Après avoir écrit dans mon journal intime et lu quelques pages de l’œuvre The Artist’s way de Julia Cameron, je reste là, assise au soleil, fixant sa frêle phrase de lumière bientôt effacée sur la page de la table.
Et je sens que tout est bien ainsi, que rien ne doit rompre l’équilibre précaire de cet instant posé au bord du temps, pas même mon souffle si ténu.
Un songe me traverse :
Tu te souviens ? Une fin d’après-midi dans la maison de G ! Une douce lumière de vacances… Tu contemplais sans penser à rien les guirlandes de fleurs de la toile cirée…
Et soudain, une certitude a surgi : l’intense sentiment d’être uniquement Toi, profondément Toi. Tu t’es interdit de répondre à la question que te posait ta mère pour ne pas dissiper cette plénitude éphémère, ne pas heurter puis briser cet instant de cristal.
Tu revis une expérience jumelle aujourd’hui : te contenter d’être là, au bord de la Vie elle-même, en ayant conscience que lorsque tu prendras ta plume la plus légère pour tenter de raconter ce qui est indicible, ce vase secret qui contient tout ton être se fêlera
de haut en bas.
Géraldine Andrée

