Bienvenue sur mon site d'écrivain biographe, de biographe familiale, d'écrivain privé, de coach littéraire et d'écritothérapeute en Lorraine, en France et ailleurs ! Vois comme elle est belle, mon ami, la Vie ainsi écrite !
Elle a rendez-vous avec Elle, ce soir, sous la lampe, à côté d’une bonne tasse de thé. Elle a rendez-vous avec Celle qui vient de très loin, depuis l’enfance, et qui a voyagé sur longues lignes noires pour être là, dans cette chambre. Dès qu’elle La rencontre, c’est comme au temps jadis, quand les feuilles servaient de refuge secret, mais cette fois-ci, l’intimité est devenue autre : c’est elle qui, avec la clé, se tient sur le seuil pour recueillir Ses confidences. Elle sourit au récit de Ses histoires qui semblaient si importantes – jusqu’à aujourd’hui. Elle pleure devant Ses peines. De temps en temps, elle s’exclame : Pauvre petite ! Puis, en séchant une larme qu’elle sent poindre à travers un mot, elle Lui dit : Voyons ! Ce n’est pas si grave ! Tu vois, la Vie continue ! On vieillit ! Elle Lui donnerait bien des conseils mais le temps a fait son œuvre : Elle a déjà beaucoup appris. Seule l’expérience aide à comprendre… Elle est contente d’être face à son Alter Ego qui lui montre qu’elle a changé, sans abandonner sa vérité. Elle est ravie, vraiment, de retrouver Celle qu’Elle était. Alors, elle ferme son journal de jeunesse et dans le silence qui l’envahit, elle se sent accompagnée.
Lorsque je vis si intensément que j’en oublie d’écrire, je sais que l’écriture est là, malgré tout, avec son encre à la source de qui je suis.
Et lorsque viendra le temps de me reposer, je pourrai reprendre mon cahier Blueday afin d’ajouter aux épisodes passés la goutte et la note de l’instant présent, faire paisiblement le point.
J’entrerai dans le silence de la page comme dans une maison qui m’aura attendue depuis longtemps. Chaque carreau de la ligne sera une fenêtre ouverte qui m’offrira le plus juste regard sur le monde.
L’écriture est ce pays où je reviens toujours après avoir vécu.
J’ai relu le journal intime que j’ai tenu dans l’ancienne maison. J’ai été surprise par l’encre toujours bien nette, toujours bien vive de mes phrases et j’ai retrouvé comme de vieux amis des mots comme « véranda », « platane, « chat », « jardin », des expressions aussi telles que « l’heure mauve dans ma chambre », « l’aube aux lisières », alors que toutes ces choses ont disparu depuis longtemps et qu’il ne subsiste aucune preuve de leur existence, sinon la trace de leur passage dans la neige éternelle de la page et qui me mène à un espace de silence que je me crée dans le temps d’aujourd’hui pour mieux me souvenir…
Le plaisir de traverser la forêt puis de rentrer, d’ouvrir son carnet, et, les doigts encore transis, de noter tout ce que l’on a rencontré, l’animal errant, la brindille, la tige dépouillée et la trace de son pas tranquille dans la terre mouillée.
Je suis fière de tenir un journal depuis mon adolescence, d’écrire tout ce qui m’arrive. Je me vois offrir par la page un contour, un territoire, une existence comme lorsque, si discrète et effacée à l’âge d’onze ans, j’ai sorti du buisson et pris fermement entre mes mains ce chaton sauvage que toute la famille a ensuite adopté. J’éprouve le même sentiment de force, d’influence sur les événements car j’ai le pouvoir de saisir et de tenir avec certitude la vie grâce à mes mots, comme le petit chat d’autrefois.
Elle a commencé un journal intime Et un cahier de poésie à l’adolescence. Elle se souvient que les crampes des premières menstruations tenaillaient son ventre alors qu’elle écrivait ses poèmes. Une lunaison pour un cahier plein… Le soir de la pleine lune blanche, L’œuvre, aussi maladroite fût-elle, était menée à terme, Bien qu’il parût évident Qu’elle demeurait encore un peu une enfant. C’est ainsi. Son sang a toujours accompagné son encre Jusqu’à chaque page ultime, Jusqu’à la signature un peu timide De ses recueils disparus aujourd’hui,
Géraldine Alias Maureen,
Que seule ce soir La lampe de sa mémoire Souligne d’or Et lui destine.
Que faire de ces quelques feuilles détachées que le vent de la vie peut emporter si loin des yeux ? Comme je n’ai pas de réponse, je prends du fil bleu et je recouds ces feuilles ensemble.
De la cicatrice de leur déchirure, je fais une reliure, une histoire qui commence, un cahier éclos à fleur de silence.