Nulle promenade
aujourd’hui
Je veux seulement
à la lueur
de ma bougie
retrouver
dans l’anthologie
de mon enfance
ce poème
que j’ai tant aimé
jadis
et qui me regarde
entre deux feuilles
qui lui ressemblent
Géraldine Andrée
Nulle promenade
aujourd’hui
Je veux seulement
à la lueur
de ma bougie
retrouver
dans l’anthologie
de mon enfance
ce poème
que j’ai tant aimé
jadis
et qui me regarde
entre deux feuilles
qui lui ressemblent
Géraldine Andrée
Tout cela pour vous dire ceci :
Parce que l’on a écrit notre vie, on peut Vivre !
Géraldine Andrée
J’aimerais que ma vie soit un long week-end.
J’approcherais mon visage de la flamme
après m’être baignée dans mon âme
puis je baptiserais d’un poème
chaque goutte d’eau
qui constellerait ma peau.
Un rire dans son éclat
m’emporterait vers une existence
où l’on ne meurt pas.
Et au moment de m’endormir
au creux de l’enfance,
un rêve accrocherait des ailes
à mon dos
pour que la joie qui se termine
recommence aussitôt.
Le temps, alors,
serait largement ouvert
comme un bras de mer
qui me bercerait
sans que sa force ne m’étreigne…
J’aimerais que ma vie soit un long week-end.
Géraldine Andrée
Le plaisir
de traverser la forêt
puis de rentrer,
d’ouvrir son carnet,
et, les doigts encore transis,
de noter
tout ce que l’on a rencontré,
l’animal errant,
la brindille,
la tige dépouillée
et la trace de son pas tranquille
dans la terre mouillée.
Géraldine Andrée
L’air est léger.
Le jour laisse traîner une mèche
de lumière rousse
sur le trottoir.
C’est un temps
à se raconter des histoires,
un beau temps
pour s’acheter un livre.
Justement ! Voici la petite librairie
À la fenêtre des mots
qui fait l’angle
de la rue Perrault !
Aussitôt la porte ouverte,
tinte la clochette
qui fête
ta présence.
Tu entres.
Le libraire t’envoie
un sourire
de son comptoir.
L’ombre est bleue
depuis que tu as quitté le soleil
et tu clignes un peu
des yeux.
Mais l’éblouissement
ne dure pas longtemps.
Que de livres
t’accueillent !
Un conseil,
peut-être ?
Tu préfères
regarder,
laisser
la rencontre
se produire,
l’œuvre
précéder
ton désir.
Choisiras-tu ce papier
qui crépite ?
Ce titre
aussi long
qu’une promenade ?
Cette quatrième
de couverture
qui te destine
à tant d’aventures ?
Ou un recueil de poèmes ?
Puis, voici le titre
qui te donne
des envies
de rire et d’orangeade,
Le trottoir au soleil
de Philippe Delerm.
En un clin d’oeil,
tu l’achètes comptant.
Le libraire
te l’affirme :
-Cela va vraiment
vous plaire !
Tu retrouves
sur tes pas
la mèche
rousse du jour
en un ultime
tintement
de clochette.
Dans ton regard,
se reflète
encore
le sourire
du libraire.
Toute la rue bruit.
La pétarade
d’une moto
éclate.
Mais tu feuillettes
déjà
chaque page,
tu t’échappes
dans le silence
du texte,
et tu disparais
pour toi-même
en portant
sur ton cœur
la légère pesanteur
du bonheur.
Géraldine Andrée
Depuis le temps que je le désirais, ce silence au coeur de la nuit, le voici !
J’allume la lampe nouvelle.
La maison est calme.
Dans sa paix se mire mon âme.
C’est un instant précieux que celui de voir luire l’encre bleue sous l’ombre de ma plume qui s’allonge pendant que ma main avance dans le blanc.
J’écrirai chaque soir où le noir de cendre tente de recouvrir le feu.
J’irai à la poursuite du mot Rêve qui me fait signe
et dont le point d’or cligne devant mes yeux.
Je déposerai mon souffle sur la feuille qui, déjà, me porte
et m’emporte
vers ce message qui m’attend.
Géraldine Andrée
Je souhaite réserver ce post à un support unique : le cahier à clé. On le juge désuet et, pourtant, c’est ainsi que l’on représente dans l’imaginaire collectif le journal intime. Démodé et éternel, le cahier à clé est un refuge efficace, un asile rassurant pour la découverte de soi. Dans ce cahier, tout ce que vous écrivez vous est exclusivement réservé et interdit au regard extérieur ; d’où l’importance de l’adjectif intime qui caractérise le journal. Vos pages ne s’adressent qu’à vous-même. La clé donne à vos écrits ce côté secret qui préserve votre territoire psychologique et émotionnel de l’intrusion d’autrui.
Je me souviens avoir acheté mon premier journal intime à l’âge de quatorze ans. Je revois sa reliure fleurie, sa petite serrure et sa fine clé dorée. J’étais fière de posséder un espace enfin à moi. Je me réappropriais mon pouvoir. J’excluais de ma chambre toute intrusion parentale et familiale. Mon cahier était devenu une autre chambre, “une chambre à soi” comme le dit Virginia Woolf. Je le fermais dès le dernier mot et je cachais la clé dans le tiroir de ma table de nuit. Je n’appartenais plus aux autres. Je ne me sentais plus si effacée, inutile, transparente. J’avais la force d’une voix pour moi – la mienne. Je possédais une richesse que nul ne pouvait me dérober et qui consistait en la faculté de me confier quotidiennement à la page.
Grâce à cette clé, je commençais à cerner mes limites, à distinguer ce qui m’appartenait et ce qui ne m’appartenait pas dans les jugements que les autres portaient sur moi. Un seul mot et je dessinais les contours de mon identité dont je n’avais eu jusqu’à cette découverte qu’une conscience flottante. Je parlais pour moi ; je m’adressais à moi sans témoin. Je devenais l’auteur de ma vie d’adolescente puisque je pouvais me délester de mes peines et parler de mes rêves pour les concrétiser un peu plus chaque jour. Je partais à la conquête de moi-même.
Pourquoi ce petit récit ? Pour vous montrer que, peu importe le regard des autres, c’est le vôtre qui compte.
Aussi, choisissez votre cahier non pas parce vous voulez bien y écrire mais parce que vous vous sentirez bien en y écrivant – et surtout en sécurité, inconditionnellement accepté par la page et donc par vous-même.
Le cahier à clé est particulièrement indiqué si votre entourage est constamment présent, vous sollicite beaucoup et si vous avez peu d’espace à vous. Il est alors nécessaire de protéger ce que vous écrivez car le but de votre voyage est l’exploration d’une contrée singulière, unique : votre être.
Et même si vous vivez seul, la clé de votre cahier peut être riche symboliquement pour votre inconscient. Elle peut représenter le seuil à franchir de l’extérieur à l’intérieur de votre être, du monde à votre âme. Le cliquetis de la clé qui fait céder la serrure, le balancement de la chaînette vous rappelleront peut-être une porte qui s’ouvre.
Alors, posez chez vous – dans votre journal – vos bagages trop lourds, vos jugements, vos croyances, les faux habits qui vous empêchent d’avancer librement parce qu’ils vous serrent trop. Vos pas se font légers. Vous pouvez maintenant avancer !
Géraldine Andrée
Je suis allée
dans le jardin
écrire
à l’heure
de la rosée
Et quand
je suis rentrée
dans ma chambre
les yeux
bleus
de mes mots
pleuraient
Géraldine Andrée
Tenir un journal
d’instants précieux
Tel est mon désir
en l’an deux-mille-vingt
Me sentir bien
à chaque instant
pour que chaque instant
soit un bien
Me sentir présente
à chaque instant
pour que chaque instant
soit un présent
J’aime
les instants simples
Ils sont pour moi
des gemmes dans le jour
Ces instants
ont la valeur
des étincelles
des pierres
le long
de ma promenade
Je les appelle
les instants émeraude
Que dans un instant
tombé
se reflète l’aube
de l’instant suivant
Que chacun
de mes pas
soit
un instant
qui se fait perle
sur mon chemin
Géraldine Andrée
Si l’on me demandait
quelle est la couleur
de l’instant
je dirais bleue
comme le soir
qui annonce
la rencontre
entre soi
et l’encre
Géraldine Andrée