerie qui n’est qu’à quelques pas d’ici.
Oui, ils sont bien revenus de l’au-delà, plus jeunes qu’autrefois.
Si tu le veux bien , on organisera un déjeuner dimanche prochain, puisque ce sera Pâques.
Tu pourras te libérer, j’espère… Il faut que je prévoie le menu. Et si je faisais un soufflé aux pommes de terre ? Après, on partira pour une promenade…
On est le quatre août mais peu importe. Claire et Pierre s’annoncent à notre porte dès la première note de cloche.
Ma mère s’inquiète de savoir si l’arbre sur la place du village de son enfance a dépassé les tuiles de sa maison.
Puis, elle se plaint que ses ongles sont trop longs.
Alors, je les lui coupe.
On est tranquille. Ils peuvent repousser au rythme monotone des jours
pendant que la mémoire gambade dans un autre temps
où les morts sont bien vivants.
Géraldine Andrée
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