Publié dans Journal de silence, Méditations pour un rêve, Un cahier blanc pour mon deuil

Te reconnaître

Une question me hante.
Si je te retrouvais, te reconnaîtrais-je ?
On dit que les défunts prennent souvent l’apparence
d’un papillon, d’une colombe…

Et si tu te décidais à me surprendre,
serais-je sensible à cette surprise ?
Tu pourrais, après tout,
être un flocon de neige sur ma joue,
cette poussière dans l’œil
qui fait jaillir des larmes
aussi brillantes que celles
de mon vieux chagrin
ou le baume d’un rayon de soleil
sur les lèvres sèches
de mon insomnie…

Tu pourrais être
simplement
le petit matin,
quand l’étoile
du Nord
laisse dans mon rêve
le souvenir
de son point
d’or.
Tu pourrais être encore
un crayon de couleur,
l’appel
de mon cahier blanc
à cinq heures,
la paisible respiration
du chien qui dort,
un laurier-rose
dont les branches
se penchent
par-dessus la clôture
du jardin interdit,
un tableau qui m’attire
dans une vitrine
– et voilà que je m’échappe
sur un sentier de printemps
en pleine ville,
guidée par l’ombrelle
dansante
d’une jeune fille
qui me fait signe
en se retournant
de temps en temps -,
l’ultime note
d’une symphonie de Mahler,
la brise qui me suit
derrière son feuillage vert,
un compliment espéré
depuis si longtemps,
un ami qui me revient de loin,
le seuil d’une maison
quelque part en Camargue,
un poème qui me parle
en silence,
une lampe d’enfant
dans ma solitude…

Mais peut-être
que tu ne serais rien
de tout cela
et que tu attendrais patiemment
que je te reconnaisse
au cœur
de mes habitudes,
comme, par exemple,
dans mon regard
que je pose
sur moi-même,
mon regard qui s’attarde,
chaque soir,
dans mon miroir,
mon regard devenu
plus doux,
plus clément
au fil des ans
et qui me dit
en souriant :

« Tu vois !
Ce n’est pas grave !
Tout passe ! »,

mon regard
qui, entre les battements d’ailes
de quelques secondes
de grâce
me montrerait
qu’en me voyant,
moi,
je te verrais,
Toi,
allumer en mon âme
la flamme
si frêle
mais si présente
de l’envie
d’être en vie
et d’écrire
jusqu’à la fin
cette vie-ci,
humble
comme le nouveau-né
tout nu.

C’est ainsi,
je crois,
que je te reconnaîtrais
car j’aurais la certitude
que tu renaîtrais
dans cette reconnaissance
de qui nous avons été
ensemble
et de qui nous sommes devenus
l’un sans
l’autre.

Géraldine Andrée

Publié dans Actualité, Créavie

Vos projets de vie

Les mois à venir vont être très difficiles à vivre.
Quoi qu’il en soit, quoi qu’il puisse surgir de l’extérieur,
n’abandonnez jamais vos projets et vos rêves de vie.

Virginia Woolf insiste sur l’importance d’avoir « une chambre à soi » pour créer ce que l’on souhaite voir advenir.
Réfugiez-vous dans cette chambre et faites-en votre part de ciel.
En ce qui me concerne, la couleur du temps ne m’a jamais empêchée d’écrire.

Si le jour est beau, je place ma page dans la lumière.
S’il pleut, je continue à avancer sur mon chemin intérieur en écoutant de loin
battre les orages.

Ayez confiance en la voix qui murmure dans la chambre de votre cœur
et soyez fidèle à ce qui demande à naître
à travers vous.

Mettez au monde votre force, votre inspiration
sans vous soucier de ce que les autres en penseront.
Même si la vie ne vous épargne aucune épreuve,

donnez vie à vos rêves.
La prochaine aurore dépendra de la présence de notre regard
depuis la fenêtre de la maison où nous œuvrons aujourd’hui.

Géraldine Andrée

Publié dans Le cahier de mon âme, Le journal de mes autres vies, musique, Poésie, Poésie-thérapie

Le long week-end

J’aimerais que ma vie soit un long week-end.
J’approcherais mon visage de la flamme
après m’être baignée dans mon âme

puis je baptiserais d’un poème
chaque goutte d’eau
qui constellerait ma peau.

Un rire dans son éclat
m’emporterait vers une existence
où l’on ne meurt pas.

Et au moment de m’endormir
au creux de l’enfance,
un rêve accrocherait des ailes

à mon dos
pour que la joie qui se termine
recommence aussitôt.

Le temps, alors,
serait largement ouvert
comme un bras de mer

qui me bercerait
sans que sa force ne m’étreigne…
J’aimerais que ma vie soit un long week-end.

Géraldine Andrée

Publié dans Bullet journal, C'est ma vie !, Créavie, Journal d'instants, Le cahier de mon âme

La nouvelle résolution

La nouvelle année commence ! C’est le moment d’écrire des résolutions pour accomplir ce que l’on n’a pu accomplir l’année précédente, parce que l’on est insatisfait des résultats, parce qu’il faut toujours se lancer dans de nouveaux challenges, se défier, être en compétition avec soi-même.

Ces résolutions, souvent notées dans un calepin tout neuf, seront certainement vite abandonnées par lassitude, manque de temps, d’investissement sur la durée ou de conviction…

Et si l’on ne notait qu’une seule résolution cette année,

Être ?

À partir de ce seul verbe, faire une petite liste – sous forme de bullet-journal, pourquoi pas… – des activités qui nous invitent à Être.

Comment les reconnaître ?

Ce sont les activités où vous oubliez votre mental, où vous cessez de planifier, de contrôler, où vous abandonnez toute obligation de performance.

Pour moi, c’est

  • sauter dans une vague
  • caresser un animal
  • me promener dans un jardin
  • m’asseoir au soleil
  • regarder défiler un paysage par la vitre du train
  • inspirer et expirer profondément
  • danser
  • contempler la lune
  • attendre que le thé infuse sans rien faire d’autre, en observant l’eau qui prend doucement la couleur du thé
  • m’étirer

Et vous ? Promettez-vous, ou plutôt, permettez-vous de choisir un item de votre liste et d’y être fidèle une fois par jour.

Décidez d’être qui vous êtes quelques instants, chaque jour, loin des conventions, des obligations que vous imposent les autres et des masques sociaux (sans mauvais jeu de mot).

C’est largement suffisant pour tout un an !

Géraldine Andrée

Publié dans Art-thérapie, Créavie, Le cahier de la vie, Le journal de mes autres vies

Sans titre

Dans cette vie, j’écris.
J’avance au fil de l’encre.
Dans une autre vie,
je confectionnerai des cahiers.

Je coudrai des pages
toutes ensemble
avec des fils
presque invisibles

pour que les autres
retrouvent
en ces feuilles reliées
le fil de leur vie.

Géraldine Andrée

Publié dans Créavie, Dialogue avec ma page, Grapho-thérapie, Journal créatif, Récit de Vie

En écrivant

J’ai longtemps vécu en me définissant par le regard qu’autrui posait sur moi ; en croyant que le jugement que l’autre donnait de moi me décrivait de manière existentielle.

Et pourtant, il est possible de se détacher de cette image que la société, nos proches, nos dits amis nous renvoient et ainsi, d’être libre.

Comment ?

En écrivant.

En écrivant,

j’ai suivi le fil de ma vie avec mon propre regard et j’ai compris qu’il me menait dans le sens de ma résilience ;

j’ai franchi la frontière qui me séparait de mes rêves et de mes désirs les plus pérennes ; je suis allée de l’autre côté, où m’attendait ma vérité ;

j’ai compris les épreuves qui m’ont guidée là où j’en suis et j’ai ainsi pu triompher du silence ;

je me suis donné le droit de crier sur la page en couleurs et en majuscules ;

j’ai appris à souligner ce qui m’était essentiel et à le privilégier dans ma vie de tous les jours ;

j’ai distingué en deux colonnes le passé du présent, ce qui doit être jeté de ce qui doit être gardé – objets, bien sûr, mais aussi valeurs, loyautés, habitudes, relations ;

j’ai tracé les grandes lignes de mon futur en laissant au crayon du hasard ou de la destinée des intervalles blancs suffisamment larges ;

j’ai pris ma place dans mon propre espace qui est celui de la page ;

j’ai découvert des comparaisons pertinentes, des métaphores insolites, des associations d’idées originales et je me suis exclamée, émerveillée comme une enfant qui trouve de splendides jouets dans l’ombre d’un grenier :

– C’est moi, ça,

« ce chemin qui file dans le vent comme de la soie, cette rose d’avril en robe élégante, l’ongle d’or de cette étoile qui s’accroche à l’angle d’une fenêtre, cette rivière de ciel qui se jette à l’embouchure du matin, la lampe de mon âme  » ;

j’ai reconnu mon Moi profond avec lequel j’ai conversé ; je n’ai plus jamais eu peur du monde ou honte d’être là car le fidèle miroir de la feuille m’a apaisée.

En écrivant,

je me suis réconciliée avec celle que j’ai toujours été
depuis que je suis née.

Alors, faites de même pour vous ;

écrivez pour vous-même !

Géraldine Andrée

En écrivant, on se sent de plus en plus vivant…
Publié dans Créavie, Poésie, Récit de Vie, Un cahier blanc pour mon deuil

Le beau rivage de l’été

Le beau rivage de l’été
est parcouru d’un vent glacé
Je crois que je peux descendre
jusqu’à la vague

pour retrouver ce souffle
qui s’enroulait autour de mes hanches
et me faisait dériver doucement
vers la lumière

Mais le vent m’avertit
que si je vais plus loin
la vague fouettera mon visage
de sa haute main

et que le voyage
vers l’azur brun
sera inexorable
C’en est fini de l’été

de l’abandon
à la confiance
immense
de l’océan

Alors je rebrousse chemin
Je remonte la pente
de la plage
et je m’en retourne

vers une autre rive
celle de la page
que mon souffle
élargit

jusqu’à cette lueur bleue
là-bas
ce point ultime
qui me fait signe

aussi loin
que me porte
la foi
de mes yeux

Géraldine Andrée

Publié dans Créavie, Journal créatif, Récit de Vie

Que faire de ces quelques feuilles détachées ?

Que faire de ces quelques feuilles détachées
que le vent de la vie peut emporter si loin des yeux ?
Comme je n’ai pas de réponse,
je prends du fil bleu
et je recouds ces feuilles ensemble.

De la cicatrice
de leur déchirure,
je fais une reliure,
une histoire qui commence,
un cahier éclos à fleur de silence.

Géraldine Andrée

Publié dans Journal de la lumière, Journal de silence, Toute petite je

Mon ultime goutte d’encre

Toute petite déjà, j’imaginais ainsi la fin de mon livre de vie :
je plaçais en dernière page l’image d’un bouquet de fleurs.
Tout se terminait bien.
L’oeuvre de ma vie était accomplie.

Maintenant que j’ai bien grandi,
je me demande
à quoi le destin dédie
mon ultime goutte d’encre,

quel mot fleurira
dans la saison
toujours bleue
du silence :

j’aimerais que ce soit
le mot Lumière
là, tout au bout de la ligne,
que, les yeux clos,

je vois ;
un seul mot qui signe
des milliers de pages ;
un mot unique

qui confond
la trace de lumière
de mon passage
avec le soleil

de la page
que commence
quelqu’un d’autre,
juste avant que ne se pose

ma plume sur la feuille
et que la Lumière
en son propre mot
qui la désigne

soit bien éclose.

Géraldine Andrée

Publié dans C'est la Vie !, C'est ma vie !, Créavie, Grapho-thérapie, Poésie-thérapie

Je suis en voyage

Je suis en voyage
Je passe
sur cette terre
en ne laissant
que quelques traces

Je dois vivre
suivre
vaille que vaille
mon chemin
qui consiste
à écrire
la lumière

et lorsque je serai arrivée
à destinée
c’est-à-dire
au bout de la ligne
dans je ne sais
quel espace
de la page

je rentrerai
à la maison
où l’enfance
sans un signal
recommence

Géraldine Andrée