C’est certain
Je ne deviendrai pas
ce que vous voulez que je sois
Parce que je suis
voilà tout
Je suis le tout
Demandez-vous à une étoile
d’atténuer
ou d’incliner
sa lumière
pour le plaisir
de vos beaux yeux
J’ai l’enfance
dans l’âme
l’art de la désobéissance
celle qui me mène
de poème en poème
et vous ne me rattraperez pas
pour me ramener
dans ma chambre
Je ne suis pas destinée
à suivre
la voie
que vous avez tracée
pour moi
avant ma naissance
La preuve
j’écris
en partant
de tous les points
invisibles
de la page
je parcours
l’espace
du papier
devant moi
Vous me demandez
de me soumettre
à vos sens interdits
d’accepter
vos bifurcations
vos ronds-points
où l’on revient
au point de départ
vos flèches
toutes faites
de me contenter
de suivre
les indications
sans m’interroger
Mais savez-vous
que j’ai toujours
habité
le bleu
d’avant toute existence
un bleu si profond
que je me sens y descendre
et en remonter
purifiée
comme si j’étais
l’aube elle-même
Savez-vous
que je connais
l’immense
champ
du mot
Liberté
Savez-vous
que ce sont
les graines
semées
par mon rire
qui me donnent
la voix
à suivre
Je n’ai ni votre vocabulaire
ni vos définitions
du monde
car j’accueille
tous les sens
possibles de la vie
et seule
la lumière
du jour
a le droit
de me connaître
comme si
elle m’avait faite
C’est certain
vous voulez m’enfermer
à double tour
parce qu’il ne faut pas
que j’aille plus loin
que vous
Mais sur terre
il n’est pas question
de concurrence
seulement
d’évolution
L’infini
des chemins
des prairies
du vent
de l’azur
que vous avez habité
avant de venir
ici
est aussi
en vous
Retrouvez
la mémoire
s’il vous plaît
Ce n’est pas
en mettant l’oiseau
entre des barreaux
que vous effacerez le ciel
Ouvrez votre cage
Libérez-vous
libérez-moi
Notre monde
d’ici-bas
attend
le mouvement
de nos ailes
pour réaliser
dans son rêve
qu’il peut
tout créer
telle l’encre
qui descend
jusqu’à la pointe
de la plume
pour faire
perler
la vérité
venue
de très haut
De la fourmi
à l’éléphant
de la goutte
à la vasque
du grain de sable
à l’océan
nous pouvons tout
inclure
sans rien
enfermer
©
Géraldine




