Publié dans Art-thérapie, Poésie-thérapie

Les notes de la fillette intérieure

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Retour à la maison natale : un rêve doux et nostalgique

Le retour

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La petite fille

C’est un beau matin de vacances.
Sur le sentier de mon carnet,
qui vois-je soudain apparaître ?
Une petite fille qui me ressemble

trait pour trait :
l’écriture.
Elle me prend par la main
et m’emmène,

aussi légère qu’une plume :
Viens ! Allons jouer !
Ensemble,
nous sautons dans des flaques

d’encre et qu’importe
l’éclaboussure
du mot qui nous regarde
passer…

Nous enjambons une ligne interdite
pour nous ébattre
dans l’espace blanc d’une plage unique :
la page.

Nous courons vers une aile
aussi frêle qu’une majuscule
et qui virevolte
pour ne pas se laisser attraper.

L’écriture me dit en riant :
J’ai une nouvelle idée !
Vois-tu cette phrase là-bas ?
Si nous allions danser !

Et nous voici les cavalières
de cette vague
qui nous emporte
si vite

sur sa crête
que nous perdons haleine…
Temps, prête-nous
la virgule de l’un de tes instants

pour que nous puissions reprendre
notre souffle !
C’est ainsi
que nous nous approchons

de l’infini,
en dépassant les lisières
d’un rivage
bien trop connu

– notre esprit -,
et que nous pouvons enfin
nous étendre,
nous reposer,

étoiles
sur le courant,
juste avant de voguer
un peu plus loin,

moi confondue
avec Elle,
l’écriture,
ma fillette…

Nos deux rêves
mêlés
ne forment plus
qu’un point

minuscule
au large…
L’océan
nous happe,

nous fait
ondoyer,
basculer,
tournoyer,

disparaître…
En nous effaçant,
enlacées
dans notre liberté,

nous avons renversé
l’encrier
et la page
est devenue

Ciel.

Géraldine Andrée

Et vous, comment vivez-vous vos expériences d’écriture, de peinture, de composition – de création en général ? Votre créativité est-elle mouvement ou immobilité ? Contrôle ou lâcher prise ? Humilité ou grandeur ?

Vous pouvez me confier vos expériences en commentaires ! Un petit atelier d’artiste peut ainsi être créé en ligne sur ce site d’écritothérapie et nourrir des échanges fructueux pour cette nouvelle année 2024 !

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Quand l’enfant intérieur paraît

Géraldine Andrée

Photo de Kat Smith
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Les lettres de l’enfance

Ce jour qui était écrit
est arrivé.
La valise est prête.
Dedans, ont été rangés
la robe de printemps
au col ouvert
comme une corolle,
le maillot de bain
bleu uni
en une seule pièce,
la collection de barrettes,
un sachet de sucettes
multicolores,
Le Petit Prince
de Saint-Exupéry,
du papier à dessin,
des feutres
et la poupée Annie.
Mon enfance s’en va
pour des vacances
qui dureront
toute une vie.
Mais mon enfance
me dit :

« Je t’écrirai des lettres
où je te raconterai
comment j’ai sauté
dans la vague,
comment j’ai accroché
toutes mes barrettes,
tels des papillons,
sur mes mèches
de soleil,
comment j’ai partagé
mes sucettes
avec une amie
plus petite
que moi,
comment j’ai maquillé
avec mes feutres
le visage d’Annie
pour les noces
de l’astre
et de la rose
et comment ma robe
en corolle
annonce
d’autres
métamorphoses.

Ces lettres,
je te les enverrai
pendant toute
ton existence
pour que tu n’oublies pas
que j’existe,
pour que tu saches,
malgré les épreuves,
comment vivre
et pour que tu en fasses
un grand livre
de dons
et de grâces
dédié au jour
ultime. »

Géraldine Andrée

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La cachette

Nulle promenade
aujourd’hui
Je veux seulement
à la lueur
de ma bougie
retrouver
dans l’anthologie
de mon enfance
ce poème
que j’ai tant aimé
jadis
et qui me regarde
entre deux feuilles
qui lui ressemblent

Géraldine Andrée

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Lettre à l’enfant intérieur

Beaucoup d’entre nous ont abandonné leur enfant intérieur.
C’est comme si, préoccupés par les exigences de la vie, ils l’avaient oublié dans un orphelinat ou un pensionnat.

Et si nous lui écrivions, par cet après-midi d’hiver, une lettre d’invitation pour de grandes vacances ou un long séjour ?
Prenons du beau papier à lettre.


Écrivons sur l’en-tête son prénom (le mien est Angello).

Cher Angello, mon enfant,

Premièrement, demandons-lui pardon de l’avoir délaissé. Expliquons-lui les raisons, très sérieuses et cependant fausses, de notre conduite envers lui. Faisons amende honorable.
Puis, annonçons-lui en majuscules de couleur que nous serions très heureux de le serrer à nouveau sur notre cœur.
Décrivons-lui sa maison, la chambre où il pourra, comme autrefois, continuer à faire des rêves.
Proposons-lui des activités insouciantes.

Que veux-tu, Angello ?
Que l’on reprenne notre collection de coquillages ?
Que l’on chausse de hautes bottes pour marcher dans les feuilles mortes ?
Que l’on donne un sobriquet à chaque nuage qui passe ?
Que l’on saute dans les flaques ?
Que l’on modèle des visages avec de la pâte tendre ?
Que l’on colle de grands posters dans ta chambre ?
Que l’on achète un large chapeau de magicien ?
Que l’on dénoue le sachet de billes sur le tapis ?
Que l’on appelle une fée si tu as la fève ?
Que l’on danse jusqu’à perdre le souffle ?
Que l’on se perde avec plaisir dans les buissons ?
Que l’on fasse une fugue au clair de lune ?
Que l’on contemple jusqu’à minuit la voûte céleste ?
Que l’on écrive un message ensemble sur la buée de la fenêtre ?


Adressons-lui une liste de propositions qui lui semblera infinie.
Traçons sur notre lettre un long chemin de découvertes.

Nous verrons peut-être se raviver dans le reflet de l’encre des cauchemars que nous avons refoulés. Dans ce cas, promettons à l’enfant d’être là, et de l’aider au matin à dessiner ce terrible dragon pour que ce dernier sorte de lui et qu’ainsi, à jamais figé sur le papier, il ne l’embête plus.

Je t’ai acheté, Angello, une myriade de confettis, des guirlandes, du papier doré qui bruit.
Toutes les choses agréables de jadis t’attendent
car après toute cette vie, tu n’as pas grandi.


Enfin, signons la lettre de notre nom de père ou de mère.
Notons notre adresse sur l’enveloppe
puisque c’est à cette adresse que se situait l’orphelinat ou le pensionnat
qui redeviendront une vraie demeure
pour notre enfant intérieur.
Le cachet de la poste fera foi.

Géraldine Andrée

Écrivons une lettre à notre enfant intérieur !





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La plume délivrée

Voilà.

Vous avez mis tout votre coeur, toute votre âme dans l’écriture de ce roman, de ce recueil de nouvelles ou de poèmes et, ce matin, vous recevez une lettre de refus de l’éditeur sur lequel vous aviez fondé tous vos espoirs. Pire parfois : cet éditeur ne vous répond pas, ne vous répondra jamais, comme si l’enfant auquel vous avez patiemment donné naissance n’avait jamais existé.

Alors, votre blog est immédiatement abandonné. Votre cahier de poésie se referme. Votre plume est emprisonnée dans son étui. Vous vous jurez de ne plus jamais écrire.

Pourtant, ce refus cinglant ou cette indifférence méprisante ont plusieurs raisons.

Votre oeuvre, objectivement, peut très bien – comme il arrive que le notifie honnêtement l’éditeur – « ne pas appartenir à la ligne éditoriale ». Communément, ce n’est pas le genre de la maison.

Ce refus ne représente pas la qualité de votre travail. Celui-ci ne touche pas la subjectivité de ce lecteur si particulier qu’est l’éditeur. Il s’agit donc d’une simple question de goût – très discutable, voire versatile, je vous le concède.

Il est, de plus, des maisons d’édition qui n’ont absolument pas les moyens de vous éditer, même si votre style est brillant. Publier un livre par an requiert déjà, pour elles, une prouesse.

Enfin, il est des maisons complètement fermées et, quoi que vous fassiez, quelle que soit la manière avec laquelle vous affinez votre style, les portes ne s’ouvriront jamais. C’est ainsi. Il vous faut l’accepter sans vivre ce refus comme un rejet.

Ce qui est sûr, c’est qu’un refus n’a souvent rien à voir avec la valeur de votre écrit. Julia Cameron s’est heurtée à l’antipathie de tous les éditeurs lorsqu’elle leur a présenté son futur best-seller Libérez votre créativité 1. Elle n’a, néanmoins, pas perdu confiance en elle et elle a publié son oeuvre de manière totalement indépendante, à compte d’auteur. Le livre s’est vendu et se vend encore à des millions d’exemplaires. Il connaît un immense succès mondial.

Ce qui est certain, c’est qu’un refus n’a rien à voir avec votre valeur intrinsèque liée au seul fait que vous existiez. Et puisque vous existez, vous avez le droit absolu de vous exprimer.

Demandez-vous pourquoi vous écrivez.

On peut écrire d’abord pour soi, pour voir clair, pour mieux mener sa vie, pour se libérer du passé, s’inventer un avenir, tracer son propre chemin… Ces raisons sont tout aussi importantes que la raison qui vous pousse à vous faire connaître en envoyant votre manuscrit à une maison d’édition.

Dans mon cas, l’écriture m’a permis de me détacher du regard de l’autre par le biais de cette mésaventure que je vais vous raconter.

Très jeune femme, j’ai mis tout mon coeur, toute mon âme dans l’écriture d’un conte dit « spirituel ». J’ai envoyé mon travail avec confiance à un éditeur dont je tairai le nom. La foi m’habitait : le directeur de la ligne éditoriale ne pouvait qu’aimer mon histoire d’amitié avec un ange. La réponse m’est arrivée au bout de six mois, si humiliante, si cinglante, si injuste à mes yeux que je me suis condamnée au silence. J’ai complètement arrêté d’écrire pendant deux longues années. C’est durant cette période de jachère que des rêves riches et multicolores ont constellé mes nuits. Au cours d’une discussion avec un ami lors d’un après-midi d’été, il me fut suggéré de noter mes rêves dans un carnet pour m’exercer à m’en souvenir, pouvoir les analyser plus tard et voir comment ils construisaient dans mon sommeil ma réelle identité.

J’ai acheté, après beaucoup d’hésitations et de répétitions de « A quoi bon ? », un carnet neuf, et, au fil de l’encre, j’ai retrouvé le goût du détail, de la description. La couleur d’un jardin contemplé de l’autre côté m’invitait à chercher un adjectif approprié à mon ressenti, la respiration d’une feuille écoutée au coeur de ces nuits me guidait vers la rencontre d’une métaphore. Je me suis abandonnée à l’élan du stylo. Des ailes m’avaient poussé. Mes rêves nocturnes m’avaient fait renouer avec le grand rêve de ma vie : l’écriture.

Depuis, je n’ai plus jamais quitté la page. L’écriture m’accompagne partout. Elle est l’ange fidèle que j’ai reconnu dans mon conte refusé et qui m’a appris à ne plus faire dépendre la perception de ma valeur du regard d’autrui, fût-il celui d’un célèbre éditeur de Paris.

Alors, remettez-vous à écrire.

Entre le silence blessé et l’obtention du prix Goncourt, il y a la voie du juste milieu, du chemin vrai pour vous : écrire aide à vivre.

Sur le rejet de votre enfant, écrivez. N’y ajoutez pas l’abandon. Ecrivez pour aller vers sa guérison.

Remettez-vous à mal écrire, même, puisque c’est ainsi que vous vous jugez. En effet, comme le dit Julia, les mauvais écrits d’aujourd’hui font les oeuvres réussies de demain 2.

Et vous en avez également le droit : n’écrivez pas, si telle est votre envie. N’écrivez pas, mais la raison ne doit pas en être le dépit. N’écrivez pas. Cela ne fait rien. Ce n’est pas parce que la page demeure blanche que rien ne se murmure en vous. Il est temps, tout simplement, pour votre âme de s’exprimer autrement jusqu’à ce que vous vous remettiez à écrire, riche de vos moments vécus.

Remettez-vous à écrire, ne serait-ce que sur la redécouverte de votre blog, la page tournée de votre cahier ou sur le changement de couleur de votre encre signalant votre résilience.

Remettez-vous à écrire cette phrase : « Je ne laisserai plus jamais le jugement d’autrui détourner le cours de ma vie. »

Remettez-vous à écrire, ne serait-ce que pour avoir le plaisir de vous relire plus tard et de réécrire vos pages, car votre oeuvre évolue comme votre être. Mieux : votre être fait évoluer votre oeuvre et votre oeuvre fait évoluer votre être. Vous êtes comme vous écrivez. Vous écrivez comme vous êtes. C’est bien ainsi. C’est ce qu’on appelle « un style », au naturel.

Vous vous apercevez alors que votre plume délivrée vous fait aller toujours plus loin que les refus et qu’elle n’a même plus besoin d’un quelconque désir d’approbation pour vous emmener vers le mot juste pour vous.

Géraldine Andrée

1 Julia Cameron, Libérez votre créativité, Osez dire oui à la vie ! Collection Aventure secrète, 1992
2 Ibid