Publié dans Art-thérapie, C'est la Vie !, C'est ma vie !, Cahier du matin, Créavie, Le cahier de mon âme, Le journal de mes autres vies, Méditations pour un rêve

Ce qui me fait du bien dans mon quotidien, c’est

  • d’écrire le matin auprès d’une tasse de café bien chaud, de sentir sous ma main la page douce comme un duvet et de voir la lumière se refléter dans l’encre de mes mots pas encore secs.
  • de me promener au gré de mes envies, de mes intuitions et prendre en photo sur mon portable tout ce que je rencontre – un forsythia en fleur, une ombre qui s’allonge ; en vérité, la mienne…
  • d’écrire dans mes blogs en écoutant une musique de méditation comme celle de Tim Wheater, par exemple – j’ai ainsi l’impression de rentrer dans ma maison de toujours.
  • d’aller dans des conférences et de prendre des notes dans mon petit carnet de connaissances.
  • de lire au soleil d’été, cachée entre les herbes ou sur un banc à l’écart. Pareil : prendre des notes de mes lectures ou si le livre m’appartient, dessiner des Coeurs dans la marge, en face des passages que je préfère.
  • de prendre conscience de ma respiration quand j’effectue les tâches les plus anodines comme faire la vaisselle…
  • d’aller au cinéma le dimanche matin, à la séance de 10 h 30. M’entendre marcher dans la rue déserte. Ainsi, cet écho, c’est bien mon pas ? C’est encore mieux s’il y a du soleil. Je partage alors mes envies avec la lumière. J’emporte un sachet de chouquettes tièdes avec moi, que je mange en toute discrétion…
  • de faire brûler un bâton d’encens en hiver, à cinq heures. Je regarde les volutes grises onduler dans la clarté de la lampe : bercement du silence.
  • de danser seule avec mes morceaux préférés : les chansons d’Indila sont irrésistibles. J’aime sentir le rythme couler dans mes hanches.
  • de rester longtemps dans mon bain et quand il se refroidit, faire ruisseler de l’eau chaude en écoutant son murmure. Cela m’apaise !
  • d’improviser un dîner avec des amis, dans un petit restaurant tout simple.
  • d’effectuer toutes mes tâches difficiles le matin et me rendre compte qu’il me reste toute la journée de libre, la conscience tranquille !
  • de regarder des vidéos spirituelles sur mon ordinateur ou de lire au coeur de la nuit. Un autre temps m’enveloppe. Je fais partie du rythme naturel de l’univers.
  • de contempler le ciel étoilé d’une rambarde au bord de la mer à Majorque.
  • de mettre ma première robe d’été et de sentir son frôlement autour de mes jambes quand je marche.
  • d’essayer plusieurs parfums chez Adopt. Rentrer dans le magasin en me promettant que je n’en achèterai qu’un et, finalement, en acheter trois.
  • de dormir tard et noter mes rêves au réveil. J’ai la sensation que j’ai d’autres vies concomitantes.
  • de remplir mon carnet de gratitudes et saisir sur chaque feuillet le mouvement d’ailes des synchronicités.
  • de téléphoner à une amie à laquelle je n’ai pas parlé depuis très longtemps : tout accueillir, les bonnes comme les mauvaises nouvelles. Connaître le prix radieux de sa voix.
  • de m’asseoir et ne rien faire. Ou rester debout sur ma terrasse à observer les métamorphoses du paysage dans le jour.

Et Vous ?

Géraldine Andrée

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Cinq faits majeurs de ma jeunesse

  • Un clair après-midi de juin où ma grand-mère est décédée. Je savais que je perdais une confidente, une âme soeur. Le week-end précédent, j’étais allée cueillir des cerises. Le matin de son décès, la prof de sciences physiques qui ne m’appréciait pas particulièrement m’a regardée partir lentement. J’ai senti son regard sur mon cartable. Le chagrin m’avait déjà enveloppée mais je l’ignorais encore. En rentrant pour le déjeuner, j’ai appris la nouvelle. J’ai su par ma mère que quelques jours avant son départ, ma grand-mère lui avait confié son inquiétude : je n’avais toujours pas mes règles !
  • Deux mois après son décès, au plein coeur de l’été, alors que je dansais follement avec ma corde à sauter, j’ai senti cette chaleur au creux de mes jambes. La surprise de découvrir plus tard qu’Elles étaient là ! Taches brunes comme des pétales de roses fanées sur le blanc sentier. Je n’imaginais pas que cela pouvait m’arriver à moi qui aimais tellement demeurer en enfance. Je n’éprouvai rien de spécial. Aucun bouleversement qui m’indiquait que j’étais une femme. J’avais toujours envie de jouer. Il n’y avait rien – sinon la pointe douloureuse de mes seins sous ma robe. Pourquoi faire autant d’histoires pour ça ? Ces chuchotements de femme, cette gêne, ces mouvements furtifs ? Pas de quoi fouetter un chat ! J’avais pourtant l’impression que mon corps m’échappait dans sa moiteur. Bien plus tard vint la douleur.
  • Le harcèlement scolaire que mena contre moi une certaine Ghislaine. J’allais en classe la peur au ventre. Elle jetait mon cartable dans la cour, le vidait, écrasait mon goûter, éparpillait les stylos de ma trousse. Je restais muette, par peur des représailles. Comme cette Ghislaine savait qu’elle me terrorisait, ses brimades allèrent crescendo. Elle monta tout un groupe de copines contre moi qui « m’attendaient à la sortie pour me buter ». Mes résultats scolaires baissaient. Je survivais malgré tout. Je voulais disparaître dans les profondeurs de la forêt derrière la maison. Un soir, je rentrai chez mes parents, les boutons de mon gilet complètement arrachés. Je ne pus admettre de me faire punir. Je dénonçai la coupable à mon père qui alla voir la Directrice. Cette fille fut exclue de l’école, je crois, ou en tout cas de ma vie. La clé de ma délivrance ne m’avait été tendue que dans le courage d’un seul nom, la force d’une seule phrase : « C’est Ghislaine qui m’a fait ça ! » J’entrevis le formidable pouvoir de libération des mots.
  • J’avais la poésie, heureusement. Je m’achetais des cahiers pour écrire de beaux poèmes. Je notais sur la première page à l’encre turquoise Anthologie ou Morceaux choisis. Mais très vite, je raturais mon cahier car je n’étais jamais satisfaite d’un vers, d’une rime, d’une image. Alors, je recommençais un autre cahier. J’aimais l’odeur de sa couverture et de ses pages neuves, signe de tous les commencements. Je me souviens des lampes jaunes de la Bibliothèque de ma ville natale où je feuilletais avec une envie mêlée de fascination les recueils d’Anna de Noailles, d’Emily Brontë. Je voulais écrire comme ces femmes. Je me consolais de ma solitude au rythme des Chansons et des Heures de Marie Noël. La lecture de Rimbaud fut une fulgurance. Avant de m’endormir, je m’en allais avec lui sur les sentiers bleus d’été. Le blond de sa chevelure rivalisait avec la couleur des foins roulés dans les prés que, dans mon rêve, nous traversions ensemble. J’ai moins aimé la deuxième partie de sa vie. Ce n’était pas romantique du tout, d’avoir une jambe coupée au retour d’Abyssinie. Un dimanche glacial de novembre, j’allai chercher mon prix littéraire pour mes premières Poésies. La photo du journal fut accrochée sur les murs de la salle de permanence de mon collège. Je figurais sur l’estrade où les prix avaient été remis, si petite, si frêle dans ma robe jersey ! Belle revanche !
  • Le jour où je pris l’avion toute seule pour me rendre chez ma tante dans les Alpes. La joie de survoler ce patchwork coloré qu’était le paysage ! Je ne savais pas alors que cette première fois annoncerait tant d’autres voyages inscrits dans ma destinée. Je crois que j’ai vraiment grandi ce jour-là. Je me souviens du chouchou bleu qui reliait mes cheveux et du doux frôlement des mèches dans mon cou, remuées par le vent lorsque je descendis sur le tarmac. J’étais fière d’avoir traversé le ciel. Je me sentais à mon tour pousser des ailes. J’étais l’amie de la légèreté.

Géraldine Andrée

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Noter chaque jour le moment et l’endroit

Noter chaque jour le moment et l’endroit où j’écris.
Plus tard, au fil de la relecture de mes pages, recueillir ces notes sous forme de liste et en faire un poème, une sorte de voyage à travers une succession de paysages d’écriture comme, par exemple,

J’écris en ce soir de décembre sous la lampe de mon enfance
J’écris dans le train de 15 h 39 qui démarre
J’écris près du lilas d’avril
J’écris au bord de la lumière de l’aube
J’écris non loin de l’océan qui commence sa marée
J’écris parmi les miettes du croissant du petit déjeuner 
J’écris en cachette pendant cette réunion soporifique de 16 heures
J’écris dans le jardin qu’un ami m’a prêté
J’écris comme chaque vendredi quand l’air se fait plus léger

Aujourd’hui j’ai écrit 
Journal, Bonjour !
Il pleut et je t’écris sur ma petite table ronde derrière le store blanc. Les gouttes ont leur raison d’être comme mes mots.

Toute une liste de vies
à poursuivre…

Géraldine Andrée


Publié dans Le journal de mes autres vies, Méditations pour un rêve

Saint-Luc

Tu me dis :

« J’attendais que la mer se retire.
Puis, j’allais jusqu’à la presqu’île.
J’entendais crisser le sable mouillé sous mes pieds.
J’étais guidée par chaque étincelle d’écume au soleil. En chemin, je ramassais des algues ondoyantes, de toutes les couleurs, et qui tombaient mollement dans mon seau.
Arrivée jusqu’à la presqu’île, je m’oubliais dans le bleu qui bordait la rive. Je perdais la mesure du temps. Dans cette éternité conquise, je me laissais vivre.
Lorsque la mer m’envoyait de loin ses vagues, je savais qu’il était temps de rentrer.
Je retrouvais la trace de mes pas.
Quand j’avais enfin franchi la frontière invisible qui séparait mon hôtel de la presqu’île, j’ouvrais la porte de la petite cabane.
Là, avec une éponge et du buvard, je posais mes algues recueillies dans leur danse immobile sur du carton blanc.
Puis je les laissais sécher à la lumière de la grande véranda jusqu’au lendemain.
Retrouve-moi sur Internet la pension Saint-Luc tenue par les religieuses, la presqu’île, la cabane et la véranda. »

Longtemps, j’ai parcouru les sites et les photographies. Saint-Luc désigne désormais un complexe hôtelier anonyme. La cabane et la véranda ont disparu. La presqu’île a gardé le même bleu qui tremble comme une algue posée sur la page blanche de l’azur. Mais l’éternité n’est plus.

Je ne sais aujourd’hui qu’une trace : celle des mots menant au souvenir
qui cherche lui-même l’empreinte de ses pas dans un soupir.

Géraldine Andrée

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René(e)

C’est quelques mois après ton décès, alors que je pressentais ta vie dans une autre dimension, que je compris le sens du prénom René(e).

Re-né(e) : né(e) encore, à nouveau né(e).

Renaître, c’est se voir offrir une seconde chance, bénéficier d’une grâce, d’un miracle.

C’est retourner au monde plus léger mais avec le bénéfice de ses expériences. On porte toujours en soi ses épreuves mais celles-ci ne sont plus un fardeau. Elles ont cessé d’être une entrave. Bien au contraire, elles constituent la force de notre élan ; elles nous ouvrent le chemin. On les considère avec distance. Renaître, libéré(e) de sa souffrance. N’est-ce pas d’une certaine manière l’accomplissement de l’enseignement du Bouddha ?

On croyait que tout était fini, que l’on avait disparu pour le monde ou que le monde avait disparu pour nous.

Et puis, voici un nouveau matin. On s’éveille, riche de ce que l’on a appris. Ce n’est plus l’insouciance, non, mais c’est une sorte de pureté reconquise dont on bénéficie. Un don d’enfance qui consiste à goûter le présent éclairé par le passé.

En effet, si l’on n’a pas souffert du manque d’amour, comment parviendra-t-on à bénir l’amour au moment où il se présentera ?

Et pour ceux qui y croient, naître en cette vie, n’est-ce pas aussi renaître, avec toutes les connaissances insoupçonnées de nos anciennes vies que la lumière de notre chemin nous montrera progressivement ?

Combien se souviennent de pays qu’ils n’ont jamais visités en cette existence, de scènes d’une autre époque, d’atmosphères qui les imprègnent mystérieusement ?

Comment expliquer nos passions, nos préférences, nos choix musicaux, nos goûts pour certaines couleurs, certains parfums

si ce n’est par l’hypothèse d’une ou plusieurs naissance(s) ailleurs qu’ici ?

Personne ne naît complètement nouveau. Nous avons tous des acquis, des prédispositions, des talents innés dont l’héritage s’est fait au-delà du champ de notre mémoire.

La psychogénéalogie enseigne aujourd’hui combien le choix du prénom est déterminant pour l’évolution de notre personnalité.

Le prénom signe le devenir de notre âme.

C’est encore plus vrai pour les René(e)s.

Nous devrions, je crois, autant que nous sommes, accoler ce prénom à notre prénom actuel car nous sommes tous Re-né(e)s,

telle est ma conscience à laquelle ta renaissance dans l’univers m’a éveillée.

 

Géraldine Andrée

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La trace

J’écris pour dire

le souffle du jardin

qui s’en retourne

au silence

à la fin du jour,

ce murmure

qui sourd

du bleu de l’herbe

comme une senteur

de menthe

avant de s’en remettre

à la terre

d’où il est né.

J’écris pour dire

l’étoile

contenue

dans chaque note

qui s’éteint

lorsque

l’instant

est venu.

J’écris

pour marquer

de trois

pointillés

noirs

la voix

enfuie,

trace

du message

qui se poursuit

invisible

dans la neige

de la page.

J’écris

pour être

témoin

du chemin

de cette parole

qui continue

sans moi

à l’infini…

Géraldine Andrée

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Qui étais-je ?

Qui étais-je avant d’être Moi ?

Une fleur, une pierre, un lézard, un cours d’eau ?

Avais-je conscience à chaque fois

de tous ces Moi ?

 

Eprouvais-je

la présence légère

des pétales de mon être

dans le soleil ?

 

Ressentais-je

mon coeur

ô combien pesant

de silence et d’immobilité ?

 

Avais-je connaissance

de la lenteur

des heures d’été

qui me faisait sommeiller,

 

caché à l’ombre

de la pierre,

non loin de l’éclat

de la fleur  ?

 

Me sentais-je fier

de jeter mon chant

dans l’embouchure

de l’immensité

 

tout en sachant

que j’étais emporté

par l’éblouissement

de ma mort ?

 

Qui ou quoi

que j’aie été

avant d’être

n’importe

 

peut-être

pas autant

que cela.

L’important

 

est que j’aie conscience

que ce Moi

d’aujourd’hui

est une porte

 

ouverte

sur d’autres portes…

Géraldine Andrée

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Parce que l’écriture

Parce que l’écriture permet de retrouver notre état d’enfant, ce « parlêtre » comme le disait Lacan, d’avant les traumatismes,

Parce que l’écriture est ce pont qui nous guide jusqu’aux épreuves les plus anciennes que l’on parvient enfin à nommer,

Parce que l’écriture est une force qui ramène le non dit de l’inconscient à la lumière de la conscience,

Parce que l’écriture qui avance sur la page fait reculer la mort,

Parce que l’écriture inscrit en nous ce rendez-vous avec notre force fondamentale, à l’origine de notre naissance,

 

Parce que le thérapeute-biographe vous aide à trouver les mots non seulement pour écrire, mais aussi pour vivre et être l’auteur de votre vie,

 

L’écriture est un remède avec effet désirable,

Celui de vivre davantage.

Géraldine Andrée

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Les pommes vertes

Une fin d’après-midi d’été, alors que j’avais à peine dix ans, je me suis offert un dîner de pommes du jardin.

Elles étaient encore vertes mais certaines déjà étaient percées de petits trous roux.

J’en ai mangé beaucoup.

Je me suis délectée de leur acidité.

J’admirais la trace courbée de mes dents

autour de leur peau avant de les mordre profondément.

J’aimais entendre leur crépitement sur ma langue.

J’aimais mesurer l’entaille de mon avidité

qui s’élargissait lentement.

J’ai même avalé tous les pépins.

Je ne sais combien de temps je suis restée ainsi à genoux

à m’écouter croquer des pommes précoces en regardant le ciel.

Je me souviens en revanche

des coliques violentes qui ont tenaillé mon ventre

le lendemain

et qui m’ont fait regretter

de ne pouvoir profiter des chemins encore clairs du mois d’août.

Je ne pensais pas que le jardin si généreux

pouvait me rendre tellement malade.

 

Je gardai les yeux clos tant que dura le jour.

Et ce fut tout.

 

Voilà.

C’est par une indigestion de pommes vertes

que j’ai appris à devenir sage

avant que d’être grande.

 

Géraldine Andrée

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Un foyer

Un foyer

où l’on entend
crépiter 
le feu 
dans la nuit,

tinter
les notes 
de la pluie
sur les tuiles,

craquer les feuilles 
sous les souliers
de l’ami
qui passe le seuil…

Un foyer dont le couloir
se constelle
des pétales
des promenades,

dont miroirs
et tableaux
conversent
en silence

pendant qu’on mange
parmi les hautes herbes,
là-bas, à la lisière
de la clairière

et qu’on songe
chacun
en son secret :
Qu’est-ce

qu’ils se racontent
donc,
Louise
et le miroir

entouré
de perles ?
Qu’importe !
Cela ne nous regarde pas !

Un foyer qui rutile
au soleil
quand juin met fin
à l’école,

dont les ustensiles
brillent
au réveil
dans la cuisine.

Un foyer
qui fleure bon
la lavande
que tu recueilles,

le miel
du marché,
la mie chaude
du pain

que tes mains
enveloppent
dans du linge
blanc

comme si c’eût été
un nouveau-né
dans ses langes
et que tu apportes

avec la carafe
de vin clair
pour le signe de croix
du dimanche.

Un foyer
dont la pendule
prend tout son temps
au-dessus

de la crédence,
bat la mesure
avec confiance
en la seconde suivante.

Un foyer
où il ne peut rien
t’arriver,
où la vie

touche
tout ce qui rit
et bouge
avec des gants de soie.

Ce foyer,
j’y retourne
encore une fois
ce soir.

C’est
ma mémoire.

Géraldine Andrée