Arriver sur le seuil
Ôter les feuilles qui le recouvrent
D’un tour de clé
entrer dans le corridor
Sentir la cape fraîche de l’ombre sur les épaules
Voici le silence qui accueille le premier pas
comme un chat qui a attendu depuis longtemps
dans un demi sommeil
Le suivre et retrouver tout surpris dans la chambre
un rayon de soleil qui ressemble
à la mèche de la belle aïeule
Découvrir cette magie avec une telle évidence
qu’on se demande
comment on a pu être absent pendant autant d’années
alors que la maison gardait pour elle seule toute sa présence
Et afin de se faire pardonner d’elle
décider que l’on va demeurer ici à jamais
pour faire refleurir
l’âme des dormeurs
sous chaque chose
un ruban
un couvercle de porcelaine
une soucoupe où furent ciselées
des guirlandes de roses d’or
dans un éternel bleu
où n’existe pas la mort
car tel
est le rôle
essentiel
de ceux qui restent
Qu’ils se souviennent
pour la prochaine
aurore
Géraldine Andrée